Un nouveau quotidien

 

Le quotidien des femmes orthodoxes se transforme. Des changements souvent mineurs mais qui juxtaposés, créent un tout autre devenir pour les prochaines générations. Je note régulièrement ces changements, parfois étonnants pour un monde traditionnel. Les femmes orthodoxes écoutent désormais beaucoup la radio, créent des pôles d’activités féminines et adaptent même leur manière de s’habiller.

Ces changements ont un point commun, ils se font dans le strict respect de la loi juive. Comme je l’ai déjà écrit, une révolution féministe de l’intérieur.

Les femmes au coeur de l’éclatement du paysage médiatique

L’éclatement du paysage médiatique en Israël a servi avant tout les femmes. Mères de famille et donc principales auditrices des dizaines de radios religieuses légales ou pirates qui émettent des émissions composées pour la plupart de cours sur la Bible, mais aussi d’émissions questions-réponses où, sous le couvert de l’anonymat conféré par la radio, des femmes parlent de leur quotidien et abordent des sujets tabous, des grossesses non désirées, de la violence ou de l’autorité abusive du mari.

Les femmes s’approprient la cérémonie du mariageLes cérémonies de mariage changent. Jusque dans les années 70, cette fête était une affaire d’homme. Rigoureusement séparées des hommes, les femmes étaient concentrées dans un périmètre sans rapport avec leur nombre et se contentaient de dîner. Aujourd’hui, les mariages ont un tout autre aspect. Les salles sont séparées en deux, les pistes de danse existent aussi chez les femmes.

Une nouvelle profession est née, celle de photographe de sexe féminin. Les hommes et les femmes ne pouvant se côtoyer, les rabbins ont accepté qu’une femme orthodoxe prenne le rôle de photographe.

La fête pour les filles

Il y a quelques années, seule la communion religieuse pour les garçons, la Bar Mitzva, était célébrée. Aujourd’hui, il est commun de marquer la Bat Mitzva, majorité religieuse, également pour les filles de 12 ans. Très répandue dans les milieux traditionalistes, la cérémonie est également de plus en plus acceptée dans les milieux orthodoxes, où l’occasion est marquée par une grande réunion des femmes de la famille – avec orchestre et festin.

Nouvelle tradition, qui explique la création d’orchestres exclusivement féminins, composés de jeunes filles ou de femmes orthodoxes.

Féministes sans le dire

Des dizaines d’organismes de femmes se sont créés depuis une vingtaine d’années. Souvent dirigés par des femmes de rabbins, les objectifs officiels sont la charité, les récoltes de fonds, l’organisation de nouveaux cadres scolaires. J’ai assisté à plusieurs de ces réunions, à première vue centrées sur des activités sociales, éducatives, de bienfaisance. Mais à travers ces thèmes anodins, la société féminine revendique une identité. Le terme de “féministe” est inconnu mais les débats auxquels j’ai assistés étaient ultra féministes!

Les cours du soir

Autre mode du monde orthodoxe, les cours du soir en tous genres, travaux manuels, gymnastique, littérature. La mère de famille confie les petits aux aînés et sort le soir pour s’initier à ces occupations. Inimaginable, il y a quelques années à peine.

La perruque  adaptée

Selon l’orthodoxie juive, la femme doit se couvrir la tête. Dans l’orthodoxie sépharade, les rabbins recommandent le port du chapeau et parfois même interdisent le port de la perruque, alors que chez les ashkénazes, la perruque est portée couramment. Au début des années 90, des perruques ultramodernes ont commencé à circuler sur le marché, en général importées des États-Unis. Les jeunes femmes orthodoxes ont ainsi pu porter des perruques blondes, brunes, ondulées, tressées, aux coupes dernier cri. Des rabbins ont tenté de s’opposer à cette mode, mais en vain.

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