Le général Amnon Lipkin-Shahak, 15ème chef d’état-major de Tsahal s’est éteint cette semaine à l’âge de 68 ans à l’hôpital d’Hadassah de Jérusalem d’une leucémie. Soigné du cancer, il y a plus de vingt ans, il avait publiquement raconté l’existence de sa maladie, avant de prendre ses fonctions de chef d’état-major, démarche alors très inhabituelle dans l’Israël des années 90.
Officier et gentleman,( Shelly Yehimovitz,), héros d’Israël, (Benjamin Netanyaou), homme d’exception (Shimon Peres), Amnon Lipkin-Shahak était de cette génération d’Israéliens, tout à la fois héros et humble, combattant et épris de paix, qui ont fait de Tsahal, et d’Israël une légende.
Devant la tombe de son mari, les mots de Tali Lipkin-Shahak, journaliste et mère de trois de ses cinq enfants racontent mieux que tout l’homme. J’ai donc traduit une partie du texte de Tali et voici:
” Dans le département d’hématologie de l’hôpital Hadassah, enfoui dans cet automne froid et dur, tu m’avais dit, «Je ne peux imaginer ce qu’aurait été ma vie sans toi, Tali.” Et je t’ai répondu. ”Je ne peux imaginer ce que sera la vie sans toi. Tiens encore le coup, Amnon, résiste, lutte, encore. ” Et tu m’as répondu.” J’ai encore de la force”. Mais, depuis longtemps, je savais que nos jours étaient comptés. Nous en parlions en filigrane, rarement, avec prudence, pour ne pas nous blesser. Mais en fait, à qui les jours ne sont pas comptés. Savons nous ce que nous réserve demain? Je tentais ainsi d’apaiser ma peine.
Nous nous sommes aimés sans limite. Simplement, facilement. Sans condition, sans doute aucun. Sans jeu, sans répit, sans peur. Des vases entrelacés et communicants nous étions. Comme un système électrique en circuit fermé, une unité, pleine, unique, une, immense et parfaite autour de notre amour et de la vie que nous avions construit avec nos enfants. Compléments l’un de l’autre, différents et semblables. Et toi, la lumière qui éclairait le chemin. J’étais à toi, mon amour. Et je resterais à toi jusqu’à notre prochaine rencontre.”