Tout ce que vous auriez aimé savoir sur Naftali Bennett

 

Que l’on soit à gauche ou à droite de l’échiquier politique israélien, que le nouveau ministre israélien de l’industrie et  numéro un du ”Bait Hayeudi”, le Foyer Juif, suscite l’admiration, l’appréhension ou la colère, chacun s’entend pour qualifier l’arrivée de Bennett sur la scène politique israélienne avec celle de Yair Lapid,  comme un des phénomènes majeurs des législatives 2013. Jouissant d’ancrages profonds dans la société israélienne, incarnant  les aspirations  de beaucoup de jeunes  –  le retour aux sources juives, un judaïsme modéré et conciliant, un dialogue entre religieux et laïcs, une méfiance combattive face aux Palestiniens –  le jeune homme timide de Haïfa, devient un des hommes forts du 33è gouvernement d’Israël.  Voici donc résumé quelques données ” que vous auriez aimé savoir ” sur Bennet.

Naftali Bennett est né le 25 mars 1972 à Haïfa.

Ses parents

Bennet est le cadet d’une famille de trois enfants. Asher, homme d’affaire installé en Grande Bretagne et Dan, expert-comptable dans une grande société israélienne. Ses grands-parents maternels et paternels d’origine polonaise et allemande ont immigré aux Etats Unis avant la deuxième Guerre mondiale, et une partie de la famille restée en Europe a péri dans la Shoah.

Immigré des Etats-Unis, de San Francisco, en 1968, ses parents se sont installés à Haïfa. Après plusieurs misions aux Etats-Unis et au Canada, son père a fait fortune en achetant et revendant des terrains immobiliers. Sa mère était secrétaire de l’association des immigrants d’Amérique du nord.

Ses parents habitent aujourd’hui une villa spacieuse dans l’élégant quartier de la rue Freud de Haïfa

A l’origine laïque, la famille s’est progressivement rapproché de la tradition et les enfants Bennett dans une école religieuse ouverte de Haïfa où garçons et filles étudiaient côte à côte, contrairement à la majorité des écoles religieuses en Israël.

La famille de Bennet a toujours voté à droite, Thria; un ancien parti situé à droit du Likoud, la bourgeoisie immigrée des Etats-Unis, très sioniste et nationaliste, très intellectuelle, avec une bibliothèque immense, qui occupe le centre de la maison familiale. ” Les lettre de Yoni Netanyaou, le célébre livre du frère de Benjamin Netanyaou était son livre de chevet.”

L’adolescence

Bennett était membre très actif dans le mouvement de jeunes religieux, Bné Akiva.

Tsahal

Naftalie Bennet doit une partie non négligeable de son image de marque auprès de la jeunesse à son service dans , une des unités d’élite de l’armée israélienne

L’argent et la high tech

Bennet doit aussi son ancrage au sein de la jeunesse israélienne à son passé de génie de la high tech. Il avait en effet réussi un exit spectaculaire en vendant pour 145 millions de dollars à  à des investisseurs américains, Cyotta, une start up créée avec quatre copains – dans un jardin public de Jérusalem !! – et spécialisée dans la lutte anti-fraude sur le Web . Selon les rumeurs, Bennett aurait personnellement gagné quelques 4 à 5 millions de dollars de cette affaire.

La direction du Conseil de la Judée et Samarie

En janvier 2010, Bennett a été nommé directeur du Conseil de la Judée et Samarie. Selon l’équipe dirigeante du Conseil, des conflits politiques ont très vite éclatés entre Bennett et la direction du Conseil. Bennett parlait marketing, high tech, voulait lancer un modèle de modernisation du concept des implantations et s’opposait aux ”durs”. Ce décalage idéologique d’alors permet de comprendre aujourd’hui les critiques contre Bennet dans les milieux de la droite.

Ses opinions politiques

  • Si l’on en croit ses déclarations à la presse, Bennet veut garder sous le contrôle d’Israël presque 90 % du territoire de la Cisjordanie
  • Après l’assassinat d’Itshak Rabin, il a ôté quelques mois sa kippa
  • Sur l’évacuation d’une implantation, Bennett a déclaré dans un entretien télévisé qu’il ne pourrait pas exécuter un tel ordre, avant de revenir sur ces appels à la désobéissance et de rectifier le tir en déclarant “un soldat doit obéir aux ordres.”
  • Il a toujours parlé de la nécessité de lutter contre les monopoles, contre la cherté de la vie. Aujourd’hui ministre, prouvera t-il sa capacité à réaliser ce programme .

Sarah Netanyaou

Les relations houleuses entre Sarah Netanyaou et Naftali Bennett ne sont un secret pour personne, et ce bien avant le début de la carrière politique de l’ancien collaborateur de Benjamin Netanyaou. Selon les cancans politiques, Bennett aurait été limogé du bureau du Premier ministre en raison de ses accrochages répétés avec Sarah. Bennett qui contrôlait alors l’emploi du temps de Netanyaou n’aurait pas pris en compte les désiratas de son épouse. Vrai ou faux? Compliqué de connaître la vérité. Mais Bennett lui même a prononcé une petite phrase pendant la campagne électorale. ” Moi et Sarah, nous étions ensemble dans un cours de la terreur…” Récemment les relations houleuses se seraient faites amicales, poste ministériel oblige…

Sa femme et ses enfants

  • Bennet a quatre enfants, deux garçons et deux filles. Le dernier a quelques mois, l’ainé,   huit ans
  • Le nom de l’aîné, Yoni lui a été inspiré par Yoni-Yonathan Netanyaou, frère de Benjamin Netanyaou, tué lors de l’opération d’Entebbe.
  • Il a rencontré sa femme Guila, de cinq ans sa cadette de moins  l’armée, alors qu’il effectuait une période de réserve et donnait des conférences devant les soldats.
  • Dans une interview à la deuxième chaine de la  télévision israélienne, Guila  s’est insurgé des potins, cuisine non cacher, et shabbat peu orthodoxe. Originaire d’une famille laïque, elle est progressivement devenue religieuse; “religieuse moderne, light” précise t-elle.
  • Elle aime la cuisine, gourmet, a même créé une usine de glace ”sans lait”, fermée rapidement par manque de rentabilité
  • Mais les desserts, et les mets gourmets sont sa spécialité et reste sa passion
  • En attendant, elle étudie  actuellement dans l’Institut Adler, spécialisée dans l’éducation informelle des parents.

Ses déclarations  célèbres

  • ” Mr Tibi,” s’adressant au chef de file du principal parti arabe israélien, “vous devez comprendre une bonne fois pour toutes, ces terres de la Judée et Samarie là sont à nous. A nous. A nous et à nous seulement.”
  • Un journaliste lui pose une question qu’il n’apprécie pas”Je ne répondrais pas à cette question”. Le journaliste insiste ” Yedidi, mon ami, je ne répondrais pas à cette question”
  • Quel est l’israélien par excellence, la réponse de Bennet ”Yair Lapid”  ( Makor Rishon le 15 mars 2013)
  • Ou aurait il vécu mis à part Israël ” Uniquement en Israël”
  • Que ferait il de 24 heures de liberté ” J’irais face à la mer avec plein de livres”
  • Quel est le moment le plus agréable de la semaine ” Le vendredi après midi, lorsque le stress de la semaine s’éloigne et laisse place à la sérénité du shabbat”.

Et pour bientôt chers amis, si je trouve quelques heures de liberté dans l’emploi du temps pré Pessah…. Tout ce que vous auriez aimé savoir sur Yair Lapid

Une heure avec le Rav Sherlo

Le Rabbin Sherlo charismatique, éducateur, intellectuel, la quarantaine à peine dépassée est un des nouveaux leaders de la jeunesse religieuse sioniste. Sherlo avec d’autres rabbins, a fondé Tsohar, dans le but de renforcer le courant des «  kippas tricotées « , surnom, donné ces dernières années au courant du judaïsme religieux sioniste, volonté de se démarquer des « kippas noires «  des tenants du courant ultra orthodoxe.

Sherlo représente la nouvelle tendance des rabbins du courant religieux sioniste, qui au nom d’un pragmatisme induit par les événements, tient des discours modérés. L’objectif, calmer le jeu, éviter que les lignes de fractures déjà claires se transforment en plaies béantes.

Comme la plupart des rabbins de son courant, Sherlo tente d’éviter les aspects politiques. « Personne ne sait ce que sera la politique des gouvernements d’Israël dans les prochaines années. Est ce que Gaza n’est qu’un début, ou au contraire est ce que la présence israélienne en Judée et Samarie sera renforcée. Ce qui nous importe aujourd’hui est de redonner un sens, un contenu aux valeurs juives et de dire, après Gaza, nous devons continuer. »

 

Nous devons aussi encourager un dialogue entre religieux sionistes et laïcs. Nous devons par exemple pénétrer le système scolaire laïc,

enseigner dans des écoles laïques et non plus seulement dans des écoles religieuses,  nous devons apprendre à nous connaître, à se redécouvrir.   Nous devons être à la recherche d’un consensus .

Le Rav Kook et l’arabe

100 ans de sionisme religieux, Avi Sagui et Dov Swartz – Editions de l’Université Bar Ilan, 1364 pages

 Cet énorme pavé, rétrospectif historique du sionisme religieux consacre plusieurs chapitres au Rav Kook.  Chef spirituel du sionisme religieux , le Rav Abraham Itshak Hacohen Kook, est né en 1865 à Griva en Lituanie. Il étude dans les grands centres talmudiques d’Europe de l’est avant d’immigrer en Israël en 1904. Elu premier grand rabbin ashkénaze de Palestine en 1921, il fonde en 1924 le centre talmudique du Merkaz haRav, devenu depuis la principale yéshiva des sionistes religieux.

 Le rav Kook

Pour le Rav Kook, le profane et le sacré sont étroitement liés et le rabbin s’oppose donc au monde ultra orthodoxe en appelant à un lien étroit et indicible  entre Tora, Peuple et Terre.  Opposé à la création d’un Israël laïc, c’est lui qui crée le concept en hébreu de l’immigration en Israël, Alya.

 Selon les auteurs de ce livre, le rabbin Kook se serait interessé à la culture du monde arabe et notamment  à la langue arabe.

Des cicatrices dans les âmes

 

Le retrait de Gaza a laissé des cicatrices dans les âmes des adolescents. C’était une après midi brûlante de l’été 2007, quelques deux ans après le retrait de Gaza, sur les pelouses du kibboutz religieux de Hefetz Haim, près d’Ashkelon. Je prépare un papier sur le monde religieux après le retrait de Gaza. Pas un papier politique. Je laisse de coté la controverse politique sur le bien fondé ou non de la politique d’Ariel Sharon pour raconter la détresse personnelle, l’histoire  d’hommes, de femmes et d’enfants bousculés par les courants de l’histoire.

 

Ils ont entre 17, 18, 19 ans. Il y a deux ans ils habitaient le Goush Katif. Ils  sont assis en rond sur les pelouses du kibboutz et tentent de comprendre.  Voici quelques propos que j’ai alors notés:

Noam : « Je devais entrer dans l’armée, dans quelques mois. Je ne peux plus aujourd’hui, je ne me vois pas servir dans une  armée qui a expulsé ma famille de sa maison. Je me sens humilié, trahi, jeté aux loups, rejeté par mon armée, par mon pays. « 

Dan : « Tsahal et nous, c’est fini. Je réfléchis depuis quelques jours et j’ai décidé d’entrer dans une yéshiva pour étudier la Tora, au lieu de servir dans Tsahal. Moi qui étais un fervent de l’Etat d’Israël, du sionisme, je ne me reconnais plus aujourd’hui face à ces valeurs et je me demande si le judaïsme orthodoxe n’est pas plus honnête. L’Etat d’Israël, s’il n’est plus respectueux d’Eretz Israël, de la terre d’Israël doit perdre sa centralité. Comme disent les orthodoxes, comme le pensent beaucoup de juifs en Diaspora, on peut être juif, sans Israël. « Et de sortir de sa poche une kippa noire en enlevant la kippa aux couleurs orange et verte.

Rami : « Tu vas quand même un peu loin. Au lieu de tout briser, nous devons nous poser des questions.  Pourquoi notre combat a t-il échoué, pourquoi n’avons nous pas réussi à convaincre le public et les leaders politiques.

 Nissim : « Depuis la création de l’Etat d’Israël, nous avons vécu comme dans un ghetto au sein de la société israélienne. Des écoles séparées, un mouvement de jeunesse, des quartiers d’habitation à nous, et surtout une appropriation du « grand Israël « , comme si vivre à Ariel ou dans le Goush Katif était plus sioniste que de travailler à Tel-Aviv ou de cultiver la terre du Néguev. «