Le guet après 11 ans d’attente

Après onze ans de séparation, Arielle originaire de Suisse, a reçu son guet hier au Beit Din de Tel Aviv.  Les raisons invoquées par l’époux sont toujours les mêmes : “Mais elle n’a pas demandé le guet…”, ” Après le divorce civil…”, ”  Mais si je donne le guet, je n’aurais plus de moyen de pression…” “le rabbin ne m’a pas demandé de donner le guet”…

Alors Messieurs, voici les réponses, pour qu’aucune autre femme n’attende plus jamais onze ans pour retrouver sa liberté :  Lorsque le couple décide que le mariage a pris fin, le mari doit donner le guet immédiatement. Lorsqu’une femme séparée définitivement de son époux demande son guet, une seule fois suffit. Lorsqu’une femme dit non, c’est non. Lorsqu’une femme demande son guet, c’est qu’elle demande son guet. L’époux n’a pas à attendre qu’elle dépose sans fin des demandes. Lorsque le divorce civil dure des années et que le guet est utilisé pour obtenir gain de cause, c’est contraire à l’esprit de la halakha.

Et surtout, lorsque toute une communauté sait qu’en son sein vit une femme sans guet et ne dit rien et ne fait rien, c’est un opprobre pour l’ensemble de cette communauté.

Bien des femmes restent des années “emprisonnées”.  Ce cercle de violence non dite fait perdre les repères et il faut beaucoup de courage et de force morale à une femme pour mener ce combat. Sur le chemin d’Arielle, il y a eu un rabbin, le Rav Teboul du Beit Din de Lyon, qui entendant l’histoire n’a pas supporté l’iniquité et a été le premier jalon vers la liberté. Il y a eu aussi, le dayan de Tel Aviv, le Rav Zvadia Cohen qui en moins d’une heure a réussi à convaincre le mari à donner le guet, sans condition et à l’amiable.

Pourquoi aucune autorité rabbinique pendant onze ans n’a-t-elle pas fait de même ?

Avec beaucoup de courage, Arielle a accepté que nous publions son histoire et sa photo pour qu’une femme, enchaînée dans un mariage inexistant, puisse-t-elle, elle aussi retrouver sa liberté.

Une nouvelle histoire de guet à succès

IMG_20171018_163400 + cache

 

Esther (nom d’emprunt), originaire de la ville de Lyon a eu son guet aujourd’hui, au Tribunal rabbinique d’Ashkelon, quatorze ans (!!!) après avoir divorcée  civilement. Pourquoi tellement d’années, pourquoi ce succès aujourd’hui ?

La première raison : Une femme qui après des années de souffrance, d’hésitation, de va-et-vient, de scrupules, de tergiversations, d’erreurs aussi, décide de lutter jusqu’au bout, de prendre son destin en main et choisis d’appliquer la formule des battantes : “Je Veux, J’Agis”.

Cela semble évident. Et pourtant, nous avons plusieurs dizaines de dossiers de femmes qui ont fait un tout premier pas, se sont adressés à nous, au Tribunal rabbinique, puis par crainte ont gelé leur démarche et sont restées prisonnières de leur destin.

La seconde raison à mon avis, est liée à une coopération étroite entre les tribunaux rabbiniques locaux, en l’occurrence, le tribunal de Lyon et les tribunaux rabbiniques israéliens. Dans plusieurs affaires que nous avons traitées avec succès ces derniers mois, c’est ce dialogue qui a permis de débuter.

Troisième raison du succès. De nouveau coup de chapeau aux tribunaux rabbiniques israéliens. Face à nous aujourd’hui, pendant plus de quatre heures, un dayan, qui avec une connaissance sage et subtile de la psychologie humaine a su désamorcer, un à un, les obstacles. Coup de chapeau aussi au département des ”Agounot” du Tribunal rabbinique. La direction de ce département a mis en place un système qui fonctionne et qui permet en utilisant des moyens juridiques et psychologiques de permettre, à une femme – et aussi à son mari – de se libérer d’un lien conjugal honnis.

Libérer la femme mais aussi le mari. ” Je comprends maintenant que cela aurait dû être fait depuis longtemps”, a murmuré l’ancien mari d’Esther, au terme du guet.

Quelques minutes après la remise du guet, Esther m’a dit ces quelques phrases à la fois terribles et pleines d’espoir : Hier, je marchais dans la rue en me sentant prisonnière, enchaînée, dans un tunnel sans fin, aujourd’hui brusquement je me suis sentie renaître.