Guilat Shalit: “Merci”

 

 

Pendant des années, dans beaucoup d’écoles juives à travers la France, on a sans cesse rappelé, le nom de Guilat Shalit.

Cette semaine, ils étaient quelques 850 lycéens juifs français d’une vingtaine d’écoles dans le cadre d’un projet sympathique, le Bac Bleu-Blanc, qui a comme objectif, qu’un jeune juif ne termine pas son cycle scolaire, sans s’être rendu avec son école en Israël. Lors de la soirée au Palais des Nations à Jérusalem, Guilat Shalit est arrivé par surprise.

”Je suis venu tout simplement vous dire merci” a dit le soldat.

 

 

Le projet de Revivo

 

  • Début de l’année 2012
  • Un musicien Raviv Ben Menahem de son surnom Revivo
  • Son frère et son copain, l’un employé de la municipalité de Ramat Gan et l’autre technicien
  • En fumant du narguilé, ils chantent pour le plaisir  les grands tubes de la musique orientale des années 70 et 80
  • Des réunions de copains pour chanter et danser, des “raphlot” comme au temps des débuts de l’immigration d’Afrique du Nord
  • Un  ami filme une de ses soirées, pour montrer aux copains…
  • En quelques semaines, 4 millions!!! de visionnages sur You Tube
  • Un album classé album d’or et des ventes de 30.000 exemplaires en moins d’un mois
  • Des spectacles pour une centaine de personnes
  • Puis cinq cent, puis mille, deux mille
  • Et des représentations à guichets fermés
  • Israël retrouve la musique orientale, pure et dure
  • “Le projet de Revivo” est né

 

Si vous aimez l’oriental, Si vous voulez voir un des phénoménes de la musique israélienne de ces derniers mois. Si vous voulez comprendre la société israélienne de la périphérie. Voici le clip…

 

Cinq photos. Lublin, il y a 71 ans

La semaine dernière, le Daily Mail britannique a publié cinq photos inédites datant du tout début du ghetto de Lublin, en mars 1941, il y a 71 ans.

Depuis des années, Raymond Krzyzewski conservaient ces photographies confiées par son père. Il y a quelques semaines, il prend contact avec l’historien polonais, Jakob Chmielewski, spécialiste de l’histoire de la ville de Lublin, pour tenter de les identifier. Ces photos rares ont été prises entre le 10 et le 14 mars 1941, au moment de l’expulsion des Juifs de Lublin de leur maison et de la création du ghetto dans le quartier juif de la vieille ville.

 Expulsés de leur maison, parqués dans des camions à bestiaux, des femmes,

des hommes, des enfants sous le regard narquois des nazis.

 

Une mère avec un bébé dans ses bras et un homme avec quelques affaires prises à la va vite

Les pauvres et les malades de la communauté juive de Lublin avaient été séparées des familles riches

Quelques mois plus tard, à la fin de l’année 1941, le régime nazi débute l’expulsion des quelques 40.000 Juifs du ghetto en direction des camps de la mort de Belzec et de Majdanek. En avril 1942, le ghetto est vide. Seuls 400 Juifs de la grande  communauté juive de Lublin, survivront.

Les dames orthodoxes à la Mer Morte

 

C’était il y a quelques semaines dans un grand hôtel sur les bords de la Mer Morte. L’hôtel avait  été réservé par une  yeshiva lituanienne de Bné Brak. D’énormes panneaux de bois plantés sur les graviers et plongeant dans l’eau, séparaient  strictement la plage en deux. A gauche, pour les hommes, à droite pour les  femmes. Une à une, ou en petits groupes, elles sont arrivées avec leur ribambelle d’enfants.

En quelques minutes, elles ont changé leur robe stricte et leurs bas noirs en longs peignoirs de bain colorés, leur coiffe sombre ajustée sur des perruques, en bonnet de bain fleuri. Leur air sérieux s’est métamorphosé en sourire jovial, les mots pesés en conversations coquines sur les maris-enfants-belle-mère-ménage et “cholent”  de shabbat.

Assises en rond, au bord de l’eau, flottant comme des ballons sur la mer de sel, ces dames  impénétrables, dures et tranchantes, étaient devenues drôles, charmantes et  accueillantes. A chacune, de s’étaler de la boue noire et gluante sur le visage et les bras, à d’autres de faire  la planche à plaisir les yeux fermés face au soleil sur l’eau  immuable, et d’autres encore à prendre en peignoir une douche glacée en riant aux éclats.

Une très vieille dame ridée avait un bonnet de bain blanc et un peignoir bleu en s’aspergeant avec délice d’eau salée – la mère du rabbin de la yéshiva, me dira t-on plus tard –  expliquait avec enthousiasme à ses filles, belles-filles, petites et arrières petites filles: ” Mes enfants, remerciez Dieu, mais merci Dieu, pour ce bain de sel. Mais regardez ce que Dieu a fait. Une mer de santé.”

Dans le hammam évidemment strictement réservé aux femmes,  dans l’opacité des  vapeurs et l’humidité du spa, les conversations se sont faites encore plus ouvertes. “Mes études, mon travail… oui mais bien sûr avant tout, mon mari, mes enfants, mais ma carrière…, ma gym…. mon temps à moi…. et une autre de poursuivre, pour le bien de la famille,  l’épouse et la mère de famille doit être heureuse, satisfaite, accomplie…”. Presque le discours des féministes des années 70.

Je l’avais remarqué et écrit d’ailleurs sur ce Blog. La femme orthodoxe israélienne – certaines en tout cas – ont créé un modèle très particulier de  révolution féminine.  Une révolution de l’intérieur. Attachées scrupuleusement à leur croyance  et à leur famille, souvent fer de lance du respect de  la tradition religieuse, elles ont créé tout à la fois un espace d’indépendance, de liberté et de créativité.

 

 

Opération Piliers de défense – Ashdod et Tel Aviv

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour une histoire anodine d’ordinateur à régler, j’ai traversé en quelques heures deux mondes, deux pays.

9 heures du matin, je me rends à Ashdod, pour récupérer mon portable. Les Palestiniens ont juste attendu que je franchisse l’entrée de la ville portuaire. Détonation cinglante. Une roquette de type Graad. Sur un terrain vague, certes. Cela fait tout de même énormément de bruit. En bas d’un immeuble une mamman plaquée contre un mur sert ses deux bébés dans ses bras, un adolescent s’assoit sur un banc, les pieds croisés, et explique en riant à ses copains que lui il n’a peur de rien, et certainement pas de ces Arabes… Un policier l’expédie rapidement en direction d’un abri. Un vieil homme affolé demande en russe: mais qu’est ce qui se passe, sans comprendre vraiment…

Une heure plus tard, j’arrive dans le hall de l’hôtel David Intercontinental de Tel-Aviv, où se tient une conférence sur la publication numérique. Lobby élégant, petits fours et champagne, jeunes loups en cravate, business women sur talons hauts, frénésie devant des contrats juteux et présentation des derniers gadgets d’Apple. Le pays Tel-Aviv éclate de créativité, d’enthousiasme et d’optimisme.

A Ashdod, la moitié des écoles sont fermées, les recettes des commerces ont chuté depuis une semaine, et les habitants attendent que les canons se taisent pour redevenir créatifs, enthousiastes et optimistes.

 

Hello mes amis…

 

Merci d’abord à tous ceux qui se sont inquiétés de mon absence sur ce Blog. Voici la raison: j’étais plongée dans un travail d’écriture, un livre qui paraîtra bientôt et dont je vous parlerai plus tard. L’écriture demande de la fidélité. Les dernières lignes de ce livre écrites, je peux maintenant reprendre ce dialogue interrompu avec vous. Une nouvelle invitation, donc, à “vivre Israël” avec moi.

Yaffa Yarkoni a tiré sa dernière révérence

L’icône de la chanson israélienne n’aimait pas le surnom qui lui avait été donné, “la chanteuse des guerres”. Si c’est pour raconter que j’ai chanté au milieu des champs de bataille, côte à côte avec nos soldats, que je me précipitais sur le téléphone pour transmettre des messages à leurs parents (c’était bien avant le temps des Iphone et des Ipad, c’est moi qui commente évidemment), que je me rendais dans les hôpitaux lorsque l’un d’entre eux avait été blessé, je veux bien que l’on m’appelle ainsi, mais je n’aime pas la guerre, je veux la paix. Quelques années plus tard,  ”la chanteuse des guerres”  créait  le scandale , en critiquant avec virulence, “l’attitude des soldats” lors d’une des grandes opérations de Tsahal. Mais ces prises de positions politiques, avaient été vite oubliées, vite pardonnées. Comment aurait il pu en être autrement, pour celle qui sans peur et avec affront, chantait Babel Oued sous le feu de l’armée égyptienne en 1967, chantait main dans la main avec les soldats de Givati en 1948, et avec les petits enfants de ces soldats eux mêmes devenus soldats dans la Guerre du Liban de 1981.

En m’offrant Babel Oued, avait elle raconté, Haim Gouri, ( qui avait écrit les paroles de ce grand poème sur la porte d’entrée vers Jérusalem, aujourd’hui en hébreu, Shaar Hagay pour raconter la guerre d’Indépendance)  a fait de moi la chanteuse d’Israël.

Yaffa Yarkoni s’est éteinte ce lundi 1 janvier 2012, à l’âge de 86 ans. Depuis quelques trois ans, elle souffrait de la maladie d’Alzheimer. Dans une maison, entourée d’autres malades, la grande dame de la chanson israélienne, ne chantait plus, les mélodies aussi avaient échappé à sa mémoire et seulement parfois, le regard dans le vague elle tapotait de son doigt sur la table, sans que personne ne sache si ce mouvement anodin de la main était le  fil conducteur vers les musiques et la voix somptueuse de la chanteuse adulée 1. Tragédie d’une maladie encore sans espoir de guérison.

J’ai choisi deux moments de cette  grande carrière.  Les débuts et la fin. Deux moments de l’histoire d’Israël pleins de force, de tendresse aussi.

Yaffa Yarkoni dans un de ces premiers concerts en France en 1967

 Yaffa Yarkoni en 2002, dans un moment intimiste, une des ces dernières apparitions publiques enregistrant une nouvelle version d’un de ces grands succès, Kol hayonim 

1 Selon le témoignage de sa fille, raconté il y a quelques mois.

Shuli Rand et Idan Amadi

Idan Amadi est la nouvelle étoile des hit parades israéliens, beau gosse, combattant dans une unité d’élite de Tsahal,

voix de ténor et surtout l’art de raconter l’intimité et la fragilité du soldat, des mots que chaque jeune de dix huit ans qui passera trois ans de sa vie une arme à la main voudrait dire.

Shuli Rand est l’étoile de la chanson hassidique. Artiste, qui  a redécouvert sur le tard son identité juive et après une pause de quelques années et le feu vert de ses rabbins a repris – avec sa femme – son métier d’acteur, ( le célèbre et très beau film des Ushpizin) et s’est aussi lançé avec succès dans la chanson.

Deux chanteurs, deux Israël que tout sépare et qui ensemble ont créé un duo. 

 

Ps: Rand et Amadi se sont produits dernièrement avec cette chanson, mais le seul enregistrement disponible sur You Tube et que je mets en ligne date de 2010. Qu’importe, la beauté et l’émotion restent identiques.

Shalit, les moments identitaires

La journée du mardi 18 octobre, restera ancrée dans la mémoire des israéliens, au même titre que la journée du 29 novembre 1947, du 6 juin 1967, d’Entebbe et d’autres  dates identitaires de l’Israël moderne.  Non, il n’y a là aucune exagération, aucun populisme, aucun sentimentalisme. Il faut avoir vécu ces quelques dix heures de liesse, presque d’extase des Israéliens pour comprendre que le retour d’un soldat après cinq ans et demi de captivité entre dans les dates clès de l’Etat d’Israël. Il faudra encore du temps, des lignes pour comprendre la mobilisation de toute une nation. J’écrirais peut être plus tard sur cela. En attendant, pour ceux qui n’ont pas vu, ou pour ceux qui ont vu et veulent de nouveau voir, voici les moments inoubliables de cette journée, grâce à un très beau montage de la deuxième chaine de la télévision israélienne.

Dix heures de liesse, le clip de la deuxième chaine de la télévision israélienne

Arik Einstein chante Guilad Shalit

Arik Einstein a sorti le jour de la libération de Guilad Shalit, une nouvelle chanson pour Guidat Shalit. Maintenant que tu es là...  Ecrite, enregistrée en moins de 24 heures. Qui l’aurait cru de ce chanteur si exigeant, pédant, et minutieux. Chacun savait qu’il fallait à Einstein plusieurs mois pour enregistrer une chanson. Mais le syndrome Shalit a touché aussi le plus célèbre des chanteurs israéliens. ‘ J’ai vécu comme tout Israël, avec une angoisse dans la gorge depuis cinq ans, raconte Einstein. J’ai vu tout cela de mes yeux de grand père, d’arrière grand père, 18 petits enfants et 3 arrière petits enfants. Je connais bien ce peuple, si quelqu’un est en danger, il se lève tout entier et se mobilise. Ces journées là, je peux vous dire, je suis fier d’être israélien. Sur la chanson, c’est vrai qu’il me faut du temps, mais là, j’ai lu les paroles et en quelques heures la chanson a été enregistrée.

Rapide traduction – très rapide, juste pour permettre à nos amis non hébraisants d’entendre et de comprendre:  “Nous n’oublirons jamais, l’instant où nous avons appris que c’était fini, que tu allais revenir à la lumière. Le premier frisson, après cinq ans, maintenant que tu es là, après cinq ans, Ne cours pas, prend ton temps, tu seras toujours un héros, il n’est pas facile de pardonner au destin. Maintenant que tu es là, il est permis d’aimer, d’embrasser.  Il est permis de pleurer, de respirer, la peur qui ne reviendra plus nous as brisé le coeur. Nous aimons entendre ton nom, Nous t’avons attendu, juste pour de donner, pour t’aimer. Surtout n’ai pas honte, prend cet amour. Après cinq ans, il est permis d’aimer, de serrer fort dans ses bras, il est permis de respirer.  Arik Einstein