New Family, New Ketouba?

Irit Rozenblum, avocate, dirige l’organisation New Family qui prône une libéralisation du mariage et l’institution du mariage civil. Sachant que j’étudie depuis quelques mois les lois du mariage juif et du divorce elle m’a transmis ce matin les résultats d’une enquête réalisée par son organisation.

“Une majorité de jeunes couples signent des contrats de mariage. Le  traditionnel contrat de la ketouba n’est plus suffisant pour faire face aux défis d’un couple moderne estime Rozenblum. Un avis partagé par 68 % des couples laïcs, 54 % des couples traditionnels et encore plus surprenant par 15 % des couples orthodoxes. Bien que les chiffres officiels n’existent pas,  nous estimons que près de 80 % des couples non religieux signent un contrat de mariage avant le mariage, contrat gérant les questions financières.

Certains contrats comportent même une clause, faisant référence à un éventuel refus de l’époux d’accorder le divorce, le guet. Le contrat garantit automatiquement ce droit pour protéger la femme du statut d’Aguna. Ce statut spécifique au droit juif est celui d’une femme qui ne peut se remarier en raison du refus du conjoint de lui accorder le guet ou si son mari a disparu sans laisser de traces.

J’explique à Rozenblum que cette clause divise le monde religieux.  Les tribunaux rabbiniques orthodoxes refusent pour l’heure une telle cause, alors que certains rabbins de la tendance sioniste religieuse l’accepte.

New Family s’attaque aussi au coût de l’inscription au mariage en Israël. Une entreprise financière fructueuse pour le rabbinat avec des revenus de près de 60 millions de shekels par an, 9.5 millions d’euros environ selon l’évaluation de New Family. Les frais d’inscription au mariage sont en Israël de 140 dollars, moins qu”en Autriche ( 180 $ ) mais nettement plus qu’en Grande Bretagne ( 57 $  ) qu’à Chypre, ( 88$  ) qu’en Allemagne( 53% ) , qu’aux Etats Unis ( 25 $  ) et bien sûr qu’en France où l’inscription au mariage civil est gratuite.

Y a-t-il une liberté de la presse en Israël ?

HAARETZIsrael HayomYedihotmaariv

 

Je sais qu’en écrivant ce Post, je prends le risque de mettre en colère plusieurs de  mes confrères. ” Katy, tu te trompes, tu exagères, tu comprends mal ” m’ont répondu maintes fois des journalistes des grands journaux, lorsque je présentais les limites de la liberté de la presse en Israël. J’accepte les critiques. Mais je persiste et j’accuse.

 

Les trois grands journaux du pays sont la propriété de trois familles qui  défraient la chronique des pages people, ce qui en soit pourrait être sympathique. Ces trois familles concentrent surtout à elles seules un pouvoir  qui nuit à une liberté réelle de la presse. Notamment sur la couverture économique et sociale, la presse israélienne est prisonnière d’une élite. Le pouvoir de ces trois familles s’est renforcé ces dernières années avec des prises de participations dans les médias électroniques, TV et web.

 

Le Yedihot, premier journal du pays appartient à la famille Moses. Ce groupe de presse, à travers maintes publications, le journal féminin La Isha et la chaine de journaux locaux, est devenu un empire financier et politique. Le journal a mené ces dernières années des enquêtes et révélé des scandales qui ont changé le cours de la vie politique. Comment les thèmes des enquêtes ont-ils étaient choisis.  Difficile de le dire. Et une question. Pourquoi le journal fait-il preuve de partialité “sympathique” envers Silvan Shalom. Shalom pour les lecteurs de mon blog qui ne sont pas dans la confidentialité des potins mondains est marié avec une des héritières de l’empire de presse, Judy Shalom Nir Moses, elle même journaliste célèbre.

 

Une autre grande famille, la famille Shoken, d’origine allemande, contrôle le Haaretz. Fondé avant même la création de l’Etat d’Israël, le Haaretz est le journal de référence, intellectuel avec un poids énorme dans les combats politiques. Résolument à gauche, anti-clérical virulent, le journal a doublé cette puissance dans le domaine des idées d’un pouvoir financier grâce à un puissant réseau de journaux locaux.

 

Le concurrent du Yedihot, le Maariv, a été racheté par une autre grande famille, qui contrairement aux familles Moses et Shoken est relativement nouvelle dans le club des élites. Les Nimrodi, d’origine iranienne ont   fait leur fortune dans de juteuses affaires de ventes d’armes avant d’investir dans l’assurance et la presse.

 

Dans ce contexte, l’expérience du Israël Hayom, est comme une bouffée d’air. Avec un modèle fort différent – le journal est distribué gratuitement – ce journal menace de ravir le tirage du Maariv et couvre l’actualité avec une équipe de journalistes célèbres, lassés de dépendre des états d’humeurs des magnats de la presse familiale.

L’empire de la famille Ofer

 

 ” Une cinquantaine de grandes familles dirigent le pays, c’est bien là notre drame ” m’explique une Pdg issue d’une de ses familles et qui a choisi de rompre l’alliance familiale pour se lancer dans une propre aventure de création d’un journal aujourd’hui leader dans le domaine du loisir et de la télévision.

Beaucoup d’encre a déjà coulé sur l’élitisme de la  société israélienne. Les rouages de l’économie, de l’industrie et de la presse sont contrôlés par quelques grandes familles, la plupart implantées en Palestine britannique, avant la création de l’Etat d’Israël.

couverture du Globes sur la famille Ofer

La famille Ofer est une de ses familles. Sur la promenade des bords de mer d’Herzliya, les bureaux  des  ” Frères Ofer  ” surplombent la plage. Dans les salons , des tableaux  d’art, échantillon de la Collection Ofer, une des plus importantes collections privées en Israël de tableaux d’art moderne  dont la  valeur est estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Les frères Sami ( 80 ans )  et Yuli ( 78 ans ) Ofer ont une fortune personnelle évaluée à près de deux millards de dollars et le groupe contrôle des biens et sociétés à travers le monde évalués à plus de 15 milliards de dollars.

Deuxième famille d’Israël après la famille Arisson, les Ofer doivent leur fortune à Yossef Herzkovitch, le fondateur de la dynastie. Sioniste, immigré de Roumanie en 1924 avec sa femme qui venait d’accoucher de leur troisième fils, Herzkovitch repére les besoins de la Palestine d’alors, du nouveau yishouv juif, de l’intérêt grandissant des grandes puissances et devient un des principaux armateurs de l’Etat d’Israël en marche, représentant des grandes compagnies maritimes internationales, fournisseur du nouveau port de Haifa.

En 1950, la famille achéte son premier bateau de transport, le premier de la  flotte Ofer. Présent principalement sur le marché local jusqu’à la fin des années 60, les frères Ofer exploitent les opportunités économiques des lendemains de la guerre de 67 et se lancent dans des acquisitions en Europe d’abord, aux Etats Unis et en Asie ensuite. L’ empire prend désormais forme.

 

 Cette puissance à l’échelle planétaire, la famille décide de l’investir  en Israël. Armateurs, banquiers et industriels, les  Ofer contrôle près d’une vingtaine de firmes, parmi les plus influentes du pays et notamment,  les Industries de phosphate et de minéraux de la Mer morte et la société de navigation israélienne Zim. L’empire semble depuis quelques mois rencontrer certaines difficultés en raison de la crise. Mais les analystes continuent à miser sur la solidité du groupe, en raison d’un cash flow disponible fortement positif et  d’un chiffre d’affaires supérieur à 15-20 milliards de dollars.

Yuli et Sami  Ofer préparent aussi la passation du pouvoir à la jeune génération. Leurs enfants occupent des postes clés. Eyal, Liora, Doron et  Idan Ofer agés de 40-50 ans sont des noms à retenir pour comprendre l’économie israélienne de demain.