“A la Page” fête sa naissance

 

La revue “A la Page” fête sa naissance et choisit pour thème les 70 ans de l’Etat d’Israël. Son ambition est de témoigner de la richesse de la vie artistique en Israël, de la créativité de ses habitants ou des artistes qui entretiennent un lien avec le pays, qu’ils y soient résidents ou non, que les oeuvres produites soient contemporaines ou relèvent du passé.

Le lecteur curieux y découvrira des textes originaux d’auteurs actuellement célébrés, des articles de réflexion et d’analyse concernant la littérature, des entrevues avec des personnalités attachantes, mais également plusieurs comptes rendus de livres parus il y a peu ou d’expositions qui ont récemment fait vibrer le coeur du public israélien de Tel-Aviv ou de Jérusalem.

Cette revue en français se propose aussi de célébrer le mélange culturel israélien qui résulte des apports d’une immigration venant de partout et qui a donné ce bouillonnement si représentatif du quotidien en Israël. L’usage de la langue française pratiquée par des locuteurs aux origines si diverses nous permet de renforcer encore cette sensation d’ouverture sur le monde, sur d’autres cultures, sur des sensibilités différentes.

En l’honneur de la fondation de l’Etat d’Israël il y a 70 ans, un article percutant et original apporte une vision neuve sur l’un des premiers intellectuels à avoir envisagé la création d’un Etat juif − Theodore Herzl – en traitant de sa dernière pièce de théâtre et en soulignant la répercussion de cette oeuvre non seulement sur son écriture, mais aussi sur sa conception d’un futur Etat juif. Le contexte psychologique, social et politique de l’époque est magnifiquement brossé et permet de découvrir un texte et un homme passionnants.

 

Les participants au premier numéro de “A la Page”

Luis Mariano Akerman. Peintre, architecte et historien d’art, né à Buenos Aires et installé aujourd’hui en Israël. Il a reçu plus de douze prix et distinctions internationales. Selon l’écrivaine anglo-pakistanaise Sara Mahmood : « Mariano Akerman construit des ponts entre les cultures dispersées tout autour du monde. »

Eli Amir, écrivain et de 1964 à 1968 conseiller du Premier ministre. Auteur de best seller Tarnegol Kaparot, Yasmin…

Meir Appelfeld, artiste peintre, travaille et vit à Jérusalem.

Dina Shefet, née à Jérusalem, travaille à Yad Vashem et recueille les témoignages de survivants de la Shoah.

Raphaël Jerusalmy, ancien officier des services de renseignement militaires israéliens, est aujourd’hui chasseur de livres et de documents anciens, analyste expert en matière de défense et de sécurité pour la chaîne I24 news et auteur de plusieurs livres.

Joel Kantor est artiste photographe. Les photos, offertes à la revue A la Page, font parties du livre : Tel Aviv mon amour, 1995. ©Joel Kantor.

Liliane Limonchik, fondatrice de la revue A la Page, membre de l’Association des écrivains israéliens de langue française depuis 2004, a fait partie du Comité de lecture de Continuum. A publié plusieurs ouvrages et notamment des recueils de poèmes.

Shmuel T. Meyer, est un auteur israélien. Il a publié des nouvelles et un roman aux éditions Gallimard, des nouvelles aux éditions Métropolis (Genève) et en 2017, un recueil de poèmes Anastrophe aux éditions Caractères.

Yehuda (Jean-Bernard) Moraly a d’abord été acteur et dramaturge. Certaines de ses pièces ont été jouées en France et en Israël : Gimpell le naïf, Théâtre Khan, 1982 ; Le Tombeau des poupées, Palais de Chaillot, 1983 ; La Musique, France Culture, 1992. Il a enseigné le théâtre et le cinéma à la Sorbonne, à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, à l’Université Bar Ilan, de Tel-Aviv et à l’Université Hébraïque de Jérusalem où il a aussi dirigé le Département d’études théâtrales et animé un festival de théâtre étudiant. Ses principaux ouvrages de recherche sont Genet : la vie écrite (1988) ; Claudel metteur en scène (1998) ; Le Maître fou (2009) ; L’œuvre impossible (2012), Révolution au Paradis (2015). Il rêve de monter un groupe de théâtre israélien d’expression française.

Gideon Ofrat, né à Tel-Aviv, Israël. Docteur en philosophie à l’Université Hébraïque de Jérusalem, il a reçu le Prix du Curateur, du ministère de la Culture, Israël et la distinction : Yakir Bezalel. L’Institut Yad Ben-Zvi, Jérusalem, lui décerne le Prix d’Accomplissement de Vie. Gideon a publié plus de cinquante livres sur l’art israélien, la philosophie de l’art, le drame israélien et les interprétations de la Bible.

Uri Orlev est né en 1931, à Varsovie en Pologne. Ses livres ont été traduits dans plus de quarante langues et ont reçu de nombreux prix en Israël et dans le monde. A ce jour il est le seul écrivain israélien à qui a été décerné le Prix international Anderson, reçu en 1956. Uri Orlev vit à Jérusalem.

Carmen Oszi, secrétaire de la Société d’études Benjamin Fondane et membre du comité de rédaction des Cahiers Fondane, a effectué de nombreuses études portant sur la littérature francophone et l’histoire du journalisme.

Emmanuel Rixhon a enseigné la littérature et la linguistique à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1995 à 2002. Il est actuellement Consul général adjoint de Belgique à Jérusalem.

Rebecca Wengrow née à Paris, a publié plusieurs recueils de nouvelles et un roman. Elle participe à des livres collectifs, revues et journaux. Les Vivantes est sa première pièce de théâtre.

Traductions de textes de l’hébreu en français par Fabienne Bergmann et Nina Reinhold-Berger.

Points de vente

Librairie Vice Versa – Shimon Ben Shatah 1, Jérusalem, Israël

Librairie du Foyer –  Place Masaryk 14, Tel-Aviv, Israël

Librairie du Temple – Rue des Hospitalières Saint-Gervais 1 angle 52, rue des Rosiers 75004, Paris, France

Librairie le Parnasse –  Rue de la Terrassière 6 1207, Genève, Suisse

 

Le site “A la Page “

https://www.revuealapage.com/

 

Arsim et Frechot, les nouvelles élites d’Israël

 

 Arsim et Frechot, les nouvelle élites d’Israël  est l’évènement médiatique de ces dernières semaines en Israël.  Diffusée en prime time sur la chaine 8, cette  série documentaire provoque des réactions en chaine, plus de dix articles dans le journal Haaretz, la une du puissant supplément de shabbat du Yedihot et des reportages dans toutes les chaines concurrentes.

Le réalisateur  Ron Cahlili a choisi deux termes provocateurs pour décrire les Israéliens qui selon lui, donnent désormais le ton et représentent les élites de demain

Arsim et Frechot  ערסים ופרחות sont deux termes argotiques, très connus en Israël. Le premier en traduction littérale désigne un proxénète, pimps en anglais  et dans le langage quotidien israélien ars, arsim est un homme vulgaire, juvénile, superficiel, le plus souvent sépharade mais pas seulement… Frecha, au singulier, frechot au pluriel  bimbos en anglais, décrit une femme provocante, aguicheuse, souvent fausse blonde. tout aussi vulgaire et superficiel que son compagnon masculin.

Cahlili qui depuis des années travaille sur la nouvelle identité sépharade, montre que sous ces deux termes violents , se cachent en fait toute une nouvelle culture qui a ses lois, sa profondeur, une authenticité et qui de plus a pris le contrôle de plusieurs secteurs de la société israélienne: la musique, la télévision, la vie people etc. Pour Cahlili, il faut dépasser le premier regard, comprendre la vulgarité apparente comme n’étant que relative face à un monde occidental qui continue à dominer Israël.

Pour mes lecteurs, un très bon lien Youtube, qui met les uns à la suite des autres, les moment les plus forts de cette série documentaire.

 

Plaidoyer pour Sarah Netanyaou

 

Sarah Netanyaou  est venue ce matin de mars, au cimetière de Jérusalem, se recueillir sur la tombe de son père. Elle n’a pas le panache de la femme démonisée par les médias. Elle n’est plus la manipulatrice, capricieuse et présomptueuse. Elle est Sarah, la fille de Hava et de Shlomo Ben Artzi. Elle s’est construite sur du solide et des valeurs: la deuxième génération de la Shoah par son père, la septième génération en terre sainte par sa mère. Aimant, généreux et chaleureux, agriculteur,  intellectuel, éducateur et écrivain, attaché aux traditions juives, bien ancrée à droite étaient ses parents.  Et son époux. Ils partagent la même vision du monde, la même sensibilité politique,  la même attirance pour les apparats de la vie, le même attachement à un Israël fort, ancré dans des racines juives, sans trop s’encombrer de principes religieux.

 

Benjamin Netanyaou gravit les échelons du pouvoir. Les frondes virulentes se multiplient contre l’épouse. Elle est faite de plomb Sarah. Elle résiste au déchainement.  Elle monte au créneau. Elle choisit tour à tour la méthode forte et le dialogue: des procès pour diffamation, des avocats prestigieux, des interviews médiatiques souvent acerbes, parfois pathétiques. La tactique du tac au tac. Sarah ne supporte pas les critiques. Surtout quand elle les estime injustes. Et les scandales se succèdent.

 

L’ancien époux et ses mémoires, la baby-sitter, la  bonne de la villa de Césarée qui déballe, devant les médias goguenards, les secrets de la maison, l’aide-soignante népalaise de son père, la chambre à coucher volante, la robe noire trop transparente, les tensions avec Nephtalie Bennet. A chaque fois   la une des médias. Et la dernière affaire, l’intendant qui accuse Sarah d’avoir téléphoné à trois heures du matin, pour du lait acheté en bouteille plastique et non en carton. De scandale en scandale, l’image de Sarah Netanyaou se dégrade inexorablement.  

 

Mais pourquoi suis-je la cible des médias?  Des méchancetés et des cancans,  pire des médisances et de la délation. Des  récits de seconde main, des détails  inventés, exagérés, hypocrites. Ce n’est pas elle. La femme exigeante, autoritaire, capricieuse, vindicative, tyrannique; Elle a peut-être un fichu caractère, une main de fer et quelques obsessions et hystéries sur le ménage. Mais comme toutes les femmes du monde n’a-t-elle pas le droit de se bagarrer avec sa bonne, sa baby-sitter et son intendant. 

 

Et si la presse avait raison sur quelques points. Si Sarah Netanyaou avait une tendance à piquer un peu trop rapidement des colères, est-ce là une affaire publique? En quoi les humeurs de l’épouse du leader ont-elles un lien avec la gouvernance?  Mme Netanyaou a le bras long accuse ses pourfendeurs. Elle est la conseillère officieuse. Elle est la personne la plus forte du pays.  Sarah Netanyaou s’insurge. Et où sont les féministes! Pourquoi ne disent-elles pas que la femme est jetée aux loups pour déstabiliser le leader!  Et la baby-sitter et la bonne, l’aide-soignante et  la népalaise ne seraient-ils pas aussi victimes. Chair à média, vite oubliées dans leur détresse!

 

Sarah Netanyaou voudrait être aimée de son peuple. Elle voudrait dire l’autre Sarah. Celle qui tend la main. Elle voudrait raconter la psychologue des enfants de Jérusalem. N’est-elle pas la  première first lady d’Israël à travailler.Elle rappellerait l’ovation des débuts, Hourra Sarah, scandait les militants du Likoud. Elle aurait voulu être l’atout charme de son mari. Elle n’a pas trouvé le ton juste. Elle irrite et exaspère. Pire, elle indigne.

 

N’est-ce pas au fond un mélange de misogynie, sexisme, hypocrisie, tartuferie et  fourberie de la presse qui s’enrichit, (augmentation de 30 % des ventes de journaux à chaque scandale) et des pourfendeurs de l’homme fort d’Israël qui ont trouvé une proie de choix. Par honnêteté, rigueur et intégrité si vous n’aimez pas Bibi, dites-le. Mais laissez Sarah tranquille!

L’article complet sur le sujet a été publié par Tribune Juive:

http://www.tribunejuive.info/israel/plaidoyer-pour-sarah-netanyaou-par-katy-bisraor

 

Les cent Juifs les plus influents du monde

Le journal israélien – Makor Rishon – ( tendance religieuse sioniste – orthodoxe libérale) a publié ce weekend, un supplément de quelques 150 pages, en édition de luxe bleu et argent pour présenter les cent Juifs les plus influents du monde et aussi une ”liste de la honte”. “La mode des classements” interpelle de plus en plus le monde juif. Le magazine juif américain The Algemeiner, avait lui aussi publié sa propre liste, il y a quelques semaines.

Dans la liste générale, Mark  Zuckerberg, le fondateur de Facebook est classé par le journal israélien comme la personnalité juive la plus influente au monde. On trouve ensuite Benjamin Netanyou (2), Shimon Pérès (3), Henry Kissinger (9), Steven Spielberg (11), Elie Wiezel (6), Woody Allen (12), l’économiste Stanley Fisher (26), le Rabbin Ovadia Yossef(45), l’écrivain David Grossman(36), les chanteurs Paul Simon (42), Leonard Cohen ( 31), Bob Dylan( 31), Barbara Streisand (46), l’ancien ministre de la défense Ehud Barak (47), l’écrivain Philippe Roth (26) et aussi le Rabbin Adi Steinstalz(49)

Le journal publie aussi cinq listes de chacune dix noms dans les domaines de la Science, avec les Prix Nobel de ces dernières années, du Droit avec  notamment les grands juristes israéliens comme les anciens présidents de la Cour Suprême, Aaron Barak et Dorit Benish, de l’art et de l’écriture, Dustin Hoffman, Amos Oz, de l’altruisme et de la contribution à un monde meilleur. Il s’avère qu’il y a plusieurs Juifs à la tête d’organisations importantes comme l’Unicef, avec son président Anthony Lake ou encore  Robert Bernstein, le fondateur d’Human Right Watch et une dernière liste des Juifs célèbres dans le sport.

Les Juifs Français

Deux noms seulement de personnalités françaises dans ces listes. Dans la liste des 50, Bernard Henry-Levy ( 31) et dans la le domaine de l’art Claude Lanzman.

Et juste rappeler que le “The Algemeiner” avait lui choisit sur sa liste quatre français, le Président sortant du Crif, Richard Prasquier, Philippe Karsenty, qui méne une lutte juridique et politique contre Charles Enderlin dans l’affaire Mohammed al-Durah,[le père Desbois et aussi BHL.

Hors liste

Mis à part la liste, le journal consacre un article aux dirigeants français d’origine juive en expliquant qu’aucun d’entre eux – contrairement aux leaders américains – n’a mis en avant son identité juive, comme Laurent Fabius, Pierre Mendès France, René Joël Simon Mayer et Michel Debré dont le grand père rabbin s’était convertit au christianisme explique le journal.

La liste de la honte

Deux français sur les quatre noms choisis dans la liste de la honte, DSK et l’ancien grand rabbin de France Gilles  Bernheim. Les deux autres noms de cette liste peu sympathique: Bernard Madoff et Anthony Weiner.

Et mon avis

J’ai choisi de vous raconter l’existence de cette liste, car elle existe. Ensuite parce qu’elle  a été réalisée par un grand journal israélien, qui a mobilisé pendant six mois une équipe de près de dix journalistes. Et de plus, le journal annonce son intention de publier régulièrement ce classement.

Et mes réserves. D’abord parce que le regard est subjectif, les auteurs connaissent très bien la scène anglo-saxone, bien moins le monde juif européen et francophone et encore moins le monde juif d’Amérique du Sud ou des pays arabes. Par ailleurs, doit-on ou non classer les Juifs sur une liste? Et autre question. Ce type de classement ne risque-t-il pas d’être exploité d’une manière subversive?

Eliezer Ben Yehuda et Google

Le 7 janvier 1858 dans l’Empire russe, naissait Eliezer Ben Yehuda, le linguiste, homme  clé de la renaissance d’Israël moderne et de sa langue.

Google Israël qui reste très réservé depuis son arrivée en Israël sur sa politique de logos actualisés à la vie culturelle israélienne changerait-il de stratégie? Il faut l’espérer. Car pour un israélien, il était décevant de voir le logo de Google aux couleurs de Noël sans rappel aucun de Hannouka, ou Google racontant avec son logo, la naissance d’un scientifique quasi inconnu, le jour où Israël fêtait son jour de l’an, le Rosh Hachana du calendrier juif. Ci et là, plutôt rarement, Google Israël s’est rappelé qu’il opérait en Israël. Lorsque notamment, les lettres d’internautes, mi surpris-mi en colère, se faisaient trop nombreuses.

Et voici quelques exemples, de sympathiques logos-Google.  Et si un jour clé de l’histoire d’Israël, Google a “oublié”, dites le sur les réseaux sociaux. Google n’aime pas les critiques, encore moins lorsqu’elles sont justifiées.

Le jour de l’indépendance d’Israël

L’anniversaire de Naomie Shemer

 

 

Le jour de la nouvelle édition du livre le plus célèbre des enfants israéliens, les cinq ballons

Le Jour de Tu Bechvat, la fête des arbres

 

Presse juive du passé

Hier soir à Jérusalem, dans la Bibliothèque nationale  a été lancé un des projets les plus ambitieux  de l’histoire de la presse et du peuple juif. Non je n’exagère pas.  Plusieurs centaines de milliers de pages de journaux juifs datant du 19 et 20è siècle ont été scannées et mises en ligne sur ” Jpress, Presse juive du passé”.

” Nous avons voulu permettre à tous,  chercheurs, élèves et grand public, l’accès libre à une des sources essentielles du monde juif ”  a dit le directeur de Bibliothèque nationale d’Israël qui avec l’Université de Tel Aviv a pris l’initiative de ce projet. 400.000 pages d’une vingtaine de journaux, certains rares et dont l’accès était impossible. L’objectif est d’arriver à mettre en ligne, un million de pages d’ici 2012.  

Le site est aussi révolutionnaire, dans sa forme. Un moteur de recherche permet d’arriver en quelques secondes à n’importe quelle page de ces journaux, qui ont du être rénovés et préparés à ce traitement technologique. Pas toujours simple, lorsqu’il a fallu trouver un processus commun pour mettre en ligne des journaux en yiddish, en ladino, en hébreu, en français, en anglais et en judéo-arabe.

Le résultat. Passionnant et dangereux coté nuit blanche. J’ai passé  des heures à “feuilleter”  les pages de ces journaux qui ont fait l’histoire, du Davar de 1925, du Palestine Post du 15 mai 1948, du journal de la communauté juive marocaine des années 20, du Lebanon de 1880, avec des pages délicieuses sur une réalité oubliée. Tout d’un clic. Les historiens ont certainement du matériel en or et nous, internautes, des heures de plaisir.  

Le site ,  www.jpress.org.il,  est accessible aussi en français. Le site consacre plusieurs pages pour expliquer les enjeux, la problématique et  les défis techniques de cette entreprise.  

 

Yair et Tomy Lapid

Ilana Dayan, rédactrice en chef d’Ouvda, une des émissions de qualité de la télévision israélienne recevait il y a quelques jours Yair Lapid à l’occasion de la sortie prochaine de son livre sur son père. Une biographie écrite comme une autobiographie, comme si Tomy Lapid écrivait.

“J’avoue, je suis gros et gourmant. Je suis laïc et ashkénaze. Je préfère la carpe farcie  au couscous et Naomi Shemer à la musique orientale. J’avoue je fait partie d’une élite, je suis bourgeois. J’avoue aussi je suis sioniste et israélien. ” écrit Yair au nom de son père, ancien journaliste, ancien dirigeant du parti ultra laïque Shinoui.

Avec certes un monde de valeurs très éloigné du mien,  Tomy Lapid et son fils, représentent aussi le bel Israël. La rage de vivre après la Shoah, le rêve de la normalité, l’hébreu châtié, l’amour pur et dur d’Israël et du peuple juif.

Pour mon père, explique Yair, j’était la réponse à Hitler, la réponse au soldat nazi venu prendre mon grand père, la réponse aux souffrances endurées par tous les rescapés de la Shoah.

Yair Lapid et Ilana Dayan ont raconté deux histoires délicieuses que voici.  Il y a quelques années, Yair était à Budapest avec son père dans un des plus célèbres restaurants de la ville, haut lieu de la cuisine hongroise. C’est entendu dit Tomy Lapid au garçon en lui montrant toute  la page du menu. C’est entendu. Pardon répond le garçon qui croit avoir mal compris. C’est entendu. Le garçon comprend, dresse une seconde table, et amène les six entrées, les sept plats principaux et les dix desserts. Et mon père, raconte Yair, se met à manger, calmement se délectant pendant près de quatre heures. ” Rien ne presse Yair, cela fait cinquante ans, depuis la sortie du ghetto que j’attends de manger de la vraie cuisine hongroise. “

Pendant les mois qui précédent la mort de Tomy Lapid, Ammon Denkner, l’ancien rédacteur en chef  du Maariv enregistre des dizaines d’entretiens avec son ami intime. Dans un de ces entretiens, Tomy parle de son fils. ” Yair était un enfant renfermé, introverti. Dans les anniversaires, les autres enfants participaient et lui restait seul de coté à regarder. Comment Yair est devenu une des vedettes des médias israéliens, c’est un secret que je ne comprends toujours pas. ” Cette histoire m’a fait pensé à l’inquiétude des parents devant la timidité de leurs enfants. Ne vous inquiétez donc pas…

Avec beaucoup de pudeur, Yair Lapid a aussi révélé dans cette émission  qu’il avait une petite fille autiste. ” Je n’en ai jamais parlé parce que cette histoire n’était pas celle du public. J’ai accepté de participer à la campagne publicitaire de la Banque Hapoalim uniquement pour financer la création d’un village unique au monde pour enfants autistes. J’écris au nom de mon père et j’ai donc du mettre sur le papier ce secret.         ” Yair et Liea mettent beaucoup d’énergie pour élever leur fille Yaël. Ma petite fille, belle, tendre, transparente et qui n’est pas vraiment avec nous, ” écrit Tomy Lapid sous la plume de Yair Lapid.

 Et il y a eu aussi un scoop dans cette émission. La politique ? demande Ilana Dayan. Que reste t-il bien à découvrir pour cette vedette médiatique qui a déjà écrit des livres, des romans, du théâtre, des poèmes, joué au cinéma et au théâtre? Lapid junior n’a pas dit non. A suivre donc.

Nimrodi, trafiquant d’armes et magnat de la presse

Si vous vous rendez à Savion, cette petite ville où le m2 est le plus cher d’Israël, la plus belle maison  appartient à Yaacov et Rivka Nimrodi. A quelques minutes de là, une autre bâtisse somptueuse, celle de l’ennemi numéro un de Nimrodi, Noni Moses, le patron du Yedihot, premier groupe de presse du pays et concurrent du Maariv, le journal de Nimrodi.

Selon une indiscrétion d’une amie décoratrice, qui travaille pour les deux magnats de la presse, les Nimrodi et les Moses prennent soin avant de fixer la date d’une soirée mondaine de vérifier que l’autre famille n’a pas arrêté la même date, beaucoup d’invités étant communs, bien que les deux familles ne se parlent à peine.

Non, je ne vais pas seulement vous raconter des potins sur Nimrodi, mais la confidence de mon amie, m’a rappeler qu’il était un des personnages les plus particuliers, les plus attachants d’Israël. 

Agé aujourd’hui de 83,  Yaacov Nimrodi, ans est né en Irak en 1926, dans une famille juive de Badgad. Il a tout juste deux semaines, lorsque ses parents immigrent avec leurs dix enfants en Israël.  Orphelin à l’âge de 14 ans, Nimrodi fait sa première affaire un an plus tard. Avec deux amis – Moshé Sasson et Ytshal Navon, le futur président de l’Etat – il achète au Mufti de Jérusalem,  un entrepôt d’armes qu’il revend ensuite à la Haganah.

Le ton est donné.  Nimrodi, s’engage dans les rangs de la Haganah, puis à Tsahal, après la création de l’Etat. Utilisant sa connaissance parfaite de l’arabe. Nimrodi participe avec succès à des opérations secrétes dans les rangs de l’ennemi et dirige des opérations d’immigration des  communautés juives d’Iran et d’Irak. Ami d’Ariel Sharon et d’autres officiers, qui deviendront dirigeants politiques ou grands patrons, Nimrodi fait donc la guerre en étoffant sérieusement son carnet d’adresse. Au temps du Chah, il est attaché militaire d’Israël à Téhéran et fais ses premiers pas dans le club fermé de l’aristocratie des marchands de canon en décrochant pour les industries israéliennes des contrats de milliards de dollars.

En 1967, Nimrodi  quitte l’armée israélienne et devient en quelques années milliardaire. Il vend des armes, cette fois pour son propre compte.  Il achéte aussi des  systèmes d’irrigation qu’il revend à prix d’or à travers le monde.  Dans les années 80, à la recherche d’une légitimité il investit dans des compagnies d’investissements, d’assurances, de tourisme et de construction.

Le tournant se produit en 1992, avec l’acquisition du deuxième quotidien du pays, le Maariv, qui appartenait alors au magnat de la presse, le britannique Robert Maxwell dont l’empire était en faillite.

Nouvel acteur dans le monde des communications, les accrochages avec les autres groupes se multiplient. A la fin de l’année 90, son fils Ofer Nimrodi est inculpé et condamné à plusieurs mois de prison dans une affaire d’écoutes téléphoniques contre la direction du Yedihot. Aujourd’hui, malgré la crise, la famille Nimrodi reste membre du clan réservé des 100 familles les plus riches d’Israël, avec une fortune personnelle de de 150 – 200 millions d’euros.

Revenons aux potins,  Nimrodi père n’apparait que très peu dans les réceptions de Tel Aviv. Par contre, son fils Ofer, qui dirige aujourd’hui le groupe, fait partie de toutes les fêtes.

 

Y a-t-il une liberté de la presse en Israël ?

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Je sais qu’en écrivant ce Post, je prends le risque de mettre en colère plusieurs de  mes confrères. ” Katy, tu te trompes, tu exagères, tu comprends mal ” m’ont répondu maintes fois des journalistes des grands journaux, lorsque je présentais les limites de la liberté de la presse en Israël. J’accepte les critiques. Mais je persiste et j’accuse.

 

Les trois grands journaux du pays sont la propriété de trois familles qui  défraient la chronique des pages people, ce qui en soit pourrait être sympathique. Ces trois familles concentrent surtout à elles seules un pouvoir  qui nuit à une liberté réelle de la presse. Notamment sur la couverture économique et sociale, la presse israélienne est prisonnière d’une élite. Le pouvoir de ces trois familles s’est renforcé ces dernières années avec des prises de participations dans les médias électroniques, TV et web.

 

Le Yedihot, premier journal du pays appartient à la famille Moses. Ce groupe de presse, à travers maintes publications, le journal féminin La Isha et la chaine de journaux locaux, est devenu un empire financier et politique. Le journal a mené ces dernières années des enquêtes et révélé des scandales qui ont changé le cours de la vie politique. Comment les thèmes des enquêtes ont-ils étaient choisis.  Difficile de le dire. Et une question. Pourquoi le journal fait-il preuve de partialité “sympathique” envers Silvan Shalom. Shalom pour les lecteurs de mon blog qui ne sont pas dans la confidentialité des potins mondains est marié avec une des héritières de l’empire de presse, Judy Shalom Nir Moses, elle même journaliste célèbre.

 

Une autre grande famille, la famille Shoken, d’origine allemande, contrôle le Haaretz. Fondé avant même la création de l’Etat d’Israël, le Haaretz est le journal de référence, intellectuel avec un poids énorme dans les combats politiques. Résolument à gauche, anti-clérical virulent, le journal a doublé cette puissance dans le domaine des idées d’un pouvoir financier grâce à un puissant réseau de journaux locaux.

 

Le concurrent du Yedihot, le Maariv, a été racheté par une autre grande famille, qui contrairement aux familles Moses et Shoken est relativement nouvelle dans le club des élites. Les Nimrodi, d’origine iranienne ont   fait leur fortune dans de juteuses affaires de ventes d’armes avant d’investir dans l’assurance et la presse.

 

Dans ce contexte, l’expérience du Israël Hayom, est comme une bouffée d’air. Avec un modèle fort différent – le journal est distribué gratuitement – ce journal menace de ravir le tirage du Maariv et couvre l’actualité avec une équipe de journalistes célèbres, lassés de dépendre des états d’humeurs des magnats de la presse familiale.