65 ans et 65 évènements

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Israël a 65 ans et j’ai choisi pour chaque année un évènement. Très subjectif, évidemment. L’idée m’est venue en préparant des jeux pour la soirée de l’Indépendance. A chacun de choisir, son évènement de l’année. Non pas l’histoire de l’histoire de l’Etat d’Israël mais quelques flashs, quelques instantanés de ces 65 ans

 

1948 Le 14mai David Ben Gourion proclame la création de l’Etat d’Israël

1949 Le 15 octobre le gouvernement décide l’union de Jaffa et de Tel-Aviv

1950 50.000 Juifs du Yémen arrivent en secret en Israël

1951 Le 13 septembre, première ligne d’autobus entre Tel-Aviv et Eilat et neuf heures pour arriver à la ville du sud

1952 Après le décès de Haim Weizman qui était le premier Président de l’Etat d’Israël, Itshak Ben Zvi est élu le 10 décembre, second Président de l’Etat d’Israël

1953 Pose de la première pierre de l’Université Bar Ilan

1954 La bière israélienne Nesher, exporte pour la première fois quelques 100.000 bouteilles vers les Etats-Unis

1955 Les Manuscrits de la Mer morte arrivent en Israël

1956 La Guerre de 1956 éclate à la fin du mois d’octobre. Tsahal occupe, puis se retire du Sinaï

1957 Inauguration du port d’Eilat

1958 Pose de la première pierre du nouveau bâtiment de la Knesset

1959 La marine israélienne acquiert son premier sous-marin

1960 Adolph Eichman est capturé

1961 Le navire Egoz, avec à son bord plusieurs dizaines de Juifs du Maroc fait naufrage

1962 Ouverture au Parc des expositions de Tel Aviv de l’exposition de l’Orient, 800 entreprises de 33 pays sont présentes et les Israéliens sont fiers de ce rayonnement

1963 Création d’une nouvelle ville, Arad

1964 Inauguration du “Movil Haartzi”, l’aqueduc qui traverse Israël du Nord au Sud. L’eau du Lac de Tibériade vers le désert du Néguev

1965 Le Musée d’Israël ouvre ses portes à Jérusalem

1966 Prix Nobel de littérature à l’écrivain Shmuel Agnon et Coca Cola ouvre sa première usine en Israël

1967 Jérusalem est réunifiée

1968 Disparition du sous-marin Dakar

1969 La Cour suprême décide que la Télévision israélienne diffusera le Shabbat

1970 Douze enfants du Moshav Avivim sont tués dans un attentat

1971 Première ligne d’autobus entre Tel Aviv et Sharem El Sheich

1972 Onze sportifs israéliens sont assassinés à Munich

1973  La Guerre de Kippour

1974 21 enfants tués dans un attentat à Maalot

1975 La Tva est instaurée en Israël

1976 Opération Entebbe

1977 Le navire de la paix d’Ebbie Nathan franchi le canal de Suez

1978 Le film “Eskimo Limon” sort sur les écrans et deviendra rapidement le film emblématique des années 80 

1979 Accord de paix entre Israël et l’Egypte

1980  Décès du peintre et  écrivain Nahum Gutman

1981 Bombardement de la centrale atomique d’Osirak

1982 Première Guerre du Liban

1983 Emile Grunzweig militant de gauche est tué lors d’une manifestation de la Paix maintenant à Jérusalem

1984 Un demi-million de personnes au spectacle de Kaveret

1985 Jonathan Pollard est arrêté aux Etats-Unis

1986 Nathan Charansky arrive en Israël et Ron Arad tombe en captivité au Sud Liban

1987 Le club de foot du Betar Jérusalem emporte la Coupe de champion d’Israël

1988 La première Intifada qui a éclaté à la fin de 1987, s’aggrave

1989 Enlèvement et assassinat du soldat Ilan Saadon

1990 Relations diplomatiques avec l‘Urss

1991 Des skuds contre Tel Aviv

1992 Première médaille  olympique pour Israël, médaille d’argent pour Yaël Arad et médaille de bronze pour Oren Smadja

1993 Signature des accords d’Oslo

1994 Accord de paix entre Israël et la Jordanie

1995 Itshak Rabin est assassiné

1996 Visite du premier ministre Shimon Pérés au Katar et dans la principauté d’Oman

1997 La deuxième chaîne de la télévision commence à diffuser

1998 Inauguration des Tours Azrieli à Tel Aviv

1999 Rana Raslan, une arabe israélienne devient Miss Israël

2000 Deuxième Intifada

2001 Massada et Saint Jean d’Acre sont inscrits au patrimoine mondial  de l’humanité de l’UNESCO.

2002 Daniel Kahneman, prix nobel d’économie 

2003 La catastrophe de la  navette spatiale Columbia et le décès de l’astronaute israélien Ilan Ramon

2004 Ouverture du Terminal 3, le nouvel aéroport Ben Gourion

2005 Israël quitte la Bande de Gaza et des milliers de familles sont expulsées de leur maison. et de nouveau, le Prix Nobel d’économie au professeur Israël Aumann

2006 Enlèvement de Guilat Shalit

2007 Acte d’accusation contre le Président Moshé Katsav

2008 Le satellite Ofek 8 est lancé dans l’espace

2009 Tel Aviv fête ces cent ans

2010 Le metteur en scène israélien Joseph Cedar tourne Footnote, qui sera ovationné dans le monde quelques mois plus tard

2011  L’été israélien dans les rues d’Israël

2012 Opération Piliers de défense. Le dôme de fer détruit la plupart des kassam tirés en direction des grands centres urbains d’Israël

2013 Israël a 65 ans . Et juste espérer et prier que l’année prochaine nous puissions choisir un évènement culturel, littéraire, sportif, sympathique, pour décrire cette année.

 

Guilat Shalit: “Merci”

 

 

Pendant des années, dans beaucoup d’écoles juives à travers la France, on a sans cesse rappelé, le nom de Guilat Shalit.

Cette semaine, ils étaient quelques 850 lycéens juifs français d’une vingtaine d’écoles dans le cadre d’un projet sympathique, le Bac Bleu-Blanc, qui a comme objectif, qu’un jeune juif ne termine pas son cycle scolaire, sans s’être rendu avec son école en Israël. Lors de la soirée au Palais des Nations à Jérusalem, Guilat Shalit est arrivé par surprise.

”Je suis venu tout simplement vous dire merci” a dit le soldat.

 

 

Opération Piliers de défense – L’ambassadeur solidaire

Ce n’est pas la première fois que Christophe Bigot, ambassadeur de France à Tel Aviv, a des gestes de sympathie qui tranchent avec le ton quelque peu distant de la diplomatie française. Attitude “diplomatique”  ou  sympathie sincère? Le diplomate du Quai d’Orsay donne l’impression de vivre en symbiose avec Israël et les Israéliens: les gestes informels, le ton, l’empathie, les initiatives multiples dans le domaine culturel, l’attitude dans l’affaire Shalit, les propos sur le dossier Lee Zitouni.

Malgré les antinomies entre la France et Israël, l’ambassadeur a créé un espace différent de dialogue. L’impression que j’avais déjà depuis quelques mois s’est confirmée, cette semaine. Ce ne sont pas tous les ambassadeurs en poste en Israël qui font le tour des villes israéliennes attaquées par les roquettes, Kiryat Malachi, Ashkelon, Ashdod, Dimona, Ofakim, Beer Sheva.  Une fois n’est pas coutume. Voilà donc, une occasion d’écrire quelque chose de positif sur les relations israélo-françaises.

Photos Ambassade de France – Valentine Bourrat – Beer Sheva – 20 novembre 2012, devant une maison frappée par une roquette

Shalit, les moments identitaires

La journée du mardi 18 octobre, restera ancrée dans la mémoire des israéliens, au même titre que la journée du 29 novembre 1947, du 6 juin 1967, d’Entebbe et d’autres  dates identitaires de l’Israël moderne.  Non, il n’y a là aucune exagération, aucun populisme, aucun sentimentalisme. Il faut avoir vécu ces quelques dix heures de liesse, presque d’extase des Israéliens pour comprendre que le retour d’un soldat après cinq ans et demi de captivité entre dans les dates clès de l’Etat d’Israël. Il faudra encore du temps, des lignes pour comprendre la mobilisation de toute une nation. J’écrirais peut être plus tard sur cela. En attendant, pour ceux qui n’ont pas vu, ou pour ceux qui ont vu et veulent de nouveau voir, voici les moments inoubliables de cette journée, grâce à un très beau montage de la deuxième chaine de la télévision israélienne.

Dix heures de liesse, le clip de la deuxième chaine de la télévision israélienne

Arik Einstein chante Guilad Shalit

Arik Einstein a sorti le jour de la libération de Guilad Shalit, une nouvelle chanson pour Guidat Shalit. Maintenant que tu es là...  Ecrite, enregistrée en moins de 24 heures. Qui l’aurait cru de ce chanteur si exigeant, pédant, et minutieux. Chacun savait qu’il fallait à Einstein plusieurs mois pour enregistrer une chanson. Mais le syndrome Shalit a touché aussi le plus célèbre des chanteurs israéliens. ‘ J’ai vécu comme tout Israël, avec une angoisse dans la gorge depuis cinq ans, raconte Einstein. J’ai vu tout cela de mes yeux de grand père, d’arrière grand père, 18 petits enfants et 3 arrière petits enfants. Je connais bien ce peuple, si quelqu’un est en danger, il se lève tout entier et se mobilise. Ces journées là, je peux vous dire, je suis fier d’être israélien. Sur la chanson, c’est vrai qu’il me faut du temps, mais là, j’ai lu les paroles et en quelques heures la chanson a été enregistrée.

Rapide traduction – très rapide, juste pour permettre à nos amis non hébraisants d’entendre et de comprendre:  “Nous n’oublirons jamais, l’instant où nous avons appris que c’était fini, que tu allais revenir à la lumière. Le premier frisson, après cinq ans, maintenant que tu es là, après cinq ans, Ne cours pas, prend ton temps, tu seras toujours un héros, il n’est pas facile de pardonner au destin. Maintenant que tu es là, il est permis d’aimer, d’embrasser.  Il est permis de pleurer, de respirer, la peur qui ne reviendra plus nous as brisé le coeur. Nous aimons entendre ton nom, Nous t’avons attendu, juste pour de donner, pour t’aimer. Surtout n’ai pas honte, prend cet amour. Après cinq ans, il est permis d’aimer, de serrer fort dans ses bras, il est permis de respirer.  Arik Einstein

Shalit et Condolezza Rice

 

La député de Kadima, Dalya Itskik a raconté l’histoire d’un entretien entre Ehoud Olmert et Condolezza Rice, qui résume en quelques mots, la signification profonde de l’affaire Shalit. Olmert était alors Premier ministre de l’Etat d’Israël, Rice secrétaire d’Etat des Etats Unis. ” Nous ne pourrons jamais vraiment avancer dans les négociations avec les Palestiniens, sans régler au préalable l’affaire Shalit. Vous devez nous donner sur ce point un sérieux coup de main, l’avenir de la paix en dépend. ” dit Olmet à son interlocutrice. Rice s’étonne, “Mais Ehoud, savez vous, que les Etats Unis d’Amérique ont des dizaines de prisonniers en Irak et dans d’autres zones. Pourquoi vous monopolisez vous sur cette affaire Shalit.”

Olmert a alors du expliquer à Rice, que là était bien la différence entre le peuple d’Israël et d’autres peuples du monde. Les Israéliens ont fait de Shalit, leur repére identitaire, leur ancrage, reprenant les dires célèbres des sages du Talmud. Israël est comme un seul corps . Sans Shalit, la grande majorité des Israéliens avaient l’impression d’être mutilés.

Qui a sauvé Guilad Shalit

Octobre 2011. Aujourd’hui, en Israël, l’air du temps est à l’émotion. Palpable dans la rue, dans les foyers, dans les médias, dans le cœur de chaque israélien qui attendait depuis des mois, des années, depuis 1934 jours.  La petite phrase la plus émouvante dans cette explosion de sentiments qui envahit Israël est celle du frère d’une jeune femme de 23 ans tuée dans le terrible ‘attentat du Café Moment à Jérusalem. Je pleure de chagrin et de joie a t-il dit.

Le terroriste qui a tué sa sœur sera dans quelques heures un homme libre. Le prix à payer, lourd, douloureux. Inévitable? La solidarité israélienne sans laquelle l’Etat hébreu n’a pas de raison d’exister a imposé aux dirigeants de ramener à la maison Guilad Shalit. L’affaire Shalit a rappelé que la raison d’être d’Israël était d’abord l’entraide au sein du peuple juif.  Malgré, les risques énormes qu’entrainent la libération de dizaines de terroristes qui ont tué de sang froid des enfants, des femmes et des hommes. Noam et Aviva Shalit pourront dans quelques jours serrer leur  fils dans leurs bras. La pensée qu’un jeune israélien puisse croupir dans les geôles du Hamas était devenue une angoisse existentielle pour les Israéliens de 2011

Au delà de l’aspect humain qui bouleverse tout Israël, cet accord soulève une série de questions dont certaines sont de portée stratégique: le renforcement spectaculaire attendu du Hamas sur le Fatah, le lien entre l’affaire Shalit et la tentative israélienne d’arrêter le nucléaire iranien, les conséquences sur l’Etat palestinien en marche.  

Une autre question cruciale touche à la gouvernance même d’Israël. Qui a décidé? Qui a mené le combat pour la libération de Shalit? Qui a vraiment sauvé le soldat?  Disons le clairement. Guilad Shalit sera libéré parce que ses parents ont été des “ludniks”, célèbre expression israélienne que l’on pourrait traduire un peu vulgairement, et excusez moi d’avance par ”des emmerdeurs”. Après trois ans de silence, la famille Shalit a fait le choix de l’interventionnisme; une mobilisation nationale et internationale, orchestrée avec brio, calme, élégance et détermination inébranlable  par le père du soldat qui a réussi à entrainer le peuple d’Israël tout entier, de Shlomo Artzi au balayeur de rue, en passant par le bambin de maternelle qui scandait aussi, Guilad à la maison. 

Si l’on compare l’affaire Shalit à l’affaire Ron Arad, la différence est là, et seulement là. Tami Arad, l’épouse du pilote disparu, l’avait dit à Noam Shalit: “Ne faites pas l’erreur que nous avons fait. Nous avons compté sur le gouvernement. Nous avons eu tort. Vous seul, pouvez sauver Guilad. ” Noam Shalit a appliqué à la lettre le conseil de celle qui attend toujours des nouvelles de son époux. Benjamin Netanyaou a signé l’accord avec le Hamass. Il n’avait pas le choix. Noam Shalit avait réussi à convaincre que Guilad était le fils de chacun des Israéliens, de chacun des Juifs du monde entier.

La sixième coupe de vin

                                                                              

Une famille en Israël  a décidé cette année de ne pas fêter Pessah. La fête de la liberté, la sortie d’Egypte, la fin de l’esclavage. “Comment pouvons nous chanter, fêter, boire les quatre coupes traditionnelles de vin alors que notre fils croupi, depuis quatre ans, dans un trou, sans liberté, sans espoir ” a expliqué Noam Shalit.

Ce soir, dans la maison Shalit, dans le village pastoral de Mitspé Hilla sur les hauteurs de la Galilée, il n’y aura pas de soirée traditionnelle du seder.

Face à la maison, des centaines de jeunes se sont donnés rendez-vous pour un seder de la solidarité. Nous représentons les Juifs d’Israël et de Diaspora qui ce soir seront en fête mais n’oublieront pas qu’un soldat d’Israël est encore esclave.

Pas de seder à Mispé Hilla, mais dans des milliers de foyers juifs  une chaise vide, une pensée, une prière, et à coté de la cinquième coupe de vin d’Eliahou Hanavi, que les Juifs placent sur leur table du seder, depuis plus de 2000 ans, au cas où, le prophète Eliahou, viendrait ce soir là, une sixième coupe pour Guilad.