Une Meguila écrite par une femme est-elle cacher ?

וַתִּכְתֹּב אֶסְתֵּר הַמַּלְכָּה בַת אֲבִיחַיִל וּמָרְדֳּכַי הַיְּהוּדִי אֶת כָּל תֹּקֶף לְקַיֵּם אֵת אִגֶּרֶת הַפּוּרִים הַזֹּאת הַשֵּׁנִית

מגילה ט, כט.

Pour ne pas faire durer le suspense, je vous donne la réponse d’emblée, une Méguila de Pourim écrite de la main d’une femme est strictement cacher, selon un jugement du grand décisionnaire sépharade, le Rav Ovadia Yossef.

L’importance de la question du point de vue halachique est liée à l’obligation de lire la Méguila d’Esther non pas dans un simple livre imprimé, mais dans un parchemin écrit à la main par un scribe selon des lois très strictes d’écriture, identiques à celles de l’écriture d’un rouleau de la Thora.

Sur l’écriture d’un rouleau de Thora, le Talmud, (Guittin, 45), précise qu’un homme et non une femme doit écrire le parchemin.  

Or, écrit le Rav Ovadia Yossef, les femmes ont l’obligation de lire ou d’écouter la Méguila d’Esther, le miracle de Pourim est celui d’une femme et donc “nous devons poser la question si la Méguila peut être écrite de la main d’une femme. “

La question a été posée maintes fois par les sages. Le Hida et d’autres sages ont déjà écrit qu’une Méguila écrite par une femme était strictement cacher.

Le Rav David Oppenheim a donné une explication à partir du texte même de la Méguila : ” Dans le texte de la Méguila, il est écrit   La reine Esther, fille d’Avihail écrivit)  Méguila d’Esther, 9, 29). ” C’est à partir de ces termes, que le Talmud, (Méguila, 19) a décrété que la Méguila, comme les rouleaux de la Thora, devait être écrite sur un parchemin, avec de l’encre et un porte-plume, et comment imaginer que la première Méguila écrite par Esther ne serait pas cacher !

En d’autres termes, si la Reine Esther a écrit la Méguila,il y a quelques 2500 ans, les femmes juives de génération en génération, peuvent elles aussi, apprendre les règles de la calligraphie hébraïque et écrire la Méguila d’Esther.

Herzl et une pièce oubliée à l’origine de la création de l’Etat d’Israël

 

 

Avant d’écrire Le Nouveau ghetto, en octobre 1894, Herzl ne croit pas à la possibilité d’un état juif. Quelques semaines après la rédaction de la seconde version, fin avril 1895, il aura l’illumination qui l’amène à rédiger L’Etat juif.

La pièce vient d’être traduite en français par Yéhouda Moraly et Michèle Fingher et est publiée dans une nouvelle collection : A La redécouverte du théâtre juif animée par les amis du Voyage de Betsalel qui publie également de très beaux livres sur les arts juifs.  

Une pièce de théâtre, essentielle pour comprendre le parcours de Herzl. Avant son écriture en 1894, Herzl pensait que l’assimilation résoudrait le problème juif. L’écriture du Nouveau Ghetto lui montre l’impossibilité de cette solution. Quelques semaines plus tard il rédige l’Etat juif. 

Au-delà du pathétique avocat juif, absurdement tué dans un duel absurde, victime de ses rêves d’assimilation, impossibles, on entrevoit le nouvel homme israélien, création de ce dramaturge devenu prophète, Théodore Herzl.

Yéhouda Moraly répond à nos questions

 

KB : Théodore Herzl était donc un dramaturge ?

YM : On oublie souvent que Théodore Herzl était, avant tout, un dramaturge et un dramaturge célèbre dont les pièces étaient jouées dans les plus grands théâtres viennois.

KB : De quelle sorte étaient les pièces qu’il écrivait ?

YM : C’étaient des pièces gaies faites pour amuser le public : Tabarin, Le petit garçon de maman, Sa Majesté, etc… De 1880 à 1894, c’est presque une pièce par an que Herzl écrit et fait jouer.

KB : 1894, c’est l’année où il arrive à Paris, comme journaliste, envoyé spécial du prestigieux Newe Frei Press.

YM : Oui. Et c’est à Paris qu’il écrit sa plus belle pièce, Le Nouveau ghetto, dont l’écriture va avoir sur lui une impression profonde puisque, avant sa rédaction, en octobre 1894, c’est un Juif assimilé qui ne croit pas au retour des Juifs en Israël et que, quinze jours après la rédaction de la deuxième version de la pièce, il compose L’Etat juif.

KB : Alors que s’est-il passé ?

YM : La pièce est entièrement autobiographique et sa composition a agi sur Herzl comme un processus psychodramatique. Il s’est entièrement projeté dans le héros de la pièce, Jacob Samuel, avocat, comme lui, très admiratif de la culture occidentale et désireux de s’y assimiler autant que possible, comme lui, pas très admiratif des Juifs d’argent ni des rabbins, comme lui, fils unique d’une mère possessive, comme lui et marié à une femme d’un milieu plus aisé que le sien, et qui ne comprend rien à ses états d’âme.

KB : Comme lui. Vous voulez parler de la malheureuse épouse d’Herzl, Julie Naschauer ?

YM : Oui, cette pauvre Julie avec laquelle il ne s’est jamais très bien entendu et dont il a brûlé l’immense fortune pour bâtir son rêve sioniste. Donc, ce double d’Herzl est dans la pièce, trahi par ses amis non-Juifs. Son ami intime, Frantz, adhère à un parti antisémite et ne veut plus avoir de rapports avec lui.  Jacob défend de toutes ses forces, au nom de l’honneur, un aristocrate qui ne voit dans sa conduite qu’une ruse raffinée, le provoque en duel et le tue.

KB : Une pièce terrible, basée sur un fait réel ?

YM : Oui. En 1892, le Marquis de Morès, antisémite ardent, avait provoqué en duel un jeune capitaine juif, Armand Mayer et l’avait tué. C’est l’époque où les aristocrates français provoquent systématiquement les Juifs en duel, un exercice auquel, évidemment, les Juifs sont moins experts.

KB : Alors qu’est-ce qui s’est passé dans la tête d’Herzl ?

YM : Par le biais de son personnage principal qui meurt, victime de ses valeurs occidentales (la noblesse, l’aristocratie des sentiments), Herzl comprend par l’écriture que les Juifs n’ont plus rien à faire en Europe et qu’ils doivent retourner en Israël pour y retrouver une identité perdue.

KB : Une idée neuve à l’époque ?

YM : Pas vraiment, beaucoup y pensèrent déjà. Et en 1894, Herzl avait pu voir une pièce d’Alexandre Dumas fils, La Femme de Claude (1873) où un Juif, Daniel, retourne en Israël pour y rebâtir le pays, accompagné de sa fille. Encore une pièce française, sioniste avant la lettre, qu’il faudrait redécouvrir.

KB : Le Nouveau ghetto a été joué ?

YM : Oui, en 1897, à Vienne et à Berlin. Mais jamais en Israël ou ailleurs. Et pour ceux qui voudraient continuer cette lecture, elle vient d’être publiée dans une collection francophone, « A la redécouverte du Théâtre juif ». Et un article consacré à cette pièce est paru dans une nouvelle revue francophone A la page, Numéro 1.

KB : Et en hébreu ?

YM : Il existe une traduction en hébreu mais qui a été faite en 1898. Une nouvelle traduction vient d’être effectuée –et il faudrait absolument pour rendre hommage à Herzl, ce dramaturge devenu visionnaire, la faire jouer ou au moins s’en souvenir. Bientôt le 27 août, c’est l’anniversaire du premier Congrès de Bâle. Ça serait une bonne occasion pour au moins effectuer une lecture publique, en zoom peut-être, de cette pièce oubliée à l’origine de la création de l’Etat d’Israël.

 

Les raisons du succès de Whatsapp chez les Israéliens (et en Diaspora)

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Selon une enquête réalisée en novembre dernier, 92 % des smartphones en Israël sont équipés de l’application whatsapp. Un record mondial par tête d’habitant. Record aussi dans l’utilisation de l’application. Sur les 450 millions d’utilisateurs dans le monde, 70 % sont actifs quotidiennement. En Israël le taux d’actifs dépasse les 86%. 

Alors pourquoi, whatsapp a tellement séduit les Israéliens? Le commun entre la philosophie de whatsapp et l’Adn juif explique le succès. Whatsapp  a récréé, d’une manière virtuelle, le foyer juif d’antan, l’antique communauté, le shtetl. Plus authentique que facebook et twitter,  plus convivial que les courriels et textos: la tribu, le clan, la famille, la smala, être ensemble, partager, échanger, tout, sans cesse, intensément, exagérément. Les grands moments, les humeurs de l’instant, les photos et les recettes de cuisine. Et les fêtes. Le nombre de messages doublant les veilles du shabbat et des fêtes juives en est la preuve. Comme si les distances  et les générations ne séparaient plus le peuple juif. La famille juive dispersée aux quatre coins du monde retrouve son cadre ancestral à portée de main et en cliquant sur un bouton. C’était d’ailleurs à l’origine, la raison d’être de l’application. Adaptée à tous les types de smartphones et à tous les réseaux dans le monde, sans frontière, ce service de messagerie instantanée est par excellence dédié au cercle familial, ludique, simple, et illimité.  

Le nom même de l’application est très “israélien”. En Israël, rares sont les conversations qui ne commencent par ”ma koré?”, “Quoi de neuf, qu’est ce qui se passe?”. Exactement le  what’s up anglophone transformé par un subtil jeu de mot en whatsapp.

Les principes de l’application ont aussi plu aux Israéliens. No Ads! No Games! No Gimmicks! Pas de pub! Pas de jeux! Pas de gadgets! Les Israéliens qui n’aiment pas  être des frayercélèbre expression de l’argot empruntée au yiddish et exprimant le fait d’être dupe, d’être un pigeon –  ont adoré cette pure expérience de messagerie.  

Et aussi l’origine juive de Jan Koum, un des deux fondateurs de whatsapp explique peut-être aussi le génie de l’application. Né dans une des familles pauvres de la communauté juive d’Ukraine,  Koum, aurait-il intuitivement compris, que le désir de sa famille, des communautés juives d’être ensemble était aussi un besoin récurrent, chez les peuples du monde entier?

L’article complet sur le sujet a été publié par Tribune Juive:

http://www.tribunejuive.info/non-classe/les-raisons-du-succes-de-whatsapp-chez-les-israeliens-et-aussi-dans-les-foyers-juifs-de-diaspora-par-katy-bisraor

 

 

Le billet de mon amie Bely

 

 

 

Une nouvelle initiative pour “En direct de Jérusalem”, le billet de mes amis, le billet des invités. Et pour inaugurer cette nouvelle rubrique, celui de mon amie Bely.

Bely habite le village de Karme Yosef, un village créé dans les années 80,  à l’est de Rehovot, à quelques kilomètres de Latrun, dans une région célèbre pour ses vignes et ses oliviers. Des hauteurs de Karme Yosef et de la maison de Bely, une belle maison colorée et lumineuse, on voit les Monts de Judée et au loin par temps clair, toute la Côte Méditerranéenne du Sud d’Israël.

Bely a choisi de nous parler de la fameuse boue noire de la Mer Morte et j’ai donné comme titre à ce billet, ” La High-tech au service du Cosmétique “

” La réputation des richesses minérales de la Mer Morte et de sa boue noire naturelle et thérapeutique n’est plus à faire. Une société israélienne pure souche, pleine d’idées, adepte du commerce équitable, respectueuse des êtres humains, des animaux et de la planète a mis au point une formule de masque facial invisible….

Dans son pot de verre recyclable, la crémeuse texture grise agréablement parfumée et non grasse de « Secret Mask » devient totalement invisible dès son application sur le visage. Celui de madame, mais aussi de monsieur, car le masque existe dans les deux versions.

La haute technologie israélienne fait donc désormais aussi des exploits dans le domaine du cosmétique : Sans rien perdre à l’efficacité notoire de la matière -« originelle »- mais quelque peu rebutante et compliquée à manipuler qu’est cette boue bien noire et bien épaisse, le nouveau masque made in Israël, permet de  jouir, avec plaisir, de ces fameux bienfaits tout au long de l’année…”

 

Secret mask

Le Mikvé réinventé

Le Mikvé de Rotem Bitton – juillet 2013

Et si l’on réinventait le Mikvé. L’esthétique, les couleurs, les matériaux, l’architecture de ce lieu emblématique de la vie de la femme juive à travers les temps.

Selon la loi juive, une femme doit sept jours après la fin de ses règles se tremper dans le bain rituel avant d’avoir des relations  intimes avec son mari. En Israël, non seulement les femmes religieuses, mais de plus en plus de non pratiquantes fréquentent le  Mikvé. Phénomène de société qui en tant que tel, interpelle.

Ce lieu, tout à la fois majeur, mystérieux, ancestral, religieux, sensuel et aussi parfois désavoué, a de tous temps fasciné.  Aujourd’hui, ce sont les étudiants en architecture et design du ” College of Management” qui réinventent le mikvé. Une démarche qui confére au bain rituel une nouvelle dimension qui va bien au delà de l’esthétique. Ce projet artistique novateur a aussi l’intérêt d’avoir été mené en coopération étroite  – et rare pour l’académie israélienne – avec les autorités religieuses.

Pour Carmela Yaacobi  Wolf, directrice du département, l’objectif est de créer une communication entre les espaces publics de demain et les étudiants en architecture intérieure. Et pour que cette communication ne soit pas théorique, une collaboration s’imposait. Une concertation que le rabbinat veut même aujourd’hui concrétiser. ” Dans la construction des prochains mikvé, nous prendrons en compte les travaux de certains étudiants. C’est un regard nouveau, créatif, innovant.”

Et mes deux conclusions. Un, certains rabbins de l’orthodoxie savent oser. Deux, si ces modèles sont bel et bien construits, le Mikvé se fera un peu plus convaincant et séduisant.

Carmela Yaacobi Wolf, directrice du département de design

 

Le Mikvé d’Assaf Ohayon – juillet 2013

 

Le Mikvé de Liat Pinto – juillet 2013

Le Mikvé de Reut Levy – juillet 2013

 

Israël et le légume start up

 

Le comble du génie c’est de prendre un domaine aussi ancestral que le légume est d’en faire un produit high tech qui rapporte des millions.

J’étais cette semaine au parc des expositions de Tel-Aviv, à AgroMachov, le rendez vous annuel des agronomes israéliens et de la R&D dans le domaine de l’agriculture.   Le clou de l’exposition, des légumes de forme bizarre, de couleur chamarré. Dans les serres-laboratoires du Néguev, de l’Arava ou de la plaine du Sharon, les ingénieurs agronomes inventent des nouveaux fruits et légumes pour vendre ensuite l’idée et les graines à prix d’or. Comme la nouvelle mini-pastèque toupie, photographiée dans le panier. Les entreprises chinoises envoient leurs délégués. Un “espionnage industriel” qui n’émeut guère les inventeurs israéliens. ” Ils peuvent photographier mais ne découvriront pas avec leurs clichés le secret du goût sucré, oncteux, unique de nos fruits et légumes.” explique un ingénieur. Et pour revenir au coté start-up, selon le ”The Marker”, les nouveaux fruits et légumes représentent à l’exportation un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions de dollars.

Waze n’a pas l’exclusivité du génie israélien…

 

 

Douze choses que vous aimeriez savoir sur Waze

Google vient d’acheter Waze pour plus d’un milliard de dollars. Voici douze choses – certaines inédites – que vous aimeriez savoir sur la start up qui a inventé le GPS communautaire et convaincu plus de 50 millions d’utilisateurs dans le monde de l’efficacité de ce service  de cartographie et de navigation GPS made in Israël.

 

  1. Ehud Shabtai, qui a inventé la technologie Waze est diplômé en sciences de l’informatique de l’Université de Tel-Aviv,- normal, classique – mais aussi de philosophie…
  2. Waze est né de l’achat d’un GPS. En 2004, la petite amie d’Ehud, lui fait cadeau un GPS. Pas assez fiable pour l’ingénieur en herbe. ” Lorsque je sillonais les routes d’Israël, je voulais avoir des données sur les embouteillages, les travaux et les voitures de police”. Ehud trafique le GPS, rajoute des fonctions, implique des copains. Waze est né.
  3. Le premier nom de Waze, LinkMap
  4. Depuis l’âge de 20 ans, Shabtai est un leader dans la communauté du code ouvert
  5. Si vous avez une start up et vous cherchez des investisseurs, voici des fonds qui ne se trompent pas. Ils ont investi dans Waze 66 millions de dollars, Blue Run Ventures, Magma Venture, Vertex Venture CapitalKleiner Perkins et Horizon Ventures. Ils récupéront aujourd’hui, après la vente à Google, plus de 400 millions de dollars.
  6. Waze est basé à Raanana
  7. Ehud Shabtai recevra 60 millions de dollars,  Noam Bardin, Pdg de Waze et les trois autres fondateurs de la société augmenteront leur compte en banque de 30 à 10 millions de dollars chacun.
  8. La direction de Waze est très ”social oriented”. Les cent dix  employés de Waze, de la femme de  ménage au directeur financier en passant par les secrétaires et ingénieurs se partageront 55 millions de dollars. Quelques uns de ces 110 employés sont originaires de France.
  9. Google a acheté cash. Facebook proposait 60 % en liquide et 40 % en actions. Google versera cette semaine dans le compte en banque de Waze, 1.1 milliard de dollars.
  10. Pourquoi Google n’avait pas d’autres choix que d’acquérir Waze: lorsque les ingénieurs du moteur de recherche ont découvert Waze, ils ont analysé, décodé et ont compris rapidement que Waze était basé sur des algorithmes  essentiels pour développer le Google Map et la stratégie du “mobile first”. Certains de ces algorithmes étaient déjà étudiés par Google. Mais un peu trop tard. Bien conseillé, Waze avait inscrit les brevets et devenait ainsi incontournable dans la cartographie mobile.
  11. Shabtai a refusé catégoriquement l’accord presque achevé avec Facebook, qui exigeait que le centre de développement se déplace d’Israël vers la Silicon valley californienne.
  12. Le sujet a aussi été soulevé lors des dernières semaines des négociations avec Google. Mais le géant du web a compris que les Israéliens ne céderaient pas et n’abandonneraient pas le soleil israélien pour le soleil californien.

Conclusion, à Waze on est très business, très high-tech, très “social”, très israélien et très sioniste.

L’aéroport de Haïfa, Joseph Kessel et 17 monomoteurs

C’était le 15 mai 1948. Le jour de la déclaration de la création de l’Etat d’Israël, Joseph Kessel se posait avec son avion sur l’aéroport de Haïfa et recevait le premier visa du tout nouvel État et le tampon arborait le chiffre Visa numéro un. L’aviateur et grand reporter venait alors couvrir la création de l’Etat hébreu pour son journal, France-Soir.

65 ans plus tard, ce sont 45 aviateurs français et belges qui se posent sur le même aéroport avec leur 17 monomoteurs. Ce rallye aérien (4 – 12 juin),  baptisé voyage pour la paix, initié par Roby Spiegel, un des leaders de la communauté juive de Belgique et par l’Association Aéro-France, amène en Israël, 45 pilotes, 3 environ par monomoteurs, tous membres d’aéroclubs français, certains hommes d’affaires européens connus. Symboliquement, les avions feront le trajet Haïfa – Massada, lieu emblématique de l’histoire juive. Leur devise est celle des Trois mousquetaires et au fond aussi la devise millénaire du peuple juif: « Un pour tous , tous pour un » et une autre de leur devise aussi très israélienne, « promouvoir, amplifier, rapprocher, renforcer.  Ils ont déjà été un peu partout dans le monde, en Espagne, Italie, Maroc, Sénégal, Pays Baltes, Tunisie, Libye,Grèce, Liban et maintenant donc en Israël.

 

Michloa’h Manote écologiques

 

Pourim aujourd’hui en Israël et dans le monde juif. Cette fête où Israël marque le succès de la reine Esther et de Mordehaï face à Aman, du peuple juif contre Amalek, l’ennemi qui veut la destruction totale, sanguinaire, pernicieuse d’Israël, prend encore cette année, une signification douloureuse, après les événements dramatiques que vient de vivre Israël

Et pourtant, malgré la peine et la douleur, le peuple juif  continue et fête aujourd’hui Pourim. Une des traditions de la fête de Pourim est d’envoyer des Michloa’h Manote comme il est écrit dans la Méguila d’Esther

“Mordehaï mit par écrit ces événements et expédia des lettres à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi Assuérus,  leur enjoignant de s’engager à observer, année par année, le quatorzième jour du mois d’Adar et le quinzième jour,  c’est-à-dire les jours où les juifs avaient obtenu rémission de leurs ennemis, et le mois où leur tristesse s’était changée en joie et leur deuil en fête à en faire des jours de festin et de réjouissances et une occasion d’envoyer des présents l’un à l’autre et des dons aux pauvres. ” Meguila d’Esther, 9, 20- 22

 

Conformément aux directives de Mordehaï, le 15 du mois juif d’Adar, jour de Pourim, les israéliens qui raffolent des cadeaux, des fêtes et des victuailles s’en donnent à cœur joie, et envoient ces présents, ces Michloa’h Manote ( textuellement envoie de portions) les uns aux autres.

Les uns aux autres est il écrit dans la Méguila d’Esther. Faîtes les comptes, lorsqu’un million de familles – au moins –  envoie ces cadeaux enrubannés à amis et familles, sans compter les enfants qui eux aussi veulent suivre les directives de Mordehaï et envoient leur “portions” sucrées à leurs copains, cela fait quelques millions de paquets  cadeaux qui circulent en Israël en quelques heures.

Très sympathiques ces paniers enrubannés, enveloppés de cellophane vaporeux et  emplis de bonbons, confiseries, et gâteaux mais coté santé et écologie…

Dans la petite localité où j’habite, des femmes ont eu l’idée de remplacer cette orgie de sucreries par des dons aux personnes déshéritées, les cadeaux de Pourim, oui mais sans exagération.  “ La loi juive, exige pour Pourim d’envoyer ces cadeaux à deux personnes. Pas plus. explique Yaël, une des responsables du projet. Pour les autres amis, place au génie juif de l’informatique et de la charité.  ”

Quelques semaines avant la fête de Pourim, chaque famille reçoit une liste de toutes les familles de la communauté et choisi ces familles à qui elle désire envoyer un Michloa’h Manote . Le coût, quelques dix shekels par famille. Il y a même une assurance ”ne soyez pas dans l’embarras”, au cas où vous auriez oublié de noter une famille qui  elle ne vous as pas oublié. Le jour de Pourim, chaque famille reçoit un unique mais énorme paquet accompagné de la liste des familles qui ont envoyé ce Michloa’h Manote nouvelle version, virtuel, communautaire, écologique . Chacun sort gagnant de l’histoire. Des pauvres reçoivent un chèque conséquent. (Car de facto, la participation de chaque famille dépasse de loin le coût du cadeau unique)  Coté écologie, moins de papiers et de ruban. Coté santé, pas de visites chez le dentiste au lendemain de Pourim.

 

Presse juive du passé

Hier soir à Jérusalem, dans la Bibliothèque nationale  a été lancé un des projets les plus ambitieux  de l’histoire de la presse et du peuple juif. Non je n’exagère pas.  Plusieurs centaines de milliers de pages de journaux juifs datant du 19 et 20è siècle ont été scannées et mises en ligne sur ” Jpress, Presse juive du passé”.

” Nous avons voulu permettre à tous,  chercheurs, élèves et grand public, l’accès libre à une des sources essentielles du monde juif ”  a dit le directeur de Bibliothèque nationale d’Israël qui avec l’Université de Tel Aviv a pris l’initiative de ce projet. 400.000 pages d’une vingtaine de journaux, certains rares et dont l’accès était impossible. L’objectif est d’arriver à mettre en ligne, un million de pages d’ici 2012.  

Le site est aussi révolutionnaire, dans sa forme. Un moteur de recherche permet d’arriver en quelques secondes à n’importe quelle page de ces journaux, qui ont du être rénovés et préparés à ce traitement technologique. Pas toujours simple, lorsqu’il a fallu trouver un processus commun pour mettre en ligne des journaux en yiddish, en ladino, en hébreu, en français, en anglais et en judéo-arabe.

Le résultat. Passionnant et dangereux coté nuit blanche. J’ai passé  des heures à “feuilleter”  les pages de ces journaux qui ont fait l’histoire, du Davar de 1925, du Palestine Post du 15 mai 1948, du journal de la communauté juive marocaine des années 20, du Lebanon de 1880, avec des pages délicieuses sur une réalité oubliée. Tout d’un clic. Les historiens ont certainement du matériel en or et nous, internautes, des heures de plaisir.  

Le site ,  www.jpress.org.il,  est accessible aussi en français. Le site consacre plusieurs pages pour expliquer les enjeux, la problématique et  les défis techniques de cette entreprise.