Feux de joie, gimauves, halaké et voile blanc

 

 

Un peu d’histoire, avant de vous raconter les feux de camp, les guimauves, les mariages et les images du Lag Baomer. Entre Pessah et Chavouot, Israël et le peuple juif fête le Lag Baomer,  33 ème jour de la supputation de l’Omer. Lag, les deux lettres hébraïques de lamed et de guimel représentent en guématria,  la numération hébraïque, le chiffre de 33.  Le Lag Baomer est aussi  la Hilloula, l’anniversaire de la mort du rabbi Shimon bar Yohaï,  l’auteur présumé de la Cabale, du Zohar qui a vécu au début du IIe siècle de l’ère chrétienne. Selon certains exégètes, la tradition d’allumer des feux de joie le Lag Baomer symboliserait le feu de la Torah, qui sera révélée lors de la fête de Chavouot. D’autres estiment que la pratique   rappelle l’ancestral allumage des feux de camp pour la néoménie. Et pour d’autres, les feux symbolisent la lumière amenée au monde par la Cabale. Le Lag Baomer, est une tradition relativement récente. La date n’est mentionnée ni dans la Bible, ni même dans le Talmud. Et les premiers témoignages sur cette journée de fête datent de la fin du XVè siècle, où des sages de l’époque, habitant Safed, racontent comment ils se rendaient autour de la tombe du Rabbi Shimon Bar Yochaï à Méron pour y allumer des feux de joie.

  •  Du nord au sud d’Israël, depuis plusieurs semaines, des bandes d’enfants empruntent les chariots des supermarchés pour transporter des planches de bois dénichés sur les sites de construction.
  • Un entrepreneur tente vainement de protéger son chantier et explique aux garnements que les poutres servent à construire des maisons et pas à être brûlées dans les feux du Lag Baomer.
  • Le ministre de l’éduction confie à son équipe ses inquiétudes. “Nos enfants allument des feux de joie sans savoir pourquoi.”
  •  Les Verts appellent à abandonner cette tradition trop polluante. La pollution quadruple la nuit du
    Lag Baomer
  • A Méron, devant la sépulture de Rav Shimon bar Yohaï, des femmes allument des bougies sur d’immenses plateaux emplis de sable blanc.
  • Toujours à Méron, en l’honneur de sa première coupe de cheveux, un garçonnet de trois ans goute un gâteau au miel. C’est la cérémonie traditionnelle du “Halaké”. Mais les hassid, savent ils que le mot vient de l’arabe? Halaké, couper, raser en arabe…
  • La nuit du Lag Baomer, une photo prise par un satellite, montre Israël illuminé de milliers de points de lumière — autant de feux de joie.
  • Voile blanc, musique et émotions, dans les salles de fête, c’est la nuit des mariages.
  • Du nord au sud d’Israël, on se régale autour des  feux de joie, de pomme de terres cuites à la braise et de guimauves blanches, grillées à plaisir. Lag Baomer en Israël 

Le danger des mots

 

Sur une radio israélienne religieuse, Micky Levy a qualifié les ultra-orthodoxes de “parasites.” Michaël Levy, ancien patron de la Police est aujourd’hui vice-ministre des Finances et député du parti Yesh Atid de Yaïr Lapid. Levy,  saisissant la gravité de son propos s’est immédiatement excusé. Quelques heures plus tard, il est même monté à la tribune de la Knesset pour de nouveau s’expliquer et s’excuser. ” Je pense que la population ultra-orthodoxe ne peut plus vivre sur le compte de la population qui travaille et fait l’armée. Ils jouissent des droits. Ils doivent aussi assumer les devoirs. Mais je m’excuse sur le terme malheureux que j’ai utilisé.”

Sur le fond l’exigence de Lapid et de Levy est justifiée. L’intégration dans la société moderne est un impératif d’ailleurs accepté par beaucoup de leaders orthodoxes eux mêmes . Je l’ai à plusieurs reprises écrit sur ce Blog, la “révolution” au sein de la société orthodoxe a débuté déjà il y a une dizaine d’années et n’a donc pas attendu le parti de Yesh Atid. Les femmes en perruque dans la hich tech, l’ouverture en série d’instituts para universitaires réservés à cette population, les nouveaux officiers de Tsahal en barbe noire etc. C’est encore peu, c’est lent. Mais les révolutions ne se font pas avec une baguette magique.

Ces dernières semaines se développe en Israël une atmosphère de ”chasse aux sorcières”. Le terme malheureux, digne de la terminologie antisémite et des périodes noires du peuple juif,  utilisé par Levy, n’en est qu’un symptôme.

Si un leader européen ou un journaliste  américain avait traité les Juifs de parasites, imaginez-vous le scandale…Messieurs les députés, faîtes attention à vos propos. La création d’un Israël plus juste, plus égalitaire, plus moderne doit se faire dans le respect de tous.   

65 ans et 65 évènements

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Israël a 65 ans et j’ai choisi pour chaque année un évènement. Très subjectif, évidemment. L’idée m’est venue en préparant des jeux pour la soirée de l’Indépendance. A chacun de choisir, son évènement de l’année. Non pas l’histoire de l’histoire de l’Etat d’Israël mais quelques flashs, quelques instantanés de ces 65 ans

 

1948 Le 14mai David Ben Gourion proclame la création de l’Etat d’Israël

1949 Le 15 octobre le gouvernement décide l’union de Jaffa et de Tel-Aviv

1950 50.000 Juifs du Yémen arrivent en secret en Israël

1951 Le 13 septembre, première ligne d’autobus entre Tel-Aviv et Eilat et neuf heures pour arriver à la ville du sud

1952 Après le décès de Haim Weizman qui était le premier Président de l’Etat d’Israël, Itshak Ben Zvi est élu le 10 décembre, second Président de l’Etat d’Israël

1953 Pose de la première pierre de l’Université Bar Ilan

1954 La bière israélienne Nesher, exporte pour la première fois quelques 100.000 bouteilles vers les Etats-Unis

1955 Les Manuscrits de la Mer morte arrivent en Israël

1956 La Guerre de 1956 éclate à la fin du mois d’octobre. Tsahal occupe, puis se retire du Sinaï

1957 Inauguration du port d’Eilat

1958 Pose de la première pierre du nouveau bâtiment de la Knesset

1959 La marine israélienne acquiert son premier sous-marin

1960 Adolph Eichman est capturé

1961 Le navire Egoz, avec à son bord plusieurs dizaines de Juifs du Maroc fait naufrage

1962 Ouverture au Parc des expositions de Tel Aviv de l’exposition de l’Orient, 800 entreprises de 33 pays sont présentes et les Israéliens sont fiers de ce rayonnement

1963 Création d’une nouvelle ville, Arad

1964 Inauguration du “Movil Haartzi”, l’aqueduc qui traverse Israël du Nord au Sud. L’eau du Lac de Tibériade vers le désert du Néguev

1965 Le Musée d’Israël ouvre ses portes à Jérusalem

1966 Prix Nobel de littérature à l’écrivain Shmuel Agnon et Coca Cola ouvre sa première usine en Israël

1967 Jérusalem est réunifiée

1968 Disparition du sous-marin Dakar

1969 La Cour suprême décide que la Télévision israélienne diffusera le Shabbat

1970 Douze enfants du Moshav Avivim sont tués dans un attentat

1971 Première ligne d’autobus entre Tel Aviv et Sharem El Sheich

1972 Onze sportifs israéliens sont assassinés à Munich

1973  La Guerre de Kippour

1974 21 enfants tués dans un attentat à Maalot

1975 La Tva est instaurée en Israël

1976 Opération Entebbe

1977 Le navire de la paix d’Ebbie Nathan franchi le canal de Suez

1978 Le film “Eskimo Limon” sort sur les écrans et deviendra rapidement le film emblématique des années 80 

1979 Accord de paix entre Israël et l’Egypte

1980  Décès du peintre et  écrivain Nahum Gutman

1981 Bombardement de la centrale atomique d’Osirak

1982 Première Guerre du Liban

1983 Emile Grunzweig militant de gauche est tué lors d’une manifestation de la Paix maintenant à Jérusalem

1984 Un demi-million de personnes au spectacle de Kaveret

1985 Jonathan Pollard est arrêté aux Etats-Unis

1986 Nathan Charansky arrive en Israël et Ron Arad tombe en captivité au Sud Liban

1987 Le club de foot du Betar Jérusalem emporte la Coupe de champion d’Israël

1988 La première Intifada qui a éclaté à la fin de 1987, s’aggrave

1989 Enlèvement et assassinat du soldat Ilan Saadon

1990 Relations diplomatiques avec l‘Urss

1991 Des skuds contre Tel Aviv

1992 Première médaille  olympique pour Israël, médaille d’argent pour Yaël Arad et médaille de bronze pour Oren Smadja

1993 Signature des accords d’Oslo

1994 Accord de paix entre Israël et la Jordanie

1995 Itshak Rabin est assassiné

1996 Visite du premier ministre Shimon Pérés au Katar et dans la principauté d’Oman

1997 La deuxième chaîne de la télévision commence à diffuser

1998 Inauguration des Tours Azrieli à Tel Aviv

1999 Rana Raslan, une arabe israélienne devient Miss Israël

2000 Deuxième Intifada

2001 Massada et Saint Jean d’Acre sont inscrits au patrimoine mondial  de l’humanité de l’UNESCO.

2002 Daniel Kahneman, prix nobel d’économie 

2003 La catastrophe de la  navette spatiale Columbia et le décès de l’astronaute israélien Ilan Ramon

2004 Ouverture du Terminal 3, le nouvel aéroport Ben Gourion

2005 Israël quitte la Bande de Gaza et des milliers de familles sont expulsées de leur maison. et de nouveau, le Prix Nobel d’économie au professeur Israël Aumann

2006 Enlèvement de Guilat Shalit

2007 Acte d’accusation contre le Président Moshé Katsav

2008 Le satellite Ofek 8 est lancé dans l’espace

2009 Tel Aviv fête ces cent ans

2010 Le metteur en scène israélien Joseph Cedar tourne Footnote, qui sera ovationné dans le monde quelques mois plus tard

2011  L’été israélien dans les rues d’Israël

2012 Opération Piliers de défense. Le dôme de fer détruit la plupart des kassam tirés en direction des grands centres urbains d’Israël

2013 Israël a 65 ans . Et juste espérer et prier que l’année prochaine nous puissions choisir un évènement culturel, littéraire, sportif, sympathique, pour décrire cette année.

 

Le flutiste sur un char

Israël commémore le Yom HaZikaron. Le Jour du souvenir, une semaine après le “Yom Ha Shoah” et vingt quatre heures avant le début des festivités de l’Indépendance. Dans cette semaine très particulière du calendrier israélien, derrière les chiffres, des histoires dures, émouvantes et tristes. En voici une.

Un des 25578 soldats, soldates, policiers, citoyens victimes du terrorisme, tombés pour qu’Israël puisse vivre s’appelait Yadin Tennenbaum. Né en octobre 1954, Yadin était le descendant, septième génération, de la célèbre dynastie de Zalman Tsoref – Salomon. Ce juif de Lituanie arrivée en terre sainte en 1811 a été un des premiers constructeurs de Jérusalem, l’hôpital Bikour Holim, la synagogue de la Hurba et ces descendants sont au nombre de quelques 20.000 aujourd’hui, dont beaucoup de personnalités connues notamment dans les domaines juridique et industriel.

Yadin était lui musicien. Très vite remarqué, le jeune flutiste de génie accompagne dès l’âge de 11 ans, l’orchestre philarmonique d’Israël. A 18 ans, l’armée veut l’engager dans l’orchestre de Tsahal. Mais Yadin veut être combattant. Il se porte volontaire dans les chars, sa flute et son fusil en bandoulière. Quelques mois plus tard, éclate la Guerre de Kippour. Yadin fait parti de la première unité de chars qui tente de contenir l’avancée de l’armée égyptienne au Canal de Suez. Le 10 octobre, après un combat héroïque, le char de Yadin est touché, et le soldat est tué. Porté disparu pendant de long mois, il ne sera inhumé qu’un an plus tard, en octobre 1974 et décoré à titre posthume.

Le flutiste sur un char, une histoire derrière ce chiffre anonyme de 25578 combattants morts pour Israël.

 

Dix ans avant la Shoah…

 

Les archives du mémorial du “Beit Lohamé Hagetaot” du kibboutz Lohamé Hagetaot mettent en ligne à l’occasion de ce Yom Hashoah 2013, un document inédit, de quelques deux cent pages écrit par un groupe de jeunes filles en 1929 à Varsovie. Des adolescentes de 15, 16 ans, membres du mouvement de jeunes sionistes de l’Hashomer Hastair, qui rêvent d’immigrer en “Palestina” et s’entrainent à parler l’hébreu et décrétent même des soirées où dire un mot en polonais est strictement interdit. Elles racontent dans ce carnet intime,  leurs préoccupations, leur quotidien, leurs craintes aussi de ne pas réussir à concrétiser leur rêve de vivre sur la “Terre des Juifs.”

Bracha a 15 ans. On la voit sur la photo, allongée, la seconde sur la droite. Elle écrit quelques pages. Puis une autre amie, puis encore une autre. Le tout est un témoignage unique d’une époque, où l’orage commençe à peine à gronder sans que personne ne réussisse à prévoir la tempête dévastatrice.  Toutes les amies de Bracha ont disparu dans la tourmente et les camps de la mort. Seule rescapée, Bracha, fait revivre aujoud’hui cette époque. Pour les jeunes israéliens et les jeunes juifs du monde entier, pour que rien ne soit oublié.

A lire certaines de ces pages, de ce quotidien d’adolescentes insouciantes, on pourrait presque croire, parfois, que les mots ont été écrits hier. L’identification est inévitable.  Et c’est là la force de ce journal.