Herzl et une pièce oubliée à l’origine de la création de l’Etat d’Israël

 

 

Avant d’écrire Le Nouveau ghetto, en octobre 1894, Herzl ne croit pas à la possibilité d’un état juif. Quelques semaines après la rédaction de la seconde version, fin avril 1895, il aura l’illumination qui l’amène à rédiger L’Etat juif.

La pièce vient d’être traduite en français par Yéhouda Moraly et Michèle Fingher et est publiée dans une nouvelle collection : A La redécouverte du théâtre juif animée par les amis du Voyage de Betsalel qui publie également de très beaux livres sur les arts juifs.  

Une pièce de théâtre, essentielle pour comprendre le parcours de Herzl. Avant son écriture en 1894, Herzl pensait que l’assimilation résoudrait le problème juif. L’écriture du Nouveau Ghetto lui montre l’impossibilité de cette solution. Quelques semaines plus tard il rédige l’Etat juif. 

Au-delà du pathétique avocat juif, absurdement tué dans un duel absurde, victime de ses rêves d’assimilation, impossibles, on entrevoit le nouvel homme israélien, création de ce dramaturge devenu prophète, Théodore Herzl.

Yéhouda Moraly répond à nos questions

 

KB : Théodore Herzl était donc un dramaturge ?

YM : On oublie souvent que Théodore Herzl était, avant tout, un dramaturge et un dramaturge célèbre dont les pièces étaient jouées dans les plus grands théâtres viennois.

KB : De quelle sorte étaient les pièces qu’il écrivait ?

YM : C’étaient des pièces gaies faites pour amuser le public : Tabarin, Le petit garçon de maman, Sa Majesté, etc… De 1880 à 1894, c’est presque une pièce par an que Herzl écrit et fait jouer.

KB : 1894, c’est l’année où il arrive à Paris, comme journaliste, envoyé spécial du prestigieux Newe Frei Press.

YM : Oui. Et c’est à Paris qu’il écrit sa plus belle pièce, Le Nouveau ghetto, dont l’écriture va avoir sur lui une impression profonde puisque, avant sa rédaction, en octobre 1894, c’est un Juif assimilé qui ne croit pas au retour des Juifs en Israël et que, quinze jours après la rédaction de la deuxième version de la pièce, il compose L’Etat juif.

KB : Alors que s’est-il passé ?

YM : La pièce est entièrement autobiographique et sa composition a agi sur Herzl comme un processus psychodramatique. Il s’est entièrement projeté dans le héros de la pièce, Jacob Samuel, avocat, comme lui, très admiratif de la culture occidentale et désireux de s’y assimiler autant que possible, comme lui, pas très admiratif des Juifs d’argent ni des rabbins, comme lui, fils unique d’une mère possessive, comme lui et marié à une femme d’un milieu plus aisé que le sien, et qui ne comprend rien à ses états d’âme.

KB : Comme lui. Vous voulez parler de la malheureuse épouse d’Herzl, Julie Naschauer ?

YM : Oui, cette pauvre Julie avec laquelle il ne s’est jamais très bien entendu et dont il a brûlé l’immense fortune pour bâtir son rêve sioniste. Donc, ce double d’Herzl est dans la pièce, trahi par ses amis non-Juifs. Son ami intime, Frantz, adhère à un parti antisémite et ne veut plus avoir de rapports avec lui.  Jacob défend de toutes ses forces, au nom de l’honneur, un aristocrate qui ne voit dans sa conduite qu’une ruse raffinée, le provoque en duel et le tue.

KB : Une pièce terrible, basée sur un fait réel ?

YM : Oui. En 1892, le Marquis de Morès, antisémite ardent, avait provoqué en duel un jeune capitaine juif, Armand Mayer et l’avait tué. C’est l’époque où les aristocrates français provoquent systématiquement les Juifs en duel, un exercice auquel, évidemment, les Juifs sont moins experts.

KB : Alors qu’est-ce qui s’est passé dans la tête d’Herzl ?

YM : Par le biais de son personnage principal qui meurt, victime de ses valeurs occidentales (la noblesse, l’aristocratie des sentiments), Herzl comprend par l’écriture que les Juifs n’ont plus rien à faire en Europe et qu’ils doivent retourner en Israël pour y retrouver une identité perdue.

KB : Une idée neuve à l’époque ?

YM : Pas vraiment, beaucoup y pensèrent déjà. Et en 1894, Herzl avait pu voir une pièce d’Alexandre Dumas fils, La Femme de Claude (1873) où un Juif, Daniel, retourne en Israël pour y rebâtir le pays, accompagné de sa fille. Encore une pièce française, sioniste avant la lettre, qu’il faudrait redécouvrir.

KB : Le Nouveau ghetto a été joué ?

YM : Oui, en 1897, à Vienne et à Berlin. Mais jamais en Israël ou ailleurs. Et pour ceux qui voudraient continuer cette lecture, elle vient d’être publiée dans une collection francophone, « A la redécouverte du Théâtre juif ». Et un article consacré à cette pièce est paru dans une nouvelle revue francophone A la page, Numéro 1.

KB : Et en hébreu ?

YM : Il existe une traduction en hébreu mais qui a été faite en 1898. Une nouvelle traduction vient d’être effectuée –et il faudrait absolument pour rendre hommage à Herzl, ce dramaturge devenu visionnaire, la faire jouer ou au moins s’en souvenir. Bientôt le 27 août, c’est l’anniversaire du premier Congrès de Bâle. Ça serait une bonne occasion pour au moins effectuer une lecture publique, en zoom peut-être, de cette pièce oubliée à l’origine de la création de l’Etat d’Israël.

 

Non au guet-chantage

 

Cette semaine, au Tribunal rabbinique de Tel-Aviv, quatre femmes, deux de Paris, une de Strasbourg et l’autre de New York, ont été libérées.

Elles ont obtenu leur gett, après un combat âpre.

Six ans, quatre ans, 24 mois et 18 mois de souffrance.

Quatre histoires de femmes courageuses qui ont choisi de se battre, de lutter pour leur dignité, leur liberté, leur droit d’être une femme maître de son destin.

Les quatre époux, homme d’affaires, avocat, médecin, influents dans la communauté juive étaient persuadés d’être dans leur bon droit.

L’un d’entre eux est d’ailleurs un des 84 hommes signataires de la pétition de la Wizo pour les agunot !

Il nous a expliqué que ” sa femme à lui, n’était pas une aguna, et pourquoi le fait qu’il n’avait pas donné le guet à sa femme, deux ans après leur séparation, était légitime.”

C’est dire l’ignorance et l’embrouillamini.

” Nous avons un différend sur la répartition du patrimoine.”

” Je ne lui donnerais le gett, qu’après le divorce civil.”

” Elle m’a trompé, alors je ne lui donnerai pas son guet”.

” Je veux la garde des enfants. Donc pas de guet, tant qu’elle ne cédera pas. “

Ces arguments des époux récalcitrants nécessitent quelques éléments de réponse.

Le guet ne peut pas être utilisé comme levier de pression et comme monnaie d’échange dans un conflit sur le patrimoine.

Le guet n’est pas un moyen de punition dans les mains de l’homme parce que sa femme l’a trompé.

Le guet doit être donné sans rapport avec le divorce civil. En France, si une loi exige la tenue d’un mariage civil avant le mariage religieux, Il n’y a pas de loi identique sur le divorce. Par souci, trop strict du respect de dina demalkhouta dina” , les Tribunaux rabbiniques français ont établi une règle, qu’il faut changer si l’on veut mettre fin au “guet-chantage” et au “guet-racket”. Le lien avec le divorce civil est devenu un moyen pour nombre de maris d’extorquer de l’argent, des droits, des avantages.

Donner le guet à sa femme est une mitzva, un commandement biblique. (Dvarim, Deutéronome,24)

Certes, nous dit le cinquième Livre de la Torah, l’homme doit donner le guet de son plein gré, mais il n’est pas écrit que le guet est négociable. Détourner le sens de cette mitzva est une enfreinte grave à la Loi juive.

Les arguments utilisés par ces époux montrent l’urgence d’une clarté dans les messages des dirigeants religieux et communautaires. Le message doit être intelligible et clair.

Je rappelle la position du Rav Shlomo Stassman, un des juges rabbiniques les plus importants et influents d’Israël : “Lorsqu’il n’y a plus de chance de “shalom bait”, de paix dans le foyer, le guet doit être donné immédiatement.”

Haya et le gett impossible

 

Je vous mets souvent au courant d’histoires à succès, de femmes agunot que nous avons réussi à sauver. Et en effet des dizaines et dizaines de femmes ont pu retrouver leur liberté ces derniers mois; Malheureusement, nous avons aussi des histoires nombreuses et dramatiques, sans issue. Ces jours difficiles du mois juif d’Av je partage avec vous, une de ces histoires pour faire entendre la voix de celles qui vivent derrière des barreaux d’acier.

Elle s’appelle Haya (nom d’emprunt). Elle a 28 ans, vit dans un des quartiers orthodoxes de New York avec ses deux filles de 10 et 11 ans, sans espoir de vivre librement. Mariée sans l’être, interdite à tout homme, seule face à son destin.

L’histoire débute il y a douze ans. Ses parents sont en Israël pour quelques mois et réside dans un des quartiers orthodoxes de Jérusalem. Elle a alors 14 ans. Près de leur maison, un homme de 12 ans son ainé, Yaacov, (nom d’emprunt) s’éprend d’elle. Et lorsque la famille revient à New York, Yaacov s’installe lui aussi à New York et réussit à convaincre la jeune fille et sa famille. “Haya est la femme de ma vie”. Elle a 16 ans, il a 30 ans. Au bout de quelques mois, le roman d’amour tourne au cauchemar, violences physiques et morales de plus en plus graves. Le couple se sépare. Haya a 18 ans. Débute alors ce que Haya nomme la “descente aux enfers”. Le divorce civil traine devant plusieurs tribunaux de New York en raison d’appel et contre appels de l’époux. Il ne sera prononcé qu’en 2017, après dix ans de procédure !

Pour le divorce religieux, les choses se compliquent chaque jour. Devant plusieurs Beit Din de Brooklyn, l’époux annonce ouvertement qu’il ne donnera jamais le gett à sa femme. En 2011, alors en vacances en Israël, il est convoqué au Beit Din de Jérusalem, mais en raison d’une erreur grave du dayan d’alors il promet de donner le gett à New York, ce qu’il ne fera évidemment jamais après avoir réussi à quitter Israël en échange d’une caution.

Avec le Beit Din de Tel Aviv nous avons mené de multiples tentatives : pression sur la famille de l’époux, famille connue de rabbins du quartier orthodoxe de Beit Vegan à Jérusalem, des heures de négociations y compris nocturnes entre les juges rabbiniques et l’époux, réfugié entre temps à Los Angeles, pressions financières de toutes sortes, y compris sur ses biens en Israël. Mais rien n’y fait; le scénario cauchemardesque se répète à plusieurs reprises: après des mois de refus ou de silence, ouverture de négociations, l’épouse cède peu à peu sur tout, abandonne ses biens, ses droits à une pension alimentaire. L’époux dit oui puis quelques jours après dit non et clame qu’il ne donnera jamais le gett à sa femme qui restera sa femme à vie …

Haya a 28 ans et face à elle le néant. ” A cause de cette affaire, je ne dors pas la nuit” a dit un jour le dayan de Tel Aviv chargé du dossier. Et il n’est pas le seul.

Crédit photo : Merci à Yad Laisha et à l’actrice Hadar Dadon d’Habima pour l’utilisation des photos. En cas de reproduction de l’article ou-et des photos, obligation de préciser le crédit photo et l’origine : En direct de Jerusalem, le Blog de Katy Bisraor Ayache.

 

La presse en parle…

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J’ai écrit ce livre pour dire l’humanisme, la richesse, l’humour, la poésie, l’intelligence, la modernité et l’universalité de la cérémonie du mariage juif. Et si vous ne l’avez pas encore lu, voici ce que la presse en pense.

 

Pour commander le livre 

 

“Tout sur le mariage juif à travers 400 questions et réponsesTimes of Israel

 

“Avocate auprès des tribunaux rabbiniques, la journaliste Katy Bisraor Ayache dévoile, de façon érudite et accessible, la cérémonie du mariage. Actualité juive

 

Si les livres sur le mariage juif sont légion, chacun avec son cachet spécifique, celui que propose Katy Bisraor Ayache sort assurément du lot. Il s’agit d’une véritable anthologie décrivant exhaustivement les étapes majeures du mariage juif. Le Mariage a en outre la particularité de regrouper des coutumes extrêmement diverses issues des grandes communautés juives du monde. L’auteure, journaliste de profession, a su mettre en œuvre ses compétences et son esprit d’analyse critique pour remonter jusqu’aux sources des lois et des traditions. Sous forme de questions et réponses, cet ouvrage offre ainsi un tour d’horizon complet du mariage ponctué de nombreux proverbes, anecdotes et autres développements plus approfondis. Les recherches très fouillées de ce livre en font une œuvre assurément remarquable”   Hamodia – Guesher.

 

Une véritable encyclopédie sur le mariage ! Kountrass

 

Le livre permet de personnaliser sa cérémonie, d’en faire un jour unique, tout en adoptant des usages qui ont cours dans les communautés juives depuis des millénaires. Une façon de s’affirmer comme juif. Le Jerusalem Post

 

Katy Bisraor nous dévoile dans son livre l’extraordinaire richesse du mariage juif ou se mêlent lois juives et coutumes qui ont traversé de part en part, les communautés sépharades et ashkénazes.  Israel Magazine

 

Le livre qui donne envie de se marier … Radio J

 

Le nouveau livre de référence sur le mariage ”  Desinfos

 

Pour convier les lecteurs à vivre d’une autre manière le mariage, le leur, celui de leurs amis, de leurs enfants, de leurs petits-enfants…” Tribune juive

 

Ce livre est une mine d’or d’information et de connaissance, tous les aspects du mariage sont abordés de la première rencontre, à la cérémonie elle-même, à la semaine de fête qui suit le mariage. Un livre qui a sa place dans tous les foyers. Kol Israël

 

Un ouvrage très complet sur le mariage, ses coutumes, ses règles, ses significationsLPH

 

Un mot : Passionnant…” RJM

 

Le Mariage,

Editions Pardess Création,

589 pages   – 26 €

 

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Le grand-père de Shimon Pérès

 

 

Dans son discours d’investiture à la Knesset, lors de son élection à la Présidence de l’Etat d’Israël en 2007, Shimon Pérès, a raconté , sa dernière rencontre avec son grand-père maternel le rabbin Zvi Hirch Meltzer.

Le rav Zvi Hirch Meltzer, est le descendant du célèbre rabbi Haim de Volozhin, le sage de la ville de Valojyn au tout début du 19e siècle. Sa fille, la mère de Shimon Pérès épouse un des jeunes juifs militant du mouvement sioniste naissant dans la Pologne d’alors. “Nous n’étions pas religieux à la maison, je ne suis pas religieux” a raconté Shimon Pérès, “mais mon grand-père a influencé  toute mon existence, il m’a fait découvrir le monde juif, le monde de la yéshiva, les pages du Talmud, la bibliothèque juive, le judaïsme.”

Un jour, Shimon, avait alors 4 ans, toute la famille sous l’influence du grand-père se rend à Radin, la ville du célèbre Hafetz Haim, qui lui fait une bénédiction, de vivre de longs jours. ” Je crois que je suis arrivé à cet âge,” dit Shimon Pérès, le jour de ces 90 ans, “grâce à la bénédiction du grand sage qu’était le Hafetz Haim”.( Qui s’est d’ailleurs aussi éteint à l’âge de 94 ans, le 24 du mois d’Eloul, exactement comme Shimon Pérès).

En 1934, le père de Shimon Pérès est déjà en Palestine. Shimon, sa mère et son frère, quitte à leur tour la Pologne. Sur le quai du train, le rav Zvi, prend la main de son petit-fils, et lui dit ; “Shimon, n’oublie jamais, tu es juif, Shema Israël, rappelle toi, toujours, reste juif toujours.” 

Je me rappelle encore la voix de mon grand-père “ racontera Shimon Pérès. Son grand-père ainsi que toute la famille de son père et de sa mère furent assassinés par les nazis, quelques années plus tard.

 

Photo Shimon Pérès et sa famille, son grand-père à gauche, Shimon est le troisième enfant debout à droite
Photo – Israel Photo Collection

Le 9 Av : le ménage du Messie

A Katamon, la pierre rosée de Jérusalem plaquée sur les vieux murs de plâtre a métamorphosé les taudis où s’entassaient les immigrants du Maroc dans les années cinquante. Au fil des années, le quartier misérable s’est épris de coquetterie. Les cours avenantes des maisonnettes bordent des ruelles soignées et les galetas ont pris des allures de villas-lego. De la petite pièce grisâtre où Simona, démunie de tout, avait débarqué au début de l’hiver 1953,  il ne reste qu’une photo jaunie d’une famille autour d’un poêle. Aujourd’hui, comme des cubes surmontant d’autres cubes, des pièces avec des balcons rajoutés  s’assemblent harmonieusement au dessus d’un patio fleuri où poussent de  la menthe, du romarin et du basilic. A 92 ans,  Simona est une matriarche de poigne. Elle est surtout une conteuse.

Le jour du 9 Av, elle raconte inlassablement la même histoire. Simona veut convaincre. Avec une anecdote, transmise de mère en fille depuis deux siècles, elle cherche à justifier qu’en ce jour de deuil millénaire, elle entreprend les grands ménages.

” Sur les montagnes de l’Atlas marocain, les Juifs attendaient avec impatience le 9 Av. Les sages ne nous enseignent t-ils pas que le Messie viendra à la fin de cette journée de deuil? Vers midi, après avoir récité avec ferveur les Lamentations de Jérémie, la maîtresse de maison, ôtait brusquement ses vêtements de deuil, jetait de l’eau sur les dalles de sa maison, commençait à astiquer lustres et argenterie, disposait ses marmites sur le feu, enfournait de la pâte à pain et fourrait entre les mains de son mari un pinceau pour repeindre les murs qui avaient eu le temps de se salir depuis Pessah. Le Messie arrivera dans quelques heures et il fallait bien se préparer à l’accueillir.

Vers l’an 1780, le Hida ( Le Hida est l’acronymie de Haïm Joseph David Azoulaï, l’une des sommités rabbiniques du XVIIIe siècle) se rendit au Maroc. Dans un sermon acéré, il s’insurgea contre la tradition de ces grands ménages: « Le Temple brûle et vous osez remettre votre maison à neuf ! Pour ce 9 av, vous resterez en deuil jusqu’à la nuit ».

Le lendemain, le Hida s’arrêtant un moment à l’ombre d’un arbre, surprit une conversation entre deux femmes du mellah : « Le grand rabbin nous interdit de faire du ménage. Il doit savoir que le Messie ne viendra pas cette année. A quoi bon les ménages? Quel chagrin! Quelle déception! »

Le Hida, consterné, se rendit sur le champ chez le rabbin et lui demanda d’annoncer à tous les chefs  de famille que leurs épouses pouvaient… « devaient  balayer, laver, blanchir leur maison car le Messie viendra cette nuit-là…»

Simona est fière et radieuse. Ses arrières petites filles rient aux éclats devant les mimiques théâtrales de leur aïeule. “Mes chéries, mes chéries, n’oubliez surtout pas, lorsque vous serez mariées, avec l’aide de Dieu. Il y a le grand ménage de Pessah, le ménage du shabbat, mais le plus important des ménages de l’année, c’est aujourd’hui, ce jour du 9 Av, le ménage du Messie.”

 

 

 

La victoire de Rita

 

Rita Berkovitch a 83 ans. A 9 ans elle a connu l’horreur des pogroms,  la guerre, les nazis. Elle a vu son père battu. Elle a connu l’effroi face à un nazi. Puis elle est venue en Israël. Elle a aujourd’hui 8 petits-enfants et elle est la reine de beauté d’un concours très spécial organisé chaque année à Haïfa. Miss rescapée de la Shoah. Au début décrié, ce concours a au fil des années convaincu.

Rita le soir de son succès nous a dit : ” C’est notre message. Nous avons connu l’innomable, la mort, la guerre. La vie aussi n’a pas toujours été facile. Ces dernières années, j’ai perdu mon mari, puis mon fils ainé a succombé à un cancer. De la peine terrible, je me suis relevée. J’aime la vie, le soleil, Israël, les enfants dans la rue, mes petits-enfants, leurs amours, leurs combats, leurs rêves. Viva Israël, Vive la vie !!! “

Photo du Haaretz

Lag Baomer en Israël

 

 

La photo, Lagbaomer, sur la place du théâtre Habima au début des années cinquante….

 

Un peu d’histoire, avant de vous raconter les feux de camp, les guimauves, les mariages et les images du Lag Baomer. Entre Pessah et Chavouot, Israël et le peuple juif fête le Lag Baomer,  33 ème jour de la supputation de l’Omer. Lag, les deux lettres hébraïques de lamed et de guimel représentent en guématria,  la numération hébraïque, le chiffre de 33.  Le Lag Baomer est aussi  la Hilloula, l’anniversaire de la mort du rabbi Shimon bar Yohaï,  l’auteur présumé de la Cabale, du Zohar qui a vécu au début du IIe siècle de l’ère chrétienne. Selon certains exégètes, la tradition d’allumer des feux de joie le Lag Baomer symboliserait le feu de la Torah, qui sera révélée lors de la fête de Chavouot. D’autres estiment que la pratique   rappelle l’ancestral allumage des feux de camp pour la néoménie. Et pour d’autres, les feux symbolisent la lumière amenée au monde par la Cabale. Le Lag Baomer, est une tradition relativement récente. La date n’est mentionnée ni dans la Bible, ni même dans le Talmud. Et les premiers témoignages sur cette journée de fête datent de la fin du XVè siècle, où des sages de l’époque, habitant Safed, racontent comment ils se rendaient autour de la tombe du Rabbi Shimon Bar Yochaï à Méron pour y allumer des feux de joie.

  •  Du nord au sud d’Israël, depuis plusieurs semaines, des bandes d’enfants empruntent les chariots des supermarchés pour transporter des planches de bois dénichés sur les sites de construction.
  • Un entrepreneur tente vainement de protéger son chantier et explique aux garnements que les poutres servent à construire des maisons et pas à être brûlées dans les feux du Lag Baomer.
  • Le ministre de l’éduction confie à son équipe ses inquiétudes. “Nos enfants allument des feux de joie sans savoir pourquoi.”
  •  Les Verts appellent à abandonner cette tradition trop polluante. La pollution quadruple la nuit du
    Lag Baomer
  • A Méron, devant la sépulture de Rav Shimon bar Yohaï, des femmes allument des bougies sur d’immenses plateaux emplis de sable blanc.
  • Toujours à Méron, en l’honneur de sa première coupe de cheveux, un garçonnet de trois ans goute un gâteau au miel. C’est la cérémonie traditionnelle du “Halaké”. Mais les hassid, savent ils que le mot vient de l’arabe? Halaké, couper, raser en arabe…
  • La nuit du Lag Baomer, une photo prise par un satellite, montre Israël illuminé de milliers de points de lumière — autant de feux de joie.
  • Voile blanc, musique et émotions, dans les salles de fête, c’est la nuit des mariages.
  • Du nord au sud d’Israël, on se régale autour des  feux de joie, de pomme de terres cuites à la braise et de guimauves blanches, grillées à plaisir. Lag Baomer en Israël

Chers abonnés de mon Blog, pour tout vous dire, je n’ai pas eu le temps ces derniers jours d’écrire mais pour ne pas manquer le lag baomer, je remets en ligne un des papiers que j’avais déjà publié.

Yom Hashoah, les chiffres de la honte

 

189.000 survivants de la Shoah vivent aujourd’hui en Israël. Deux tiers sont des femmes. L’âge moyen des rescapés est de 83.3 ans. 13 % ont plus de 90 ans. Chaque jour, 40 d’entre eux  décèdent.

Ces rescapés sont pauvres et seuls : un quart vit sous le seuil de la pauvreté avec un revenu mensuel de 3000 shekels, moins de 750 euros. 30 % ont renoncé plusieurs fois à acheter des vivres et 25 % des médicaments.  27 % ont souffert du froid  cet hiver. 45 % disent souffrir de solitude, reçoivent des visites épisodiques de leur famille ou n’ont pas de famille. 36 % vivent seuls, sans aide aucune. (Ces chiffres publiés aujourd’hui par le Fond d’aide aux rescapés de la Shoah montrent une aggravation inquiétante de la situation comparée à l’année dernière)

Comme chaque année, une semaine avant le jour du souvenir pour les soldats et les festivités de l’Indépendance, Israël se souvient de l’innommable. Mercredi soir débutera le Yom Hashoah. Pendant 24 heures, des cérémonies, des minutes de silence, et des discours poignants. Mais pourquoi, les  ministres des finances, de Shalom à Lapid en passant par Chetrit, Olmert, Peres et Netanyaou n’ont-ils pas trouvé une solution à cette situation intolérable ? Pourquoi ceux qui ont échappé à l’enfer doivent-ils aujourd’hui souffrir de froid ?

La pauvreté en Israël est toujours  inacceptable. Mais lorsqu’elle touche à des rescapés de la Shoah, elle est une ignominie et une abjection.

Quant se lèvera-t-il un homme politique, ou une personnalité juive de Diaspora pour dire :  nous ne voulons plus d’une telle immoralité dans l’Etat juif ?

 

Et si nous chantions un poème ashkénaze du XIe siècle…

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La Bibliothèque nationale d’Israël présente cette semaine un parchemin unique d’un poème liturgique datant du XIe siècle. découvert en Allemagne et rénové depuis plusieurs mois par les chercheurs de la Bibliothèque.

Dans un hébreu  châtié, avec un ton emphatique, poétique et lyrique, le rav Menahem Ben Makir, un des premiers poètes liturgiques du monde ashkénaze décrit le service sacerdotal pendant la fête de Souccot et surtout le pèlerinage vers Jérusalem, les hommes, les femmes, la foule, l’émotion.

L’évènement est majeur, explique le directeur de la Bibliothèque nationale; ce n’est pas un simple parchemin, comme nous en recevons chaque semaine à la Bibliothèque. A travers ce poème, l’écriture, les formules, c’est toute la naissance de la liturgie ashkénaze que nous découvrons. Il faut se rappeler qu’à cette époque, le tout début du XIe siècle, le monde juif ashkénaze n’était encore qu’au tout début de son éclosion.

Plusieurs jeunes artistes et compositeurs ont été conviés pour proposer des mélodies. L’objectif, faire revivre cet écrit juif antique.

Et pourquoi pas le buzz des prochains mois. Ety Ankri avec les poèmes de Yehuda Halevy et David D’or avec les Psaumes de David n’ont-ils pas donné l’exemple.