Les Kapparot de Bné Brak

A la veille de Kippour, à Bné Brak, la ville orthodoxe près de Tel-Aviv, à même la rue, des marchands ont installé leurs cages à poulets.

C’est la coutume des kapparot. On prend un coq pour les hommes et les garçons, une poule pour  les femmes et les petites filles que l’on fait tourner  trois fois autour de la tête en récitant une prière qui demande le rachat des fautes ou plus exactement le transfert des fautes  sur le coq ou la poule. Puis, toujours au beau milieu de la rue, le sho’het, l’abatteur rituel égorge le poulet. Le poulet ou sa valeur monétaire est donné aux pauvres.

La racine de kapparot, est la même que celle du jour de Kippour. Kapar, en hébreu כפר  expier, expiation.

Pourtant, cette tradition des kapparot est de moins en moins suivie. D’abord parce que de nombreuses sommités rabbiniques ont de tous temps décrié cette coutume, à l’origine probablement païenne, coutume qui n’est pas rappelée dans le Talmud, ni dans les autres écrits fondamentaux du Judaïsme. Ses réserves s’expliquent aussi en raison des questions de cacherout, le poulet égorgé à la va-vite l’est-il vraiment dans les règles scrupuleuses de l’abattage rituel, pour des questions d’hygiène et aussi par souci de ne pas faire souffrir l’animal de plus la veille du jour où chaque Juif demande le pardon de ses fautes.

Et surtout, parce que la coutume qui s’est répandue, est que le rachat des fautes peut tout aussi bien se faire en donnant de l’argent.

Mais à Bné Brak, les vendeurs de kapparot font des affaires. Des dizaines de bambins grimpent partout pour mieux voir. C’est l’évènement dans le quartier. Les familles arrivent avec leurs bambins et leurs aieux, en priant avec ferveur que le coq prenne sur lui toutes les fautes de l’année. J’ai même vu un mari faire les kapparot à sa femme enceinte – à mon regret, elle n’a pas accepté d’être photographiée,  avec trois poulets, un coq si le bébé est un garçon, une poule si c’est une fille, et une autre poule pour elle.

Et si vous n’êtes pas à Bné Brak ces jours ci, j’ai pris pour vous, chers internautes, amis de mon Blog, quelques photos.

bne brak 2013

Les enfants grimpent partout pour voir la cérémonie des kapparot et de l’abattage rituel
Les cages à poulets à même la rue
Les cages à poulets à même la rue

 

 

Le Mikvé réinventé

Le Mikvé de Rotem Bitton – juillet 2013

Et si l’on réinventait le Mikvé. L’esthétique, les couleurs, les matériaux, l’architecture de ce lieu emblématique de la vie de la femme juive à travers les temps.

Selon la loi juive, une femme doit sept jours après la fin de ses règles se tremper dans le bain rituel avant d’avoir des relations  intimes avec son mari. En Israël, non seulement les femmes religieuses, mais de plus en plus de non pratiquantes fréquentent le  Mikvé. Phénomène de société qui en tant que tel, interpelle.

Ce lieu, tout à la fois majeur, mystérieux, ancestral, religieux, sensuel et aussi parfois désavoué, a de tous temps fasciné.  Aujourd’hui, ce sont les étudiants en architecture et design du ” College of Management” qui réinventent le mikvé. Une démarche qui confére au bain rituel une nouvelle dimension qui va bien au delà de l’esthétique. Ce projet artistique novateur a aussi l’intérêt d’avoir été mené en coopération étroite  – et rare pour l’académie israélienne – avec les autorités religieuses.

Pour Carmela Yaacobi  Wolf, directrice du département, l’objectif est de créer une communication entre les espaces publics de demain et les étudiants en architecture intérieure. Et pour que cette communication ne soit pas théorique, une collaboration s’imposait. Une concertation que le rabbinat veut même aujourd’hui concrétiser. ” Dans la construction des prochains mikvé, nous prendrons en compte les travaux de certains étudiants. C’est un regard nouveau, créatif, innovant.”

Et mes deux conclusions. Un, certains rabbins de l’orthodoxie savent oser. Deux, si ces modèles sont bel et bien construits, le Mikvé se fera un peu plus convaincant et séduisant.

Carmela Yaacobi Wolf, directrice du département de design

 

Le Mikvé d’Assaf Ohayon – juillet 2013

 

Le Mikvé de Liat Pinto – juillet 2013
Le Mikvé de Reut Levy – juillet 2013

 

Tout ce que vous auriez aimé savoir sur Naftali Bennett

 

Que l’on soit à gauche ou à droite de l’échiquier politique israélien, que le nouveau ministre israélien de l’industrie et  numéro un du ”Bait Hayeudi”, le Foyer Juif, suscite l’admiration, l’appréhension ou la colère, chacun s’entend pour qualifier l’arrivée de Bennett sur la scène politique israélienne avec celle de Yair Lapid,  comme un des phénomènes majeurs des législatives 2013. Jouissant d’ancrages profonds dans la société israélienne, incarnant  les aspirations  de beaucoup de jeunes  –  le retour aux sources juives, un judaïsme modéré et conciliant, un dialogue entre religieux et laïcs, une méfiance combattive face aux Palestiniens –  le jeune homme timide de Haïfa, devient un des hommes forts du 33è gouvernement d’Israël.  Voici donc résumé quelques données ” que vous auriez aimé savoir ” sur Bennet.

Naftali Bennett est né le 25 mars 1972 à Haïfa.

Ses parents

Bennet est le cadet d’une famille de trois enfants. Asher, homme d’affaire installé en Grande Bretagne et Dan, expert-comptable dans une grande société israélienne. Ses grands-parents maternels et paternels d’origine polonaise et allemande ont immigré aux Etats Unis avant la deuxième Guerre mondiale, et une partie de la famille restée en Europe a péri dans la Shoah.

Immigré des Etats-Unis, de San Francisco, en 1968, ses parents se sont installés à Haïfa. Après plusieurs misions aux Etats-Unis et au Canada, son père a fait fortune en achetant et revendant des terrains immobiliers. Sa mère était secrétaire de l’association des immigrants d’Amérique du nord.

Ses parents habitent aujourd’hui une villa spacieuse dans l’élégant quartier de la rue Freud de Haïfa

A l’origine laïque, la famille s’est progressivement rapproché de la tradition et les enfants Bennett dans une école religieuse ouverte de Haïfa où garçons et filles étudiaient côte à côte, contrairement à la majorité des écoles religieuses en Israël.

La famille de Bennet a toujours voté à droite, Thria; un ancien parti situé à droit du Likoud, la bourgeoisie immigrée des Etats-Unis, très sioniste et nationaliste, très intellectuelle, avec une bibliothèque immense, qui occupe le centre de la maison familiale. ” Les lettre de Yoni Netanyaou, le célébre livre du frère de Benjamin Netanyaou était son livre de chevet.”

L’adolescence

Bennett était membre très actif dans le mouvement de jeunes religieux, Bné Akiva.

Tsahal

Naftalie Bennet doit une partie non négligeable de son image de marque auprès de la jeunesse à son service dans , une des unités d’élite de l’armée israélienne

L’argent et la high tech

Bennet doit aussi son ancrage au sein de la jeunesse israélienne à son passé de génie de la high tech. Il avait en effet réussi un exit spectaculaire en vendant pour 145 millions de dollars à  à des investisseurs américains, Cyotta, une start up créée avec quatre copains – dans un jardin public de Jérusalem !! – et spécialisée dans la lutte anti-fraude sur le Web . Selon les rumeurs, Bennett aurait personnellement gagné quelques 4 à 5 millions de dollars de cette affaire.

La direction du Conseil de la Judée et Samarie

En janvier 2010, Bennett a été nommé directeur du Conseil de la Judée et Samarie. Selon l’équipe dirigeante du Conseil, des conflits politiques ont très vite éclatés entre Bennett et la direction du Conseil. Bennett parlait marketing, high tech, voulait lancer un modèle de modernisation du concept des implantations et s’opposait aux ”durs”. Ce décalage idéologique d’alors permet de comprendre aujourd’hui les critiques contre Bennet dans les milieux de la droite.

Ses opinions politiques

  • Si l’on en croit ses déclarations à la presse, Bennet veut garder sous le contrôle d’Israël presque 90 % du territoire de la Cisjordanie
  • Après l’assassinat d’Itshak Rabin, il a ôté quelques mois sa kippa
  • Sur l’évacuation d’une implantation, Bennett a déclaré dans un entretien télévisé qu’il ne pourrait pas exécuter un tel ordre, avant de revenir sur ces appels à la désobéissance et de rectifier le tir en déclarant “un soldat doit obéir aux ordres.”
  • Il a toujours parlé de la nécessité de lutter contre les monopoles, contre la cherté de la vie. Aujourd’hui ministre, prouvera t-il sa capacité à réaliser ce programme .

Sarah Netanyaou

Les relations houleuses entre Sarah Netanyaou et Naftali Bennett ne sont un secret pour personne, et ce bien avant le début de la carrière politique de l’ancien collaborateur de Benjamin Netanyaou. Selon les cancans politiques, Bennett aurait été limogé du bureau du Premier ministre en raison de ses accrochages répétés avec Sarah. Bennett qui contrôlait alors l’emploi du temps de Netanyaou n’aurait pas pris en compte les désiratas de son épouse. Vrai ou faux? Compliqué de connaître la vérité. Mais Bennett lui même a prononcé une petite phrase pendant la campagne électorale. ” Moi et Sarah, nous étions ensemble dans un cours de la terreur…” Récemment les relations houleuses se seraient faites amicales, poste ministériel oblige…

Sa femme et ses enfants

  • Bennet a quatre enfants, deux garçons et deux filles. Le dernier a quelques mois, l’ainé,   huit ans
  • Le nom de l’aîné, Yoni lui a été inspiré par Yoni-Yonathan Netanyaou, frère de Benjamin Netanyaou, tué lors de l’opération d’Entebbe.
  • Il a rencontré sa femme Guila, de cinq ans sa cadette de moins  l’armée, alors qu’il effectuait une période de réserve et donnait des conférences devant les soldats.
  • Dans une interview à la deuxième chaine de la  télévision israélienne, Guila  s’est insurgé des potins, cuisine non cacher, et shabbat peu orthodoxe. Originaire d’une famille laïque, elle est progressivement devenue religieuse; “religieuse moderne, light” précise t-elle.
  • Elle aime la cuisine, gourmet, a même créé une usine de glace ”sans lait”, fermée rapidement par manque de rentabilité
  • Mais les desserts, et les mets gourmets sont sa spécialité et reste sa passion
  • En attendant, elle étudie  actuellement dans l’Institut Adler, spécialisée dans l’éducation informelle des parents.

Ses déclarations  célèbres

  • ” Mr Tibi,” s’adressant au chef de file du principal parti arabe israélien, “vous devez comprendre une bonne fois pour toutes, ces terres de la Judée et Samarie là sont à nous. A nous. A nous et à nous seulement.”
  • Un journaliste lui pose une question qu’il n’apprécie pas”Je ne répondrais pas à cette question”. Le journaliste insiste ” Yedidi, mon ami, je ne répondrais pas à cette question”
  • Quel est l’israélien par excellence, la réponse de Bennet ”Yair Lapid”  ( Makor Rishon le 15 mars 2013)
  • Ou aurait il vécu mis à part Israël ” Uniquement en Israël”
  • Que ferait il de 24 heures de liberté ” J’irais face à la mer avec plein de livres”
  • Quel est le moment le plus agréable de la semaine ” Le vendredi après midi, lorsque le stress de la semaine s’éloigne et laisse place à la sérénité du shabbat”.

Et pour bientôt chers amis, si je trouve quelques heures de liberté dans l’emploi du temps pré Pessah…. Tout ce que vous auriez aimé savoir sur Yair Lapid

Les dames orthodoxes à la Mer Morte

 

C’était il y a quelques semaines dans un grand hôtel sur les bords de la Mer Morte. L’hôtel avait  été réservé par une  yeshiva lituanienne de Bné Brak. D’énormes panneaux de bois plantés sur les graviers et plongeant dans l’eau, séparaient  strictement la plage en deux. A gauche, pour les hommes, à droite pour les  femmes. Une à une, ou en petits groupes, elles sont arrivées avec leur ribambelle d’enfants.

En quelques minutes, elles ont changé leur robe stricte et leurs bas noirs en longs peignoirs de bain colorés, leur coiffe sombre ajustée sur des perruques, en bonnet de bain fleuri. Leur air sérieux s’est métamorphosé en sourire jovial, les mots pesés en conversations coquines sur les maris-enfants-belle-mère-ménage et “cholent”  de shabbat.

Assises en rond, au bord de l’eau, flottant comme des ballons sur la mer de sel, ces dames  impénétrables, dures et tranchantes, étaient devenues drôles, charmantes et  accueillantes. A chacune, de s’étaler de la boue noire et gluante sur le visage et les bras, à d’autres de faire  la planche à plaisir les yeux fermés face au soleil sur l’eau  immuable, et d’autres encore à prendre en peignoir une douche glacée en riant aux éclats.

Une très vieille dame ridée avait un bonnet de bain blanc et un peignoir bleu en s’aspergeant avec délice d’eau salée – la mère du rabbin de la yéshiva, me dira t-on plus tard –  expliquait avec enthousiasme à ses filles, belles-filles, petites et arrières petites filles: ” Mes enfants, remerciez Dieu, mais merci Dieu, pour ce bain de sel. Mais regardez ce que Dieu a fait. Une mer de santé.”

Dans le hammam évidemment strictement réservé aux femmes,  dans l’opacité des  vapeurs et l’humidité du spa, les conversations se sont faites encore plus ouvertes. “Mes études, mon travail… oui mais bien sûr avant tout, mon mari, mes enfants, mais ma carrière…, ma gym…. mon temps à moi…. et une autre de poursuivre, pour le bien de la famille,  l’épouse et la mère de famille doit être heureuse, satisfaite, accomplie…”. Presque le discours des féministes des années 70.

Je l’avais remarqué et écrit d’ailleurs sur ce Blog. La femme orthodoxe israélienne – certaines en tout cas – ont créé un modèle très particulier de  révolution féminine.  Une révolution de l’intérieur. Attachées scrupuleusement à leur croyance  et à leur famille, souvent fer de lance du respect de  la tradition religieuse, elles ont créé tout à la fois un espace d’indépendance, de liberté et de créativité.

 

 

Ehud Banai et le Rav Frouman

Ehud Banai s’est rendu à Tékoa, en Judée, pour chanter avec le Rav Frouman. Le rabbin “rêveur”, pour qui le conflit israélo-palestinien, par essence religieux  doit se régler entre hommes de Dieu, entre rabbins et imams, souffre d’un cancer de l’intestin. La maladie, le corps qui ne répond plus, le bout du chemin, mais Frouman et son ami Banai, savent au-delà de la souffrance créer la magie. Cinq heures rares. Le célèbre chanteur compositeur, dans une yéshiva, avec sa guitare, ses amis, les amis et élèves de son ami rabbin pour une nuit de poésie, de prières, de cantiques, de chants, de danses et de musique.  

 

Une heure avec le Rav Sherlo

Le Rabbin Sherlo charismatique, éducateur, intellectuel, la quarantaine à peine dépassée est un des nouveaux leaders de la jeunesse religieuse sioniste. Sherlo avec d’autres rabbins, a fondé Tsohar, dans le but de renforcer le courant des «  kippas tricotées « , surnom, donné ces dernières années au courant du judaïsme religieux sioniste, volonté de se démarquer des « kippas noires «  des tenants du courant ultra orthodoxe.

Sherlo représente la nouvelle tendance des rabbins du courant religieux sioniste, qui au nom d’un pragmatisme induit par les événements, tient des discours modérés. L’objectif, calmer le jeu, éviter que les lignes de fractures déjà claires se transforment en plaies béantes.

Comme la plupart des rabbins de son courant, Sherlo tente d’éviter les aspects politiques. « Personne ne sait ce que sera la politique des gouvernements d’Israël dans les prochaines années. Est ce que Gaza n’est qu’un début, ou au contraire est ce que la présence israélienne en Judée et Samarie sera renforcée. Ce qui nous importe aujourd’hui est de redonner un sens, un contenu aux valeurs juives et de dire, après Gaza, nous devons continuer. »

 

Nous devons aussi encourager un dialogue entre religieux sionistes et laïcs. Nous devons par exemple pénétrer le système scolaire laïc,

enseigner dans des écoles laïques et non plus seulement dans des écoles religieuses,  nous devons apprendre à nous connaître, à se redécouvrir.   Nous devons être à la recherche d’un consensus .

New Family, New Ketouba?

Irit Rozenblum, avocate, dirige l’organisation New Family qui prône une libéralisation du mariage et l’institution du mariage civil. Sachant que j’étudie depuis quelques mois les lois du mariage juif et du divorce elle m’a transmis ce matin les résultats d’une enquête réalisée par son organisation.

“Une majorité de jeunes couples signent des contrats de mariage. Le  traditionnel contrat de la ketouba n’est plus suffisant pour faire face aux défis d’un couple moderne estime Rozenblum. Un avis partagé par 68 % des couples laïcs, 54 % des couples traditionnels et encore plus surprenant par 15 % des couples orthodoxes. Bien que les chiffres officiels n’existent pas,  nous estimons que près de 80 % des couples non religieux signent un contrat de mariage avant le mariage, contrat gérant les questions financières.

Certains contrats comportent même une clause, faisant référence à un éventuel refus de l’époux d’accorder le divorce, le guet. Le contrat garantit automatiquement ce droit pour protéger la femme du statut d’Aguna. Ce statut spécifique au droit juif est celui d’une femme qui ne peut se remarier en raison du refus du conjoint de lui accorder le guet ou si son mari a disparu sans laisser de traces.

J’explique à Rozenblum que cette clause divise le monde religieux.  Les tribunaux rabbiniques orthodoxes refusent pour l’heure une telle cause, alors que certains rabbins de la tendance sioniste religieuse l’accepte.

New Family s’attaque aussi au coût de l’inscription au mariage en Israël. Une entreprise financière fructueuse pour le rabbinat avec des revenus de près de 60 millions de shekels par an, 9.5 millions d’euros environ selon l’évaluation de New Family. Les frais d’inscription au mariage sont en Israël de 140 dollars, moins qu”en Autriche ( 180 $ ) mais nettement plus qu’en Grande Bretagne ( 57 $  ) qu’à Chypre, ( 88$  ) qu’en Allemagne( 53% ) , qu’aux Etats Unis ( 25 $  ) et bien sûr qu’en France où l’inscription au mariage civil est gratuite.

Le Rav Kook et l’arabe

100 ans de sionisme religieux, Avi Sagui et Dov Swartz – Editions de l’Université Bar Ilan, 1364 pages

 Cet énorme pavé, rétrospectif historique du sionisme religieux consacre plusieurs chapitres au Rav Kook.  Chef spirituel du sionisme religieux , le Rav Abraham Itshak Hacohen Kook, est né en 1865 à Griva en Lituanie. Il étude dans les grands centres talmudiques d’Europe de l’est avant d’immigrer en Israël en 1904. Elu premier grand rabbin ashkénaze de Palestine en 1921, il fonde en 1924 le centre talmudique du Merkaz haRav, devenu depuis la principale yéshiva des sionistes religieux.

 Le rav Kook

Pour le Rav Kook, le profane et le sacré sont étroitement liés et le rabbin s’oppose donc au monde ultra orthodoxe en appelant à un lien étroit et indicible  entre Tora, Peuple et Terre.  Opposé à la création d’un Israël laïc, c’est lui qui crée le concept en hébreu de l’immigration en Israël, Alya.

 Selon les auteurs de ce livre, le rabbin Kook se serait interessé à la culture du monde arabe et notamment  à la langue arabe.

Surfer en habit noir

HAREDIM WEBbh_logo LADAAT HAREDIM WEB

Décriée par les autorités rabbiniques,  la Toile fait de plus en plus d’adeptes auprès de la communauté ultra religieuse.  Les menaces virulentes des rabbins n’ont pour l’heure aucun effet sur la majorité des internautes orthodoxes.

Quelles seront les conséquences à long terme de ce succès ”interdit” ? Un jeune orthodoxe de 16 ans, étudiant brillant dans une grande yeshiva de Jérusalem me répond que le débat sur le web  virtuel, presque irréaliste est comme une bouée de secours pour mieux respirer dans un monde difficile. ” Contrairement à ce que dit le Rav de ma yeshiva, jamais le web ne m’entrainera à quitter la vie juive et à remettre en question ma fidélité à Dieu.”

Une jeune femme orthodoxe, étudiante en droit qui m’assiste dans les recherches que je méne sur les femmes orthodoxes pense que ” le web va changer la société orthodoxe. Des milliers de personnes  surfent et participent chaque jour à des forums sur des questions cruciales de la vie quotidienne, du droit personnel, de la vie des femmes, des finances, de l’éducation, le  web nous changera! “

 

 Selon les prestataires de service 30 % des orthodoxes en Israël surfent  sur le web. Si les milieux hassidiques et lituaniens, utilisent très peu le web pour chercher un conjoint, la méthode est devenue à la mode, chez les Loubavitch et dans certains milieux sépharades.

Les sites à succès diffusent des informations sur le quotidien du monde orthodoxe, discours des rabbins, manifestations, inauguration d’une nouvelle yeshiva etc. Des sites spéciaux, véritables carnets, permettent de tout savoir sur les naissances, mariages et décès.

Les sites qui proposent une assistance psychologique se sont aussi multipliés. Sortes de microsites, ils se concentrent sur un problème spécifique, souvent tabou comme le divorce, la violence au sein de la famille, l’homosexualité, l’expulsion de la yeshiva, les conflits familiaux. Certains  sites se sont spécialisés dans les attaques parfois virulentes contre l’establishment orthodoxe et révèlent, sous le couvert de l’anonymat, des scandales dans la direction d’institutions ou des malversations financières.

Parmi les sites les plus populaires, on trouve évidemment,  les sites proposant des ” shidour “. La célèbre institution juive des rencontres en vue d’un mariage connait sur le web, une nouvelle jeunesse. Dans beaucoup de cas, raconte une jeune fille loubavitch qui a rencontré son fiancé sur le web, tout commence dans le virtuel. On fait ensuite intervenir un frère, un beau-frère pour enrober cette rencontre peu conventionnelle de respectabilité.

Ce sont surtout les forums sont qui attirent les internautes orthodoxes. Loin des regards de l’establishment religieux, des censures culturelles et religieuses, les orthodoxes, surtout les jeunes se permettent une liberté de ton, s’expriment avec une créativité surprenante sur la perception des problèmes de société, créant un véritable débat sur des sujets tabous. 

 

Des cicatrices dans les âmes

 

Le retrait de Gaza a laissé des cicatrices dans les âmes des adolescents. C’était une après midi brûlante de l’été 2007, quelques deux ans après le retrait de Gaza, sur les pelouses du kibboutz religieux de Hefetz Haim, près d’Ashkelon. Je prépare un papier sur le monde religieux après le retrait de Gaza. Pas un papier politique. Je laisse de coté la controverse politique sur le bien fondé ou non de la politique d’Ariel Sharon pour raconter la détresse personnelle, l’histoire  d’hommes, de femmes et d’enfants bousculés par les courants de l’histoire.

 

Ils ont entre 17, 18, 19 ans. Il y a deux ans ils habitaient le Goush Katif. Ils  sont assis en rond sur les pelouses du kibboutz et tentent de comprendre.  Voici quelques propos que j’ai alors notés:

Noam : « Je devais entrer dans l’armée, dans quelques mois. Je ne peux plus aujourd’hui, je ne me vois pas servir dans une  armée qui a expulsé ma famille de sa maison. Je me sens humilié, trahi, jeté aux loups, rejeté par mon armée, par mon pays. « 

Dan : « Tsahal et nous, c’est fini. Je réfléchis depuis quelques jours et j’ai décidé d’entrer dans une yéshiva pour étudier la Tora, au lieu de servir dans Tsahal. Moi qui étais un fervent de l’Etat d’Israël, du sionisme, je ne me reconnais plus aujourd’hui face à ces valeurs et je me demande si le judaïsme orthodoxe n’est pas plus honnête. L’Etat d’Israël, s’il n’est plus respectueux d’Eretz Israël, de la terre d’Israël doit perdre sa centralité. Comme disent les orthodoxes, comme le pensent beaucoup de juifs en Diaspora, on peut être juif, sans Israël. « Et de sortir de sa poche une kippa noire en enlevant la kippa aux couleurs orange et verte.

Rami : « Tu vas quand même un peu loin. Au lieu de tout briser, nous devons nous poser des questions.  Pourquoi notre combat a t-il échoué, pourquoi n’avons nous pas réussi à convaincre le public et les leaders politiques.

 Nissim : « Depuis la création de l’Etat d’Israël, nous avons vécu comme dans un ghetto au sein de la société israélienne. Des écoles séparées, un mouvement de jeunesse, des quartiers d’habitation à nous, et surtout une appropriation du « grand Israël « , comme si vivre à Ariel ou dans le Goush Katif était plus sioniste que de travailler à Tel-Aviv ou de cultiver la terre du Néguev. «