Et si nous chantions un poème ashkénaze du XIe siècle…

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La Bibliothèque nationale d’Israël présente cette semaine un parchemin unique d’un poème liturgique datant du XIe siècle. découvert en Allemagne et rénové depuis plusieurs mois par les chercheurs de la Bibliothèque.

Dans un hébreu  châtié, avec un ton emphatique, poétique et lyrique, le rav Menahem Ben Makir, un des premiers poètes liturgiques du monde ashkénaze décrit le service sacerdotal pendant la fête de Souccot et surtout le pèlerinage vers Jérusalem, les hommes, les femmes, la foule, l’émotion.

L’évènement est majeur, explique le directeur de la Bibliothèque nationale; ce n’est pas un simple parchemin, comme nous en recevons chaque semaine à la Bibliothèque. A travers ce poème, l’écriture, les formules, c’est toute la naissance de la liturgie ashkénaze que nous découvrons. Il faut se rappeler qu’à cette époque, le tout début du XIe siècle, le monde juif ashkénaze n’était encore qu’au tout début de son éclosion.

Plusieurs jeunes artistes et compositeurs ont été conviés pour proposer des mélodies. L’objectif, faire revivre cet écrit juif antique.

Et pourquoi pas le buzz des prochains mois. Ety Ankri avec les poèmes de Yehuda Halevy et David D’or avec les Psaumes de David n’ont-ils pas donné l’exemple.

 

Le mariage de Mea Shearim et National Geographic

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Le mariage de Mea Shearim emporte le second prix du prestigieux concours de photos de National Geographic.

Chaque année, les photographes du monde entier capturent des images à travers la planète en espérant emporter le prestigieux prix du concours de photos du National Geographic. Cette année, 18.000 clichés ont été envoyés par des photographes amateurs et professionnels. Le jury a désigné les grands gagnants du cru 2014.  Le deuxième prix revient à la photographe polonaise, Agnieszka Traczewska qui depuis des années photographie avec art et sensibilité les communautés ultraorthodoxes en Israël et à travers le monde. Certainement parmi les plus belles photos d’art sur ces communautés.

Cette photo a été prise après la cérémonie du mariage, lorsque le couple s’isole pour la première fois, raconte  Agniezska, Pour moi, elle raconte tout un monde, l’émotion d’une première rencontre, l’espoir d’une union, l’amour et la timidité, et aussi la crainte de quitter sa mère et le monde de son enfance.

Dan Westergren, un des membres du jury explique ainsi le choix de cette photo «La photographie est un outil puissant qui d’un côté montre les différences entre les hommes de la planète, mais de l’autre, dévoile l’universalité des sentiments.  Dans cette photo du mariage juif, le chapeau de fourrure et la robe de la mariée sont des indices du lieu très particulier où se situe cette scène. Mais les sourires, les regards des mariés pourraient être ceux de n’importe quels adolescents à travers le monde. Quand je regarde cette photo, je ne peux pas m’empêcher de penser à l’essence même de l’amour et du mariage. Toute photo, qui me fait penser, réfléchir, mérite d’emporter le prix National Geographic. Voilà donc la raison de mon choix. »

Photo: 2ème PRIX National Geographic  : Mariage  dans le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Aaron et Rivkeh (18 ans) se rencontrent pour la première fois. Photographe : Agnieszka Traczewska

 

L’article complet est publié sur Tribune Juive

http://www.tribunejuive.info/distinction/le-mariage-de-mea-shearim-par-katy-bisraor

 

Sept images de Pessah, avril 2014

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L’agitation perpétuelle de la société israélienne donne déjà le vertige. A la veille de Pâques, le bouillonnement devient  explosif. Le stress est la marque de fabrique de la fête. Comme si chacun, son balluchon sur l’épaule, allait, bel et bien quitter l’Egypte, fuir l’esclavage, traverser la Mer Rouge et entamer sur les pas de Moshé, un voyage de quarante dans le désert, pour arriver en terre promise. Mais vous y êtes, en terre promise! Israël, le pays où coulent le lait et le miel, où Prada et Porche ont pignon sur rue, où la liberté n’a parfois aucune limite. Non et non! Les Israéliens se croient sur une scène de théâtre. Pendant quelques jours, ils deviennent acteurs de leur histoire millénaire

Voici donc sept images de Pessah en Israël

  • Enquête de l’Université de Bar Ilan: 90 % des foyers juifs en Israël marquent le seder de Pessah
  • Les carnets de rendez vous se figent. Rien! Ne me demandez rien! Mais justement c’est pour Pâques que… !Rien! Après Pâques! Personne ne vous accordera ici un rendez vous, ni le peintre, ni le médecin, ni votre client.
  • Dans les magasins bondés, il faut pousser des coudes, pour dénicher une belle jupe au prix maxi.
  • Jusqu’à l’aube, les chariots des supermarchés crissent entre les allées et les voitures klaxonnent au quart de seconde en se demandant pourquoi le rouge n’a pas encore virer au vert.
  • Même la charité se fait bouillonnante. Comme si les pauvres ne mangeaient qu’à Pâques. Les organisations caritatives ramassent de quoi nourrir une nation pendant des mois.
  • Dans tout Israël, les balcons et les jardins fleurissent à plaisir
  • Tsahal se laisse aussi tenter à ces remous. Adieu Iran,  Hamass et Hizboulah. La grande opération logistique est de rendre les cuisines des bases militaires « casher pour Pâques » explique très sérieusement le chef d’Etat major.

Hag Sameah à tous les abonnés de mon Blog

Le dessin qui illustre ce papier est de mon amie Esther Derai Galam

 

Le Rabbin Ovadia Yossef, à travers le regard de sa fille

 

 

A travers le regard de sa fille, Adina Bar Shalom, un autre aspect surgit de la personnalité complexe du grand rabbin Ovadia Yossef, qui vient de s’éteindre à Jérusalem.

Géant de la Torah, chef spirituel du judaïsme orthodoxe sépharade, le rabbin Ovadia Yossef avait aussi à bien des reprises su oser. ”Il est bien plus facile d’interdire que de permettre” disait-il en parlant des décisionnaires talmudiques. A trois reprises, le grand rabbin avait dit oui. Lors de la guerre de Kippour en libérant les veuves de la guerre de leur statut d’aguna. Face au judaïsme éthiopien en s’opposant à l’orthodoxie ashnénaze et en tranchant sur la judaïté de cette communauté. Et aussi face à la démarche révolutionnaire de sa fille d’ouvrir la première académie orthodoxe.

J’ai rencontré à plusieurs reprises Adina Bar Shalom, pour l’écriture de mon livre. Voici quelques extraits de ces rencontres telles qu’elles sont rapportées dans le livre, où elle parle de son père.

Sur la création de l’académie

“…. Chapeau noir, bas opaques, tailleur strict et lunettes ovales, Adina Bar Shalom n’a rien d’une militante féministe. Pourtant, c’est bien une révolution féminine qu’a initiée la fille du rabbin Ovadia Yossef avec l’ouverture de la première institution universitaire pour femmes ultra-orthodoxes. …. ….La fille a suivi les traces de son père. Le même refus des carcans désuets caractérise le rabbin Ovadia, le chef spirituel de l’orthodoxie séfarade. Le père d’Adina Bar Shalom a plus d’une fois tranché en faveur de la femme. Mais, en appuyant de tout son poids le projet de sa fille, en acceptant l’intrusion de l’académie au sein de l’orthodoxie religieuse, le rabbin a frôlé le sacrilège. Son audace a mobilisé contre lui le judaïsme orthodoxe ashkénaze. Des pamphlets véhéments, affichés jusque dans la rue, qualifiaient sa décision de blasphématoire et appelaient au boycott de la nouvelle institution: « Comment accepter que les jeunes filles religieuses étudient Freud, pour qui la religion est un symptôme névrotique !» Décisionnaire incontesté à la tête d’une communauté majoritaire, le rabbin séfarade a fait fi de ces critiques….. Je voulais changer fondamentalement la vie des femmes orthodoxes en leur donnant le droit de choisir. Je voulais faire quelque chose de grand, laisser l’empreinte de mon père ». « J’ai compris que l’accord de Zabulon et d’Issachar ne régirait plus les relations entre religieux et laïcs. Les Israéliens n’accepteront plus de travailler pour financer le monde religieux. Nous devrons trouver nos propres moyens de subsistance. Sans farine, pas de Torah, dit la maxime. Et j’ai donc fondé cette université.

Sur les souvenirs d’enfance et les liens avec la communauté ashkénaze

Adina Bar Shalom est née en 1945 à Jérusalem. Puis, elle a grandi en Egypte où son père, qui n’était pas encore le leader du judaïsme séfarade, était responsable du tribunal rabbinique. Dans les souvenirs d’Adina s’entremêlent les promenades sur les rives du Nil, les pyramides, les chameaux et les attaques contre la petite communauté juive du Caire lorsqu’en mai 1948 est créé l’État d’Israël. Quand, à l’âge de six ans, Adina revient en Israël, son père exige qu’elle entre dans le Beit Yaacov, le réseau scolaire orthodoxe ashkénaze….

 

Sur le souvenir et l’exemple de son père

…. J’avais onze ans lorsque nous avons quitté notre appartement de deux pièces à Jérusalem. Six enfants ne peuvent dormir dans une même chambre, laquelle de surcroît sert de bureau avait décrété ma mère. Pourtant, c’est dans mon lit, en regardant mon père penché sur ses écrits dans cette pièce tapissée de livres, chambre d’enfants et bureau du rabbin, que j’ai découvert le goût de lutter et l’amour du savoir.

Sur la halacha de son père

….Une histoire, qui dit tout. C’était lors de la shiva, la semaine de deuil de ma mère, la rabbanit Margalit. Certains ont dit, les filles s’assoiront dans une salle, les fils avec leur père dans l’autre. Mon père a entendu s’est levé et a tranché en quelques mots: ” mes filles s’assoiront là, à coté de moi, avec moi.”

 

Les Kapparot de Bné Brak

A la veille de Kippour, à Bné Brak, la ville orthodoxe près de Tel-Aviv, à même la rue, des marchands ont installé leurs cages à poulets.

C’est la coutume des kapparot. On prend un coq pour les hommes et les garçons, une poule pour  les femmes et les petites filles que l’on fait tourner  trois fois autour de la tête en récitant une prière qui demande le rachat des fautes ou plus exactement le transfert des fautes  sur le coq ou la poule. Puis, toujours au beau milieu de la rue, le sho’het, l’abatteur rituel égorge le poulet. Le poulet ou sa valeur monétaire est donné aux pauvres.

La racine de kapparot, est la même que celle du jour de Kippour. Kapar, en hébreu כפר  expier, expiation.

Pourtant, cette tradition des kapparot est de moins en moins suivie. D’abord parce que de nombreuses sommités rabbiniques ont de tous temps décrié cette coutume, à l’origine probablement païenne, coutume qui n’est pas rappelée dans le Talmud, ni dans les autres écrits fondamentaux du Judaïsme. Ses réserves s’expliquent aussi en raison des questions de cacherout, le poulet égorgé à la va-vite l’est-il vraiment dans les règles scrupuleuses de l’abattage rituel, pour des questions d’hygiène et aussi par souci de ne pas faire souffrir l’animal de plus la veille du jour où chaque Juif demande le pardon de ses fautes.

Et surtout, parce que la coutume qui s’est répandue, est que le rachat des fautes peut tout aussi bien se faire en donnant de l’argent.

Mais à Bné Brak, les vendeurs de kapparot font des affaires. Des dizaines de bambins grimpent partout pour mieux voir. C’est l’évènement dans le quartier. Les familles arrivent avec leurs bambins et leurs aieux, en priant avec ferveur que le coq prenne sur lui toutes les fautes de l’année. J’ai même vu un mari faire les kapparot à sa femme enceinte – à mon regret, elle n’a pas accepté d’être photographiée,  avec trois poulets, un coq si le bébé est un garçon, une poule si c’est une fille, et une autre poule pour elle.

Et si vous n’êtes pas à Bné Brak ces jours ci, j’ai pris pour vous, chers internautes, amis de mon Blog, quelques photos.

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Les enfants grimpent partout pour voir la cérémonie des kapparot et de l’abattage rituel
Les cages à poulets à même la rue
Les cages à poulets à même la rue

 

 

Le Mikvé réinventé

Le Mikvé de Rotem Bitton – juillet 2013

Et si l’on réinventait le Mikvé. L’esthétique, les couleurs, les matériaux, l’architecture de ce lieu emblématique de la vie de la femme juive à travers les temps.

Selon la loi juive, une femme doit sept jours après la fin de ses règles se tremper dans le bain rituel avant d’avoir des relations  intimes avec son mari. En Israël, non seulement les femmes religieuses, mais de plus en plus de non pratiquantes fréquentent le  Mikvé. Phénomène de société qui en tant que tel, interpelle.

Ce lieu, tout à la fois majeur, mystérieux, ancestral, religieux, sensuel et aussi parfois désavoué, a de tous temps fasciné.  Aujourd’hui, ce sont les étudiants en architecture et design du ” College of Management” qui réinventent le mikvé. Une démarche qui confére au bain rituel une nouvelle dimension qui va bien au delà de l’esthétique. Ce projet artistique novateur a aussi l’intérêt d’avoir été mené en coopération étroite  – et rare pour l’académie israélienne – avec les autorités religieuses.

Pour Carmela Yaacobi  Wolf, directrice du département, l’objectif est de créer une communication entre les espaces publics de demain et les étudiants en architecture intérieure. Et pour que cette communication ne soit pas théorique, une collaboration s’imposait. Une concertation que le rabbinat veut même aujourd’hui concrétiser. ” Dans la construction des prochains mikvé, nous prendrons en compte les travaux de certains étudiants. C’est un regard nouveau, créatif, innovant.”

Et mes deux conclusions. Un, certains rabbins de l’orthodoxie savent oser. Deux, si ces modèles sont bel et bien construits, le Mikvé se fera un peu plus convaincant et séduisant.

Carmela Yaacobi Wolf, directrice du département de design

 

Le Mikvé d’Assaf Ohayon – juillet 2013

 

Le Mikvé de Liat Pinto – juillet 2013
Le Mikvé de Reut Levy – juillet 2013

 

Feux de joie, gimauves, halaké et voile blanc

 

 

Un peu d’histoire, avant de vous raconter les feux de camp, les guimauves, les mariages et les images du Lag Baomer. Entre Pessah et Chavouot, Israël et le peuple juif fête le Lag Baomer,  33 ème jour de la supputation de l’Omer. Lag, les deux lettres hébraïques de lamed et de guimel représentent en guématria,  la numération hébraïque, le chiffre de 33.  Le Lag Baomer est aussi  la Hilloula, l’anniversaire de la mort du rabbi Shimon bar Yohaï,  l’auteur présumé de la Cabale, du Zohar qui a vécu au début du IIe siècle de l’ère chrétienne. Selon certains exégètes, la tradition d’allumer des feux de joie le Lag Baomer symboliserait le feu de la Torah, qui sera révélée lors de la fête de Chavouot. D’autres estiment que la pratique   rappelle l’ancestral allumage des feux de camp pour la néoménie. Et pour d’autres, les feux symbolisent la lumière amenée au monde par la Cabale. Le Lag Baomer, est une tradition relativement récente. La date n’est mentionnée ni dans la Bible, ni même dans le Talmud. Et les premiers témoignages sur cette journée de fête datent de la fin du XVè siècle, où des sages de l’époque, habitant Safed, racontent comment ils se rendaient autour de la tombe du Rabbi Shimon Bar Yochaï à Méron pour y allumer des feux de joie.

  •  Du nord au sud d’Israël, depuis plusieurs semaines, des bandes d’enfants empruntent les chariots des supermarchés pour transporter des planches de bois dénichés sur les sites de construction.
  • Un entrepreneur tente vainement de protéger son chantier et explique aux garnements que les poutres servent à construire des maisons et pas à être brûlées dans les feux du Lag Baomer.
  • Le ministre de l’éduction confie à son équipe ses inquiétudes. “Nos enfants allument des feux de joie sans savoir pourquoi.”
  •  Les Verts appellent à abandonner cette tradition trop polluante. La pollution quadruple la nuit du
    Lag Baomer
  • A Méron, devant la sépulture de Rav Shimon bar Yohaï, des femmes allument des bougies sur d’immenses plateaux emplis de sable blanc.
  • Toujours à Méron, en l’honneur de sa première coupe de cheveux, un garçonnet de trois ans goute un gâteau au miel. C’est la cérémonie traditionnelle du “Halaké”. Mais les hassid, savent ils que le mot vient de l’arabe? Halaké, couper, raser en arabe…
  • La nuit du Lag Baomer, une photo prise par un satellite, montre Israël illuminé de milliers de points de lumière — autant de feux de joie.
  • Voile blanc, musique et émotions, dans les salles de fête, c’est la nuit des mariages.
  • Du nord au sud d’Israël, on se régale autour des  feux de joie, de pomme de terres cuites à la braise et de guimauves blanches, grillées à plaisir. Lag Baomer en Israël 

Guilat Shalit: “Merci”

 

 

Pendant des années, dans beaucoup d’écoles juives à travers la France, on a sans cesse rappelé, le nom de Guilat Shalit.

Cette semaine, ils étaient quelques 850 lycéens juifs français d’une vingtaine d’écoles dans le cadre d’un projet sympathique, le Bac Bleu-Blanc, qui a comme objectif, qu’un jeune juif ne termine pas son cycle scolaire, sans s’être rendu avec son école en Israël. Lors de la soirée au Palais des Nations à Jérusalem, Guilat Shalit est arrivé par surprise.

”Je suis venu tout simplement vous dire merci” a dit le soldat.

 

 

Michloa’h Manote écologiques

 

Pourim aujourd’hui en Israël et dans le monde juif. Cette fête où Israël marque le succès de la reine Esther et de Mordehaï face à Aman, du peuple juif contre Amalek, l’ennemi qui veut la destruction totale, sanguinaire, pernicieuse d’Israël, prend encore cette année, une signification douloureuse, après les événements dramatiques que vient de vivre Israël

Et pourtant, malgré la peine et la douleur, le peuple juif  continue et fête aujourd’hui Pourim. Une des traditions de la fête de Pourim est d’envoyer des Michloa’h Manote comme il est écrit dans la Méguila d’Esther

“Mordehaï mit par écrit ces événements et expédia des lettres à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi Assuérus,  leur enjoignant de s’engager à observer, année par année, le quatorzième jour du mois d’Adar et le quinzième jour,  c’est-à-dire les jours où les juifs avaient obtenu rémission de leurs ennemis, et le mois où leur tristesse s’était changée en joie et leur deuil en fête à en faire des jours de festin et de réjouissances et une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. ” Meguila d’Esther, 9, 20- 22

 

Conformément aux directives de Mordehaï, le 15 du mois juif d’Adar, jour de Pourim, les israéliens qui raffolent des cadeaux, des fêtes et des victuailles s’en donnent à cœur joie, et envoient ces présents, ces Michloa’h Manote ( textuellement envoie de portions) les uns aux autres.

Les uns aux autres est il écrit dans la Méguila d’Esther. Faîtes les comptes, lorsqu’un million de familles – au moins –  envoie ces cadeaux enrubannés à amis et familles, sans compter les enfants qui eux aussi veulent suivre les directives de Mordehaï et envoient leur “portions” sucrées à leurs copains, cela fait quelques millions de paquets  cadeaux qui circulent en Israël en quelques heures.

Très sympathiques ces paniers enrubannés, enveloppés de cellophane vaporeux et  emplis de bonbons, confiseries, et gâteaux mais coté santé et écologie…

Dans la petite localité où j’habite, des femmes ont eu l’idée de remplacer cette orgie de sucreries par des dons aux personnes déshéritées, les cadeaux de Pourim, oui mais sans exagération.  “ La loi juive, exige pour Pourim d’envoyer ces cadeaux à deux personnes. Pas plus. explique Yaël, une des responsables du projet. Pour les autres amis, place au génie juif de l’informatique et de la charité.  ”

Quelques semaines avant la fête de Pourim, chaque famille reçoit une liste de toutes les familles de la communauté et choisi ces familles à qui elle désire envoyer un Michloa’h Manote . Le coût, quelques dix shekels par famille. Il y a même une assurance ”ne soyez pas dans l’embarras”, au cas où vous auriez oublié de noter une famille qui  elle ne vous as pas oublié. Le jour de Pourim, chaque famille reçoit un unique mais énorme paquet accompagné de la liste des familles qui ont envoyé ce Michloa’h Manote nouvelle version, virtuel, communautaire, écologique . Chacun sort gagnant de l’histoire. Des pauvres reçoivent un chèque conséquent. (Car de facto, la participation de chaque famille dépasse de loin le coût du cadeau unique)  Coté écologie, moins de papiers et de ruban. Coté santé, pas de visites chez le dentiste au lendemain de Pourim.

 

Les derniers des Falashmuras

 Dans le cadre d’une enquête que je mène depuis quelques semaines sur l’arrivée en Israël des 8000 “derniers” Falashmuras, nous avons rencontré le Rav Yossef Hadane, le chef spirituel de la communauté juive éthiopienne en Israël. ( Nous, Michaël a rencontré pendant des heures et des heures et j’ai mis en page l’entretien)

Voici pour vous, lecteurs de mon Blog, quelques uns de ces propos nouveaux ou/et  importants.

 Sur son arrivée en Israël en 1972

Cela n’a pas été simple  du tout. Il m’a fallu des mois pour créer des liens avec les Israéliens. La plupart me regardait avec suspicion. Un rabbin noir…

Sur le Rabbin Ovadia Yossef

J’ai rencontré pour la première fois, le Rav Ovadia Yossef en 1972. Il était alors le Grand rabbin de Tel Aviv. Un an plus tard, Grand rabbin d’Israël, il décrète que les Beta Israël sont  Juifs. Sans cette décision, il n’y aurait peut-être pas d’Ethiopiens en Israël aujourd’hui. Plus tard, il m’a raconté que sa décision s’est fondée sur le jugement du Radbaz, un sage de l’époque du  Moyen Age qui avait du légiférer sur la validité d’un mariage entre un juif habitant la région tunisienne et une femme des Beta Israël. Le Radbaz avait tranché. Cette femme  éthiopienne, noire était juive.

Sur l’origine des Beta Israël

Il existe plusieurs thèses, toutes  se perdent dans la nuit des temps. Le roi Salomon, la reine de Saba. Je ne pense pas. La thèse la plus sérieuse, qui a toujours été la notre et qui a été adoptée par le rabbinat d’Israël.  Nos ancêtres  seraient les exilés du royaume du Nord d’Israël, de la tribu de Dan, au moment de chute de Samarie en 722 av. JC. Nous serions donc une des tribus juives perdues.

 Sur le roi Guidon et la Shoa éthiopienne

Nous avons eu des royaumes juifs indépendants et notamment  la période glorieuse du Royaume du roi Guidon au 17è siècle. Nous avons ensuite été vaincus. Chez nous, nous parlons de cette période comme une sorte de Shoa. Sur un demi million, seuls  100 000 survécurent. Cette défaite marque en fait la fin de l’autonomie des juifs en Ethiopie et le début d’un asservissement souvent effroyable.

Sur le mot Falashas

Pour la population locale, nous étions des Falashas. Falashas, signifie étrangers Pour les habitants de cette région du monde nous étions des “envahisseurs”, nous avions envahi l’Ethiopie,   Mais dans notre tradition, nous nous dénommons Béta Israël, la maison d’Israël.

Sur les Falashmuras.

Les Falashmuras ont embrassé le christianisme éthiopien, sous la contrainte. A partir du 18e siècle et surtout au 19e siècle. Les Beta Israël les ont alors dénommés,  “Falashas traîtes”, Falashas renégats”, d’où l’expression de Falashas Mura. Ensuite, ils ont été rejetés par ces chrétiens. Ni juifs, ni vraiment chrétiens, mais ils ont jalousement conservé leur identité. Par exemple, ils ne contractaient  pas de mariage exogame et choisissaient leur conjoint dans la  communauté falashmura.

Sur la décision de permettre leur arrivée en Israël

Certains de notre communauté ont eu des doutes sur le bien fondé d’une telle décision. Pour moi, il n’y aucun doute. Il faut les faire venir en Israël, c’est leur seule issue. De tout temps, ils ont exprimé leur désir de revenir au judaïsme. Nous avons là un devoir moral, historique. Même si il est exact qu’aujourd’hui beaucoup sont très éloignés du judaïsme.

8000 aujourd’hui et si demain d’autres milliers veulent immigrer

Il est exact qu’il existe en Ethiopie, de nombreux groupes qui affirment que dans un passé lointain, parfois plusieurs siècles, leurs ancêtres avaient un lien avec le peuple juif. Il existe de nombreux motifs juifs dans cette région du monde. Mais le gouvernement a pris une décision très claire. Il y a quatre critères. Un, du « sang juif » du coté maternel. Deux, une  volonté exprimée de retour au judaïsme. Trois, être inscrits sur la liste d’attente dans le camp de  Gondar. Quatre, des parents en Israël. Tout ceci pour éviter les abus.