Les comédies minute de Jeanne Worms ou Le hasard n’existe pas

 

Le 17 décembre prochain, à 10 heures, une allée proche du Théâtre Marigny et des Champs Elysées sera nommée au nom d’une écrivaine au talent très rare, Jeannine Worms (1920-2006), à la fois essayiste, romancière et dramaturge.

La cérémonie de la pose de la plaque sera présidée par Anne Hidalgo, Mairesse de Paris.

Or, le même jour, à quelques milliers de kilomètres de là, au Théâtre de Jérusalem, salle Mikro, aura lieu la première en hébreu des Comédies minute de Jeannine Worms, qui écrivait des pièces très cruelles, très drôles et très rapides, des tragédies seconde de quelques phrases.

On peut supposer que ce n’est pas par hasard et que le metteur en scène Roy Horowitz ou les traducteurs, Yehuda et Sara Moraly, ont voulu que la première coïncide avec la remise de la plaque au nom de la dramaturge.

Il n’en est rien. C’est par pur hasard (mais on sait que le hasard n’existe pas) que les deux événements se déroulent le même jour. Et cette coïncidence n’est que la signature d’une série de coïncidences qui ont fait que des événements déroulés en Israël ont déterminé des événements se déroulant à Paris.

Jugez donc. Il y a assez longtemps, paraît dans Bama, le journal israélien spécialisé dans les Arts du spectacle, une pièce de Jeannine Worms, Mougnou Mougnou. Deux femmes papotent près du landau de leurs bébés –mais on s’aperçoit vite que les bébés qu’elles bercent sont des créatures spéciales qui vont s’entredévorer. Cette pièce, parmi les dizaines écrites par Worms, est jouée par deux femmes, l’une du style je sais tout, l’autre, la femme numero 2,du style nunuche dont la naïveté donne des ailes à sa savante partenaire. La pièce, magistralement traduite par Mikhal Zupan, a séduit une étudiante, Victoria Menasherov qui décida de faire un mémoire de maîtrise sur Jeannine Worms. La directrice de cette recherche, Sharon Leavi Aronson, se passionna pour le Théâtre de Worms et, devenue Chef du Département d’études théâtrales à Tel Aviv organisa, en collaboration avec Sefi Handler, le directeur de la Galerie d’Art de l’Université, une exposition « Manières de table » où étaient jouées deux pièces de Jeannine Worms, encore deux pièces de femmes, Le Goûter et La recette –encore deux pièces à l’humour noir et grinçant qui la caractérise. Ces pièces où la nourriture est centrale, une nourriture très spéciale puisque les deux femmes mangent leurs maris.

Yehuda Moraly, très admiratif du Théâtre de Worms, écrivit à l’occasion un texte de présentation qu’il destina, en hébreu, au catalogue de l’exposition, en français à une nouvelle revue francophone, A la page. Ce texte, envoyé en France, séduit Malka Markovitch, qui le publia dans son site, Palmyre. Or, Malka Markovitch venait de rééditer son livre Parisiennes, un livre consacré aux rues de Paris portant des noms de femmes. Elle était très consciente du peu de rues parisiennes portant des noms de femmes et désireuse de multiplier ces rues. Elle proposa alors à la Mairie de Paris le nom de Jeannine Worms. La très impressionnante carrière de celle-ci, son œuvre considérable, publiée chez des éditeurs prestigieux, firent le reste. Et, après un an de démarches et d’efforts, ce qui est très peu, voici Jeannine devenue allée, mais pas n’importe où, à côté de l’allée Marcel Proust, non loin des Champs Elysées et non loin du domicile où elle vivait, quand elle vivait, rue du Faubourg Saint-Honoré.

Que ce soit un spectacle israélien qui ait finalement provoqué cette nomination est assez extraordinaire, comme le fait que le même jour, elle se fasse découvrir, par ces pièces rapides, cris de désespoir, de délire, au public israélien.Jeanne Worms était juive mais n’avait rien d’une sioniste. Mais la voilà, post mortem, faisant une alya artistique. Elle est la représentante d’un groupe peu connu, celui des dramaturges juifs français, de Feydeau (sa mère était juive), à Ionesco (sa mère était aussi juive), à Tristan Bernard, Alfred Savoir, (Poznanski), Fernand Nozière (Weill), Grumberg, Vinaver, Yasmina Reza, Danièle Chalem, Kalisky, etc, etc…

Un Judaïsme qui, souvent ne s’avoue pas, mais qu’on perçoit, au-delà des gags ,des cabriole.Un humour absurde, féroce, qui pourrait bien caractériser les créateurs juifs. Le fantôme des Marx Brothers passe à travers les lignes du Théâtre de Worms.

Espérons que le public du 17 décembre soit sensible à cet humour complexe et tourmenté.

La machine à écrire d’Amos Oz

 

Aux premiers jours du printemps 1988, je traversai le Néguev pour rencontrer Amos Oz.

Oz avait quitté Houlda, le kibboutz de ses quinze ans, pour Arad, la petite commune tranquille du désert. Il espérait soigner son fils souffrant dans cette ville de cure qui domine la Mer morte, sur les hauteurs des étendues désertiques. D’emblée, nous avions parlé du quotidien à Arad. Comment vivre dans cette localité isolée, loin du bouillon culturel de Tel-Aviv ? La réponse d’Amos Oz me rappela la célèbre formule de René Descartes : « Même si j’étais seul, dans une cellule de prison, sans un livre, sans un objet, je ne m’ennuierais pas. Je réfléchirais, je rêverais, je penserais. »

Entrer chez un écrivain, c’est un peu comme pénétrer dans l’intimité de son écriture — dans le lieu où les mots se créent, où son monde s’élabore et se dévoile. J’imaginais qu’Amos Oz me recevrait dans une pièce neutre. Il me fit entrer dans son bureau — ou, pour reprendre son expression, son « lieu d’écriture ». La pièce, spacieuse, se situait en contrebas de la maison et donnait sur un jardin d’hiver verdoyant, mais dépourvu d’horizon, comme refermé sur lui-même. Sur une table de travail, une machine à écrire attira mon attention. Oz remarqua mon regard étonné. Pendant les deux heures que dura notre entretien, il n’en dit mot. De nombreux livres s’entassaient sur les étagères ceinturant la pièce; une photo de famille en noir et blanc était posée sur la table. Oz était assis sur un siège aux proportions généreuses. Il y avait aussi un petit salon au sol couvert de moquette, et des plantes. L’ensemble baignait dans une atmosphère sereine qui me semblait pourtant magique. Ici étaient nés les livres emblématiques de l’Israël contemporain.

Oz était brillant, lumineux, spirituel — captivant. Il était surtout lucide quand il décryptait les hommes et la société de son temps. Il savait aborder un sujet compliqué et le rendre parfaitement clair. Avec aisance, il mettait à nu les complexités et les méandres d’une situation. Amos Oz était aussi chaleureux. Une amabilité parfois un peu forcée. Mais le geste, le sourire à la fois timide et rayonnant suscitaient le dialogue.

Comme si les écartèlements étaient un choix, il jonglait avec les contradictions. Tout s’entremêlait en filigrane. Une famille ancrée à droite et un engagement militant à gauche. Un écrivain laïc parlant à plaisir des choses juives. Une enfance dans un quartier pauvre de Jérusalem et une adolescence rebelle dans un kibboutz. Une famille déchirée — sa mère s’était suicidée alors qu’il avait douze ans — et une cellule familiale transcendée dans ses écrits comme dans sa vie. À première vue antinomiques, ces discordances devenaient harmonieuses au fil du propos. Un puzzle aux mille pièces éparpillées qui s’assemblent et s’emboîtent.

Oz parla de l’écriture, du rituel de la création des lignes et des mots. D’Arad à l’aube, de ses marches dans la lueur ténue qui précède le lever du jour enfoui dans la nuit, dans le désert encore endormi, encore imberbe, encore immaculé comme une source d’où jaillira peut être l’inspiration. Puis du café, chez lui, siroté avant de s’asseoir à son bureau, devant sa machine à écrire. Et des trois, quatre lignes écrites le matin, puis repensées, réécrites, rayées la fin de la journée venue. Oz parla aussi de l’hébreu, de la nécessité de vivre en Israël pour écrire, dans l’espace des consones et des voyelles hébraïques. Avec la pudeur de quelques mots épurés, Amos Oz raconta l’écriture, ce va et vient de la création, cette grande aventure de l’intérieur, cet entrechoc entre les mots, les idées et les profondeurs de l’homme.

Amoz Oz, véritable Proust de l’Israël moderne, est un grand écrivain. C’est aussi un grand conteur. Il passait avec dextérité des questions intimes aux grandes causes du monde. En l’écoutant, les banalités devenaient sublimes, les défis existentiels limpides. Je m’étais souvent demandé comment était il  devenu une sorte de prophète des temps modernes vers qui l’on se tournait quand la tempête faisait rage. Tous les écrivains talentueux ne publiaient pas des pamphlets  iconiques  à la une du Yédihot Aharonot à chaque nouveau soubresaut de la société israélienne. Cet entretien m’apporta un élément de réponse. Amos Oz parlait d’Israël avec un mélange de sévérité et de tendresse. Il témoignait d’un sens critique impitoyable tout en portant sur ses compatriotes un regard caressant, sensuel. Un amoureux averti qui ne transigeait jamais avec les règles de la clairvoyance.

Alors que nous étions près de l’escalier qui menait au portail, j’interrogeai Oz sur la machine à écrire. « Je sais, cela vous a surpris, répondit-il. Je n’écris pas avec un ordinateur, cela va trop vite. J’ai besoin du temps, des allers et retours, du grincement, de la musique, des hésitations de la machine à écrire. »

Cet écrit a été publié dans le livre, En direct de Jérusalem, Une journaliste raconte, que j’ai publié aux Editions Inpress en 2012.

Israël – Portrait de femmes, Vaan Nguyễn Thi Hong

 

Née de parents vietnamiens, Vaan Nguyễn Thi Hong est israélienne. Cette jeune femme belle et mélancolique a la colère des femmes sans racines. Elle voudrait hurler et gémir. A la fois contre le pays qui n’est pas le sien et contre la terre de ses aïeux qui lui est étrangère. Elle navigue dans la vie sans gouvernail. Un voyage au départ flou et à l’arrivée incertaine. Elle a parfois l’impression d’être un papillon qu’un ouragan emporte, une plante vivace qu’un cannibale dévore, une petite fille que l’on agresse. Le malaise des déplacés, des hommes du nulle part.

C’est en juin 1977 que Menahem Begin accueille un groupe de boat people vietnamiens sauvés en Mer de Chine, par le commandant d’un cargo israélien. Le leader de la droite vient de prendre le pouvoir après trente ans d’hégémonie travailliste et voit dans ce geste la raison d’être de l’État d’Israël. Begin se rappelle les rescapés des camps, au regard hagard, victimes de l’indifférence des nations et tend la main aux déshérités de la terre. Quelques dizaines au début, les réfugiés vietnamiens furent bientôt quatre cents. Le public israélien était enthousiaste. Israël aimait ce rôle de sauveur. Les enfants agitaient des drapeaux bleu et blanc pour accueillir les nouveaux habitants de leur ville. Des volontaires fournissaient meubles, habits et jouets. Rapidement, l’enthousiasme céda la place à une indifférence polie. Beaucoup de réfugiés quittèrent Israël. Ceux qui restent vivent en autarcie, défendant leur patrimoine culturel. Et leurs enfants, confrontés à l’histoire douloureuse de leurs parents, sont sans port d’attache. À la recherche d’une identité.

Voir aussi

Israël – Portrait de femmes, Ofra Strauss

Israël – Portrait de femmes, Vaan Nguyễn Thi Hong

Israël – Portrait de femmes, Hanin Zoabi

Comme une thérapie, Vaan Nguyễn Thi Hong a interprété, aux cotés de son père, son propre rôle dans le Voyage de Vaan, un film tourné au Vietnam sur la recherche pathétique d’espoirs à jamais disparus. Vaan et ses quatre sœurs ont servi dans l’armée israélienne. L’une d’entre elles s’est convertie au judaïsme pour pouvoir épouser un Israélien — un choix de convenance que Vaan a refusé de faire. Après avoir voyagé de par le monde, Vaan est revenue en Israël. Elle ne se sent chez elle, ni à Saigon, ni à New York, ni à Tel-Aviv; mais ici les mots, l’écriture, la poésie deviennent chaque jour sa raison d’être, son ancrage.

L’Israélienne dont les parents balbutient à peine l’hébreu, est devenue une virtuose de la langue. Les vers de Vaan ont un charme mystérieux. C’est une poésie authentique à la beauté dépouillée et sensuelle écrite dans un hébreu sans rigueur grammaticale, mais pur et vrai. Une langue qui échappe aux règles et jongle avec des associations étranges, créant une musicalité inconnue de la langue biblique. Vaan parle du quotidien, de la douleur, de la fragilité, de la dépression, des obsessions de ceux qui n’ont plus de pays. Elle raconte sa vie en porte-à-faux entre ses parents vietnamiens et ses amis israéliens. Elle parle du vide de l’immensité urbaine, mais aussi du bouillon de culture de Tel-Aviv. « La poésie est un hasard, j’ai commencé à écrire par solitude, pour effacer les souvenirs difficiles de mon enfance. J’étais une Asiatique proscrite  et qui rêvait d’être israélienne. Adolescente, j’ai même écrit au premier ministre pour ôter la mention “vietnamienne” sur ma carte d’identité. En vain. »

Au Café du Petit Prince, au 18 de la rue Nahalat-Benyamin, Vaan et ses amis poètes se rencontrent chaque semaine pendant des heures. Ce nouveau courant de jeunes poètes israéliens renoue avec la tradition de la poésie hébraïque du début du xxᵉ siècle. Les discussions passionnelles se terminent parfois en pugilats. Vaan et ses amis publient des poèmes dans des revues d’avant-garde applaudies par les critiques et ignorées du grand public. Vaan n’est plus vietnamienne, mais écrivaine et poétesse.

Cet article a été publié pour la première fois, dans mon livre, “En direct d’Israël”, paru aux éditions Inpress.

“A la Page” fête sa naissance

 

La revue “A la Page” fête sa naissance et choisit pour thème les 70 ans de l’Etat d’Israël. Son ambition est de témoigner de la richesse de la vie artistique en Israël, de la créativité de ses habitants ou des artistes qui entretiennent un lien avec le pays, qu’ils y soient résidents ou non, que les oeuvres produites soient contemporaines ou relèvent du passé.

Le lecteur curieux y découvrira des textes originaux d’auteurs actuellement célébrés, des articles de réflexion et d’analyse concernant la littérature, des entrevues avec des personnalités attachantes, mais également plusieurs comptes rendus de livres parus il y a peu ou d’expositions qui ont récemment fait vibrer le coeur du public israélien de Tel-Aviv ou de Jérusalem.

Cette revue en français se propose aussi de célébrer le mélange culturel israélien qui résulte des apports d’une immigration venant de partout et qui a donné ce bouillonnement si représentatif du quotidien en Israël. L’usage de la langue française pratiquée par des locuteurs aux origines si diverses nous permet de renforcer encore cette sensation d’ouverture sur le monde, sur d’autres cultures, sur des sensibilités différentes.

En l’honneur de la fondation de l’Etat d’Israël il y a 70 ans, un article percutant et original apporte une vision neuve sur l’un des premiers intellectuels à avoir envisagé la création d’un Etat juif − Theodore Herzl – en traitant de sa dernière pièce de théâtre et en soulignant la répercussion de cette oeuvre non seulement sur son écriture, mais aussi sur sa conception d’un futur Etat juif. Le contexte psychologique, social et politique de l’époque est magnifiquement brossé et permet de découvrir un texte et un homme passionnants.

 

Les participants au premier numéro de “A la Page”

Luis Mariano Akerman. Peintre, architecte et historien d’art, né à Buenos Aires et installé aujourd’hui en Israël. Il a reçu plus de douze prix et distinctions internationales. Selon l’écrivaine anglo-pakistanaise Sara Mahmood : « Mariano Akerman construit des ponts entre les cultures dispersées tout autour du monde. »

Eli Amir, écrivain et de 1964 à 1968 conseiller du Premier ministre. Auteur de best seller Tarnegol Kaparot, Yasmin…

Meir Appelfeld, artiste peintre, travaille et vit à Jérusalem.

Dina Shefet, née à Jérusalem, travaille à Yad Vashem et recueille les témoignages de survivants de la Shoah.

Raphaël Jerusalmy, ancien officier des services de renseignement militaires israéliens, est aujourd’hui chasseur de livres et de documents anciens, analyste expert en matière de défense et de sécurité pour la chaîne I24 news et auteur de plusieurs livres.

Joel Kantor est artiste photographe. Les photos, offertes à la revue A la Page, font parties du livre : Tel Aviv mon amour, 1995. ©Joel Kantor.

Liliane Limonchik, fondatrice de la revue A la Page, membre de l’Association des écrivains israéliens de langue française depuis 2004, a fait partie du Comité de lecture de Continuum. A publié plusieurs ouvrages et notamment des recueils de poèmes.

Shmuel T. Meyer, est un auteur israélien. Il a publié des nouvelles et un roman aux éditions Gallimard, des nouvelles aux éditions Métropolis (Genève) et en 2017, un recueil de poèmes Anastrophe aux éditions Caractères.

Yehuda (Jean-Bernard) Moraly a d’abord été acteur et dramaturge. Certaines de ses pièces ont été jouées en France et en Israël : Gimpell le naïf, Théâtre Khan, 1982 ; Le Tombeau des poupées, Palais de Chaillot, 1983 ; La Musique, France Culture, 1992. Il a enseigné le théâtre et le cinéma à la Sorbonne, à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, à l’Université Bar Ilan, de Tel-Aviv et à l’Université Hébraïque de Jérusalem où il a aussi dirigé le Département d’études théâtrales et animé un festival de théâtre étudiant. Ses principaux ouvrages de recherche sont Genet : la vie écrite (1988) ; Claudel metteur en scène (1998) ; Le Maître fou (2009) ; L’œuvre impossible (2012), Révolution au Paradis (2015). Il rêve de monter un groupe de théâtre israélien d’expression française.

Gideon Ofrat, né à Tel-Aviv, Israël. Docteur en philosophie à l’Université Hébraïque de Jérusalem, il a reçu le Prix du Curateur, du ministère de la Culture, Israël et la distinction : Yakir Bezalel. L’Institut Yad Ben-Zvi, Jérusalem, lui décerne le Prix d’Accomplissement de Vie. Gideon a publié plus de cinquante livres sur l’art israélien, la philosophie de l’art, le drame israélien et les interprétations de la Bible.

Uri Orlev est né en 1931, à Varsovie en Pologne. Ses livres ont été traduits dans plus de quarante langues et ont reçu de nombreux prix en Israël et dans le monde. A ce jour il est le seul écrivain israélien à qui a été décerné le Prix international Anderson, reçu en 1956. Uri Orlev vit à Jérusalem.

Carmen Oszi, secrétaire de la Société d’études Benjamin Fondane et membre du comité de rédaction des Cahiers Fondane, a effectué de nombreuses études portant sur la littérature francophone et l’histoire du journalisme.

Emmanuel Rixhon a enseigné la littérature et la linguistique à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1995 à 2002. Il est actuellement Consul général adjoint de Belgique à Jérusalem.

Rebecca Wengrow née à Paris, a publié plusieurs recueils de nouvelles et un roman. Elle participe à des livres collectifs, revues et journaux. Les Vivantes est sa première pièce de théâtre.

Traductions de textes de l’hébreu en français par Fabienne Bergmann et Nina Reinhold-Berger.

Points de vente

Librairie Vice Versa – Shimon Ben Shatah 1, Jérusalem, Israël

Librairie du Foyer –  Place Masaryk 14, Tel-Aviv, Israël

Librairie du Temple – Rue des Hospitalières Saint-Gervais 1 angle 52, rue des Rosiers 75004, Paris, France

Librairie le Parnasse –  Rue de la Terrassière 6 1207, Genève, Suisse

 

Le site “A la Page “

https://www.revuealapage.com/

 

Le Pessah de Nathan Sharansky

 

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Où l’homme se sent-il libre ? Dans les rues colorées, turbulentes, avenantes de Jérusalem, de Tel Aviv, d’Israël, cette veille de Pessah, ou dans un cachot noir et glacial au fond de la Sibérie ?

Cette question étrange a été posée par Nathan Charansky. L’ancien prisonnier de Sion, raconte sur la Channel Two de la télévision israélienne, à la journaliste Sivan Rahav Meir,  Pessah en Sibérie, dans la prison soviétique.

” Je n’avais pas de matzot, pas de livre de la Hagada de Pessah. J’étais au fond d’un cachot avec d’autres juifs. Alors j’ai passé la nuit à raconter l’esclavage et la liberté, la sortie d’Egypte. Nous avons tous senti  la liberté. Au fond de ce cachot, en racontant la liberté de nos ancêtres, nous devenions libres, au plus profond de nous mêmes.

Dans un cachot, les choses sont nettes, presque limpides. Du noir et du blanc. Facile de définir le bon et le mal. Facile de différencier le gentil du méchant. Nous étions du côté des bons, d’un peuple avec un passé, héritiers d’hommes qui ont su acquérir la liberté.

Dans la société moderne,  la lutte pour la liberté est un combat âpre. Face à des tentations multiples, à des jougs de toutes sortes, l’homme méne un combat héroïque pour gagner sa liberté, pour réussir à être  ben ‘horin, pour acqyérir ce sentiment de plénitude qu’est la liberté, la vraie.”

HARNIK NATIPhoto GPO Harnik Nati, Nathan Charanshky le 2 novembre 1986, à son arrivée en Israël, avec sa femme, Shimon Pérès et Itshak Shamir.

La photo la plus émouvante de David Rubinger

 

 

Il y a plus de quinze ans, j’avais interviewé David Rubinger pour Radio J, dans sa maison de la Moshava Germanit à Jérusalem.

Le photographe le plus célèbre d’Israël avait, disait-il plus d’un demi-million de photos dans ses archives. Mais je me suis tout de même hasardée à poser une question-fleuve.

” Quelle est la photo que vous préférez” ?

” Ah, je ne peux pas choisir, mais je vais vous dire la photo préférée de ma femme. C’était au début des années cinquante. L’alya du Maroc et des pays arabes, dans l’Institut des aveugles à Jérusalem,  j’ai photographié, un enfant, nouvel immigrant, aveugle, qui découvrait la carte, les monts, les vallées de son pays, en palpant la carte d’Israël.”

Michaël Ben-Hamou, l’enfant aveugle a aujourd’hui 67 ans. Il s’appelle Michaël Ronen et habite Beersheva. Il est accordeur de piano, très demandé, dans tout Israël. ” Je ne savais pas alors que j’étais photographié, mais il y a une dizaine d’années, nous avons repris contact, lui et ses photos, moi et ma musique…”

 

Opéra en Galilée

 

 

 

 

“L’économique et la musique se marient parfaitement” explique Muriel Haïm, l’initiatrice des Journées de Galilée. “L’économie, la technologie, tout comme la musique dépassent les frontières et contribuent à l’amélioration de la qualité de la vie des citoyens du monde”.

Dans cet esprit, la Galilée accueille cette semaine les Journées internationales de Galilée, des rencontres économiques  et un festival d’Opéra Baroque.

Dans la cour de la forteresse des Croisés de la vieille ville d’Acre, l’ensemble des Talents Lyriques, dirigé par le chef d’orchestre français Christophe Rousset présentera trois grands classiques : Actéon (1684) de Charpentier, Didon et Enée (1689) d’Henry Purcell et Alcina (1728) d’Haendel. Pour Alcina, la magicienne qui envoute les hommes, l’artiste et vidéaste américaine Naomie Kremer a créé le spectacle vidéo qui sera projeté sur la forteresse.

Quelques heures auparavant, à Zirkhon Yaakov et au Technion de Haifa, les participants se réuniront sur  le thème ambitieux de ” La Technologie change le Monde et le Moyen-Orient” et lanceront le premier Cercle International d’économistes.

Avant de s’occuper de musique et d’économie, Muriel Haïm a déjà été l’architecte de beaux projets. Elle a participé à la création de Beit Ham, la maison qui à Jérusalem accueille quotidiennement des enfants après l’école et lutte ainsi contre la délinquance.

Et surtout en tant que médecin, elle dirige l’association Un cœur pour la paix, qui avec le professeur Jean-Jacques Rein, a sauvé dans les hôpitaux israéliens, plusieurs centaines d’enfant palestiniens atteints de malformations cardiaques.

Un cœur pour la paix, tout comme les journées de Galilée, des micro-projets d’espoir dans un Moyen Orient à feu et à sang.

 

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Tel Aviv Live de Nellu Cohn

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” Quand vous arrivez à Paris, vous êtes dans un musée du 19e siècle, quand vous arrivez à New York, le musée est celui du 20e  siècle. A Tel Aviv, les gens ne savent pas. Ils cherchent. Ce qui fait leur identité, c’est cette recherche. Il y a toutes sortes de voix, une multiplicité de voix. Cette recherche constante est émouvante et fascinante”  dit Etgar Keret, un des artistes que Nellu Cohn fait parler dans son film.

Après y avoir consacré plusieurs livres, des mots et des photos,  (auquel d’ailleurs j’avais consacré un papier),  Nellu Cohn filme Tel-Aviv.

Le documentaire, “Tel Aviv, Live” présenté en France ces derniers mois, arrive cette semaine dans les salles israéliennes, avec une première projection à la cinémathèque de Tel-Aviv.

Tel Aviv, la plage et sa promenade, le soleil, les restaurants, Tel Aviv c’est tout cela. Mais pas seulement. Nellu Cohn a voulu raconter à travers des artistes emblématiques de la ville, le Tel-Aviv profond. Pourquoi Tel Aviv attire tellement ? Pourquoi Tel Aviv interpelle ? D’où vient l’énergie créatrice de la ville ?

” Mégalopole à la pointe de la culture, Tel-Aviv est un métissage de talents, un foisonnement d’audaces qui fait de cette ville l’une des plus vivantes du monde. Je ne suis pas écrivain. J’ai donc laissé la plume à d’autres personnalités, les artistes de Tel-Aviv, Menashe Kadishmann, Etgar Keret, Noa et David Tartakover.  J’ai pour ma part utilisé un langage qui m’est cher : celui de l’image. “

Pour un avant-gout, pour découvrir l’autre Tel-Aviv, voici le très beau teaser du film.

Brassens en terre d’Israël

AFFICHE DECEMBRE 2015 - JANVIER 2016 .

Moments de poésie, d’histoire, de drôlerie et d’intelligence ; un voyage imaginaire dans l’univers poétique, philosophique, et politique de Georges Brassens.  Isaac Attia chante  Brassens à Jérusalem et à Tel-Aviv.

Docteur en lettres et historien, immigré en Israël en 1996 Isaac Attia à surtout une passion : la musique, la chanson, Brassens qu’il veut partager. Ce choix symbolise un autre Israël. Il y a une trentaine d’années, venir vivre en Israël et chanter en français était inconcevable. Surtout se fondre dans la culture locale, oublier ses racines culturelles, chanter en hébreu ou ne plus chanter du tout.

En 2016, comme Tazazo qui chante les très belles mélodies d’Ethiopie, comme Rita qui a intégré dans son répertoire les chansons perses de son enfance, comme Déborah Benasouli  qui interprète avec succès Barbara, Isaac Attia revendique, le droit à une identité pluriculturelle. Vivre et vibrer en Israël, en hébreu, en yiddish, en ladino, en amaharic, en russe, en français…

Le public est pour l’heure essentiellement francophone, mais cette présence culturelle affirmée tentera bientôt le tout Israël. Des chanteurs de talent, immigrants, chantant des grands chanteurs français déjà très connus ici,  ont en Israël, un public prêt à être conquis.

Et juste pour la petite histoire, Brassens était un ami d’Israël. Il a même raconté un jour comment il avait eu les larmes aux yeux lorsqu’il avait entendu pour la première fois, Rika Zaraï chanter ses chansons en hébreu, chansons traduites en hébreu par Naomie Shemer et aussi par Yossi Banaï.

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Samedi 26 décembre et 2 janvier – 20.30 Théâtre Khan Jérusalem – Réservations 02-6303600

Mercredi 6 janvier – 20.30 Susan Dalal Tel Aviv – – Réservations 054-5607721

 

Tazazo & Tzemer

 

Tazazo & Tzemer, le duo  fait le buzz dans les banlieux d’Israël. L’un est né en Israël, l’autre en Ethiopie. Ils chantent ensemble les histoires de leur vie. Un des spécialistes de la chanson israélienne écrit sur eux : ” Ils ne sont pas encore dans le main stream de la chanson israélienne, vous ne les entenderez pas encore sur les grandes radios, mais ce n’est qu’une question de temps. Ils ont déjà convaincu la périphérie et désormais c’est la périphérie d’Israël qui donne le ton à la culture de ce pays…”

Pour les découvrir, voici une de leur chanson, l’hymne à la mama, cette fois à la maman d’Ethiopie, plus d’un demi-million de visionnages sur You Tube.