Une Meguila écrite par une femme est-elle cacher ?

וַתִּכְתֹּב אֶסְתֵּר הַמַּלְכָּה בַת אֲבִיחַיִל וּמָרְדֳּכַי הַיְּהוּדִי אֶת כָּל תֹּקֶף לְקַיֵּם אֵת אִגֶּרֶת הַפּוּרִים הַזֹּאת הַשֵּׁנִית

מגילה ט, כט.

Pour ne pas faire durer le suspense, je vous donne la réponse d’emblée, une Méguila de Pourim écrite de la main d’une femme est strictement cacher, selon un jugement du grand décisionnaire sépharade, le Rav Ovadia Yossef.

L’importance de la question du point de vue halachique est liée à l’obligation de lire la Méguila d’Esther non pas dans un simple livre imprimé, mais dans un parchemin écrit à la main par un scribe selon des lois très strictes d’écriture, identiques à celles de l’écriture d’un rouleau de la Thora.

Sur l’écriture d’un rouleau de Thora, le Talmud, (Guittin, 45), précise qu’un homme et non une femme doit écrire le parchemin.  

Or, écrit le Rav Ovadia Yossef, les femmes ont l’obligation de lire ou d’écouter la Méguila d’Esther, le miracle de Pourim est celui d’une femme et donc “nous devons poser la question si la Méguila peut être écrite de la main d’une femme. “

La question a été posée maintes fois par les sages. Le Hida et d’autres sages ont déjà écrit qu’une Méguila écrite par une femme était strictement cacher.

Le Rav David Oppenheim a donné une explication à partir du texte même de la Méguila : ” Dans le texte de la Méguila, il est écrit   La reine Esther, fille d’Avihail écrivit)  Méguila d’Esther, 9, 29). ” C’est à partir de ces termes, que le Talmud, (Méguila, 19) a décrété que la Méguila, comme les rouleaux de la Thora, devait être écrite sur un parchemin, avec de l’encre et un porte-plume, et comment imaginer que la première Méguila écrite par Esther ne serait pas cacher !

En d’autres termes, si la Reine Esther a écrit la Méguila,il y a quelques 2500 ans, les femmes juives de génération en génération, peuvent elles aussi, apprendre les règles de la calligraphie hébraïque et écrire la Méguila d’Esther.

Les beignets de Hanoucca

 

En Israël, Hanoucca commence par des parfums.

Au début du mois de décembre, à l’approche de la fête de la Lumière, des effluves d’huile sucrée, de pâte levée, de chocolat fondant et de confiture rouge brûlante envahissent les rues de Jérusalem. Ces parfums vous happent et vous conduisent vers l’une des pâtisseries de la ville. Là, dans d’immenses marmites d’huile bouillante placées à même la rue, baignent des soufganiyot, ces gros beignets ronds de Hanoucca fourrés de confiture, de chocolat ou de sirop d’érable que le marchand saupoudre généreusement de sucre glace avant de vous tendre ces quelques centaines de calories dans un papier blanc.

Depuis quelques années, les beignets se sont fait oeuvres d’art. Véritables sculptures gastronomiques miniatures, beignets spectaculaires, jeux de texture, les beignets se métamorphosent en structure gourmande et ultra design, dans un chavirement de couleurs et d’arabesques, où rivalise le plaisir des yeux et des papilles.

Ce nouvel art culinaire de Hanoucca est même à l’origine de workshop où il faut s’inscrire dès l’été, pour découvrir l’art de créer un beignet art design.

Confiture rouge ou oeuvre d’art, cette gourmandise qui se cuit dans beaucoup, beaucoup, d’huile rappelle le miracle de la petite fiole d’huile qui alluma pendant huit jours les lumières du chandelier du Temple de Jérusalem. Lumière du candélabre, lumière de la résistance des Maccabées.

Pendant une semaine, Hanoucca, les lumières, les toupies, les parfums, les beignets ronds, les beignets colorés disent la fête des sens en Israël.

(Photo PR Roladin)

Le bar à jus de fruits

Stocksnap 6 Daria Nepriakhina

 

A Jérusalem,  en haut de la rue Ben-Yéhouda, deux marchands de jus de fruits, téméraires rivaux, pressent leurs fruits fantastiques et philosophent à qui de mieux pour attirer le client. “Doux pour l’âme et onctueux pour le palais” lance le premier. “Votre verre anti-stress” réplique le second. “La boisson au goût intense du bonheur”…Concurrence oblige, les étals des deux marchands ressemblent à un fantastique verger des fruits du monde ou encore aux pages d’une encyclopédie savante sur l’histoire des fruits. A qui des deux, amènera les espèces les plus exotiques. Virtuoses, les deux marchands connaissent les noms, les saveurs et les propriétés de chaque fruit, leurs vitamines et leurs calories. Pommes, oranges fraises, mandarines, figues rhubarbes, litchi, framboises mûres et aussi des  caramboles, des abacaxis,  des cajus. Il y a aussi, des étranges boulettes jaunâtres, des tuyaux verts et épineux, des minuscules billes rouges. Des girembelles, des corossols et des acérolas tranche le marchand, en regardant du coin de l’œil son rival. Des fruits de toutes les couleurs du monde pour fabriquer des jus juteux, parfumés, délicatement acidulés, sucrés et rafraîchissants. Deux bars à jus de fruits ou le jardin des délices sur quelques mètres carrés.

 

En Israël, on trouve un bar à jus de fruits presque à chaque coin de rue. Bien avant l’invention américaine du smoothie, le jus de fruit était la boisson des premiers immigrants juifs dans la Palestine de l’Empire ottoman. Avec l’arrivée du Coca-Cola, après la guerre des Six jours de 1967, les Israéliens, fiers de faire partie du monde civilisé  délaissèrent les boissons naturelles. Pourtant, les jus à base de produits locaux reviennent à la mode. Les frappés aux fruits mixés, pressés à la demande, très visuels et séduisants, font désormais partie de l’ « errance gustative » qui caractérise les rues d’Israël. On les déguste debout devant le kiosque, mélangés à de la glace pilée, du yaourt, du lait ou du jus d’orange. Chacun peut décider du dosage. Les connaisseurs préfèrent les formules qui font la réputation de l’établissement : les classiques, mangue-passion  ou fraise-banane, la vitaminée à outrance 100 % jus de grenade, ou la revigorante orange-poire-gingembre. À Haïfa, sur les hauteurs du Carmel, un bar propose des jus insolites à base de tofou. À Tel-Aviv, dans les bars branchés, on peut se laisser surprendre par des jus à base de courgettes mixées, de menthe et de cardamome. Sur le campus de l’université de Beer-Chéva, les jus sont servis dans des verres en carton recyclable. Près des zones high-tech, les formules se veulent plus sophistiquées encore — goyave-litchi-myrtille  et graines de quinoa ou pastèque-basilic parsemées de noix et de céréales grillées.

 

Le marchand de jus de fruits du marché de Tibériade dispose en tout et pour tout d’un seul presse-fruits. « Depuis 1910 », annonce fièrement son panonceau. « Les jus fantaisistes, ce n’est pas sérieux ! Ici on ne presse que des oranges: 100 % de vitamines et 100 % d’histoire. Mon arrière-grand-père servait ses jus aux aghas ottomans; mon grand-père, aux officiers britanniques ; mon père, aux hommes du Palmach; et moi, je presse mes oranges pour nos soldats en priant pour la paix.”

 

Photo Stocksnap
Ce texte a été publié dans mon livre “En direct d’Israël, une journaliste raconte”.

Le Chofar du 131 rue Nahalat Benyamin

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À la veille de la fête du Nouvel An juif, l’effervescence règne au 131 de la rue Nahalat Benyamin, au sud de Tel Aviv. Près des nouvelles boutiques branchées du quartier du souk se dresse une  bâtisse, l’une des plus anciennes de Tel Aviv, — elle date des années 1930 — et elle recèle des trésors.

C’est l’atelier de fabrication des chofars d’Israël, « Barsheshet – Ribak Chofarot Israël ».

Des dizaines de personnes à la recherche d’un chofar pour Rosh Hashana et pour Kippour se pressent à l’intérieur de ce lieu où presque rien n’a changé depuis soixante-dix ans. Une forte odeur de bouc imprègne l’atmosphère; un peu partout sont accrochés des chofars de toute sorte et de toute taille. Il y a les machines pour creuser la corne du bélier, et les outils qui feront de cette matière brute l’instrument au son puissant, pur et profond qui, le jour de Rosh Hashana, ébranlera les hommes en prière.

Cet atelier raconte une belle histoire de rivalité et d’amitié. Dans les années 1950, Abraham Rivak hérita cet atelier de son oncle; déjà, en Pologne, depuis des centaines d’années, la famille fabriquait des chofars. A quelques milliers de kilomètres de la Pologne, les ancêtres de Tvika Bar Sheshet, avaient, eux aussi, fondé un atelier de chofars. C’était au XIVe siècle, à Barcelone. Le père du Rabbi Itshak Bar Sheshet, le Ribash, s’était rendu célèbre en sonnant le Chofar à six reprises pour annoncer le début du Shabbat à ses coreligionnaires. D’où le patrimoine de Sheshet, six en langue hébraïque. Six jours de la création, six sonneries du chofar. Expulsée d’Espagne, la famille Bar Sheshet s’installa pendant quelques siècles en Algérie, puis au Maroc, avant d’immigrer au milieu du XXe siècle à Haïfa. Et pendant ce temps, la fabrication des chofars se poursuivit de génération en génération.

Durant des années, les familles Rivak à Tel Aviv, et Bar Sheshet à Haïfa se sont livrées une guerre sans merci pour se partager le marché des chofars. Jusqu’au jour où Tsvika Bar Sheshet a proposé une alliance à son rival. Depuis, « Ribak Chofarot Israël » fabrique plus de 70% des chofars produits en Israël ; quant à Abraham Ribak et Tsvika  Barsheshet, ils ont scellé leur amitié en voyageant ensemble au Maroc, en Australie, en Afrique à la recherche de cornes de bélier, de mouton, d’antilope ou de gazelle de qualité. Leurs enfants, eux, ont introduit le marketing digital dans l’atelier familial.

Et la troisième génération ne veut pas changer de métier  « Fabriquer des instruments pour parler à Dieu, on ne quitte pas un tel métier ! »

 

Photo tirée du site  – www.shofarot-israel.com

 

C’était il y a 69 ans…

הכרזת-המדינה

 

Le vendredi 14 mai 1948, 5 du mois juif de iyar,  David Ben Gourion  arrive au 16 du boulevard Rothschild, dans la maison que Meïr Dizengoff, le premier maire de Tel-Aviv, a fait construire sur un terrain de sable acquis en 1909 lors d’un tirage au sort entre les soixante six fondateurs de la ville.

A 16 h, une heure à peine avant le début du shabbat, huit heures avant l’expiration du Mandat britannique, devant un parterre de trois cent cinquante notables et journalistes, David Ben Gourion tape trois coups de marteau, saisit quatre feuilles dactylographiées  et, debout sous le portrait de Théodore Herzl, lit solennellement  la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël :

Et chaque mot, nous interpelle encore, 69 ans après :

 

« Nous, membres du Conseil national représentant le peuple juif du pays d’Israël […], proclamons la fondation de l’État juif dans le pays d’Israël, qui portera le nom d’État d’Israël. […]« 

L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés […] ; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; […]« Nous tendons la main de l’amitié, de la paix et du bon voisinage à tous les États qui nous entourent et à leurs peuples. […]

« Nous lançons un appel au peuple juif de par le monde à se rallier à nous dans la tâche d’immigration et de mise en valeur, et à nous assister dans le grand combat que nous livrons pour réaliser le rêve poursuivi de génération en génération : la rédemption d’Israël.« Confiants en l’Éternel tout-puissant, nous signons cette déclaration sur le sol de la patrie, dans la ville de Tel-Aviv, en cette séance de l’assemblée provisoire de l’État, tenue la veille du chabbat, 5 iyar 5708, quatorze mai mil neuf cent quarante-huit. »

 

Les trente-sept parlementaires du yichouv juif, membres du Conseil provisoire signent le document. Le Rabbin Fishman-Maimon récite la prière du Shehecheyanou, cette prière de remerciement à la nouveauté et à la continuité.  L’orchestre philarmonique, contraint par manque de place à s’installer à l’étage supérieur de la bâtisse, entonne la Tikva.

Il est 16 h 32. La cérémonie qui a changé le destin du peuple juif a duré trente-deux minutes.

Le 9 Av : le ménage du Messie

A Katamon, la pierre rosée de Jérusalem plaquée sur les vieux murs de plâtre a métamorphosé les taudis où s’entassaient les immigrants du Maroc dans les années cinquante. Au fil des années, le quartier misérable s’est épris de coquetterie. Les cours avenantes des maisonnettes bordent des ruelles soignées et les galetas ont pris des allures de villas-lego. De la petite pièce grisâtre où Simona, démunie de tout, avait débarqué au début de l’hiver 1953,  il ne reste qu’une photo jaunie d’une famille autour d’un poêle. Aujourd’hui, comme des cubes surmontant d’autres cubes, des pièces avec des balcons rajoutés  s’assemblent harmonieusement au dessus d’un patio fleuri où poussent de  la menthe, du romarin et du basilic. A 92 ans,  Simona est une matriarche de poigne. Elle est surtout une conteuse.

Le jour du 9 Av, elle raconte inlassablement la même histoire. Simona veut convaincre. Avec une anecdote, transmise de mère en fille depuis deux siècles, elle cherche à justifier qu’en ce jour de deuil millénaire, elle entreprend les grands ménages.

” Sur les montagnes de l’Atlas marocain, les Juifs attendaient avec impatience le 9 Av. Les sages ne nous enseignent t-ils pas que le Messie viendra à la fin de cette journée de deuil? Vers midi, après avoir récité avec ferveur les Lamentations de Jérémie, la maîtresse de maison, ôtait brusquement ses vêtements de deuil, jetait de l’eau sur les dalles de sa maison, commençait à astiquer lustres et argenterie, disposait ses marmites sur le feu, enfournait de la pâte à pain et fourrait entre les mains de son mari un pinceau pour repeindre les murs qui avaient eu le temps de se salir depuis Pessah. Le Messie arrivera dans quelques heures et il fallait bien se préparer à l’accueillir.

Vers l’an 1780, le Hida ( Le Hida est l’acronymie de Haïm Joseph David Azoulaï, l’une des sommités rabbiniques du XVIIIe siècle) se rendit au Maroc. Dans un sermon acéré, il s’insurgea contre la tradition de ces grands ménages: « Le Temple brûle et vous osez remettre votre maison à neuf ! Pour ce 9 av, vous resterez en deuil jusqu’à la nuit ».

Le lendemain, le Hida s’arrêtant un moment à l’ombre d’un arbre, surprit une conversation entre deux femmes du mellah : « Le grand rabbin nous interdit de faire du ménage. Il doit savoir que le Messie ne viendra pas cette année. A quoi bon les ménages? Quel chagrin! Quelle déception! »

Le Hida, consterné, se rendit sur le champ chez le rabbin et lui demanda d’annoncer à tous les chefs  de famille que leurs épouses pouvaient… « devaient  balayer, laver, blanchir leur maison car le Messie viendra cette nuit-là…»

Simona est fière et radieuse. Ses arrières petites filles rient aux éclats devant les mimiques théâtrales de leur aïeule. “Mes chéries, mes chéries, n’oubliez surtout pas, lorsque vous serez mariées, avec l’aide de Dieu. Il y a le grand ménage de Pessah, le ménage du shabbat, mais le plus important des ménages de l’année, c’est aujourd’hui, ce jour du 9 Av, le ménage du Messie.”

 

 

 

Le syndrome de Pessah

 

 

L’agitation perpétuelle de la société israélienne donne déjà le vertige. A la veille de Pâques, le bouillonnement devient explosif. Le stress est la marque de fabrique de la fête. Comme si chacun, son balluchon sur l’épaule, allait, bel et bien quitter l’Egypte, fuir l’esclavage, traverser la Mer Rouge et entamer sur les pas de Moshé, un voyage de quarante dans le désert, pour arriver en terre promise. Mais vous y êtes, en terre promise! Israël, le pays où coulent le lait et le miel, où Prada et Porche ont pignon sur rue, où la liberté n’a parfois aucune limite, où la prospérité est, pour certains, à portée de main. Non et non! Les Israéliens se croient sur une scène de théâtre. Pendant quelques semaines, ils deviennent acteurs de leur histoire millénaire. En regardant l’affolement et la surexcitation des veilles de Pâques, on croirait lire les versets de l’Exode.

La logique perd ses droits. Si les clichés ne disent en général rien du réel, ce n’est pas le cas de Pâques. Le matériau principal de cette fête est fait d’un mélange de tension, de nervosité, d’angoisse et d’impatience. Chacun carbure pour l’autre. L’air du temps suscite une semi-terreur. Les carnets de rendez vous se figent. Rien! Ne me demandez rien! Mais justement c’est pour Pâques que… ! Rien ! Après Pâques ! Personne ne vous accordera ici un rendez vous, ni le peintre, ni le médecin, ni votre client. Campée sur son comptoir, la caissière tape des chiffres à l’infini. Dans les magasins bondés, il faut pousser des coudes, pour dénicher une belle jupe au prix maxi. Le piéton prend des risques pour se frayer dans les rues bondées. Jusqu’à l’aube, les chariots des supermarchés crissent entre les allées. Les voitures klaxonnent au quart de seconde en se demandant pourquoi le rouge n’a pas encore virer au vert. Même la charité se fait bouillonnante. Comme si les pauvres ne mangeaient qu’à Pâques. Les organisations caritatives placardent des affiches « Mettez dans ce carton une bouteille d’huile, un paquet de sucre et des friandises pour les pauvres» et ramassent de quoi nourrir  une nation pendant des mois. Devant papi et mami fiers et amusés, les adolescents peignent avec énergie les murs. Les balcons et les jardins fleurissent à plaisir. Sur les rives du Jourdain, à la frontière avec le Liban, les bateliers des kibboutz astiquent les kayaks à touristes.

Parés de leurs apparats des grands jours, les rabbins procèdent à la vente du hametz du pays à Mahmoud, l’habitant du village d’Abou Gosh. À Kfar-Habad, les Loubavitch font virevolter les  matzot dans leurs fours à bois.

Tsahal se laisse aussi tenter à ces remous. Adieu Hamass-Jiaad-Hizboulah. La grande opération logistique de la semaine est de rendre les cuisines des bases militaires « casher pour Pâques » explique très sérieusement le chef d’Etat major.

A l’approche de Pâques, la maitresse de maison virevolte de sa cuisine à son armoire avec la frénésie d’une danseuse du ventre. Il s’agit de tout finir à temps. Poussière, rangement, peinture, dégraissage, blanchissage. La forcenée de Pâques ne pense que balai, chiffon et eau de javel. Son regard embrase chaque matin ses armoires en remue-ménage et sa tension monte encore de quelques crans. Le dernier jour, l’excitation, l’affolement et l’horloge qui s’emballe créent des turbulences orageuses. Les risques d’hypertension menacent. Puis progressivement l’affolement s’apaise. La journée avait commencé sous des ruissellements de sueur. Elle s’achève en extase devant la maison astiquée et la ribambelle d’enfants en blanc immaculé. En blanc vaporeux de coton et de soie, la maitresse de maison regarde autour d’elle, presque surprise de la tempête qui s’est fait brise du printemps.

Et si le message était spirituel. Si la surexcitation était pour calmer les exaspérations de l’âme, pour sublimer l’esprit. Fête clef d’Israël, incontournable, passionnelle, parce que remise à zéro. Volupté des débuts, émerveillement de l’aurore, enchantement du nouveau, espoir des départs. Pâques est arrivé.

 

Lag Baomer en Israël

 

 

La photo, Lagbaomer, sur la place du théâtre Habima au début des années cinquante….

 

Un peu d’histoire, avant de vous raconter les feux de camp, les guimauves, les mariages et les images du Lag Baomer. Entre Pessah et Chavouot, Israël et le peuple juif fête le Lag Baomer,  33 ème jour de la supputation de l’Omer. Lag, les deux lettres hébraïques de lamed et de guimel représentent en guématria,  la numération hébraïque, le chiffre de 33.  Le Lag Baomer est aussi  la Hilloula, l’anniversaire de la mort du rabbi Shimon bar Yohaï,  l’auteur présumé de la Cabale, du Zohar qui a vécu au début du IIe siècle de l’ère chrétienne. Selon certains exégètes, la tradition d’allumer des feux de joie le Lag Baomer symboliserait le feu de la Torah, qui sera révélée lors de la fête de Chavouot. D’autres estiment que la pratique   rappelle l’ancestral allumage des feux de camp pour la néoménie. Et pour d’autres, les feux symbolisent la lumière amenée au monde par la Cabale. Le Lag Baomer, est une tradition relativement récente. La date n’est mentionnée ni dans la Bible, ni même dans le Talmud. Et les premiers témoignages sur cette journée de fête datent de la fin du XVè siècle, où des sages de l’époque, habitant Safed, racontent comment ils se rendaient autour de la tombe du Rabbi Shimon Bar Yochaï à Méron pour y allumer des feux de joie.

  •  Du nord au sud d’Israël, depuis plusieurs semaines, des bandes d’enfants empruntent les chariots des supermarchés pour transporter des planches de bois dénichés sur les sites de construction.
  • Un entrepreneur tente vainement de protéger son chantier et explique aux garnements que les poutres servent à construire des maisons et pas à être brûlées dans les feux du Lag Baomer.
  • Le ministre de l’éduction confie à son équipe ses inquiétudes. “Nos enfants allument des feux de joie sans savoir pourquoi.”
  •  Les Verts appellent à abandonner cette tradition trop polluante. La pollution quadruple la nuit du
    Lag Baomer
  • A Méron, devant la sépulture de Rav Shimon bar Yohaï, des femmes allument des bougies sur d’immenses plateaux emplis de sable blanc.
  • Toujours à Méron, en l’honneur de sa première coupe de cheveux, un garçonnet de trois ans goute un gâteau au miel. C’est la cérémonie traditionnelle du “Halaké”. Mais les hassid, savent ils que le mot vient de l’arabe? Halaké, couper, raser en arabe…
  • La nuit du Lag Baomer, une photo prise par un satellite, montre Israël illuminé de milliers de points de lumière — autant de feux de joie.
  • Voile blanc, musique et émotions, dans les salles de fête, c’est la nuit des mariages.
  • Du nord au sud d’Israël, on se régale autour des  feux de joie, de pomme de terres cuites à la braise et de guimauves blanches, grillées à plaisir. Lag Baomer en Israël

Chers abonnés de mon Blog, pour tout vous dire, je n’ai pas eu le temps ces derniers jours d’écrire mais pour ne pas manquer le lag baomer, je remets en ligne un des papiers que j’avais déjà publié.

Les hallot des lendemains de Pessah: les clés du pays d’Israël

 

 

Pour le premier shabbat au lendemain de Pessahce shabbat ci donc, les femmes des communautés hassidiques tressent leurs pains du shabbat, les hallot, en forme de clés.  L’origine de cette tradition remonterait à la nuit des temps.

« Et le lendemain de la Pâque, ce même jour, ils mangèrent du blé du pays, en pains azymes et en grains torréfiés. La manne cessa de tomber le lendemain, parce qu’ils avaient à manger du blé du pays, et les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, mais ils se nourrirent, dès cette année, des produits du pays de Canaan. » (Josué 5,11‑12)

Après quarante ans dans le désert, les Hébreux entrèrent en terre d’Israël et la manne divine cessa de tomber. Alors, Josué pria Dieu de lui confier les clés du pays d’Israël et de donner à son peuple du blé et du pain.

Pour se rappeler la prière de Josué, les hallot du shabbat prennent un contour symbolique.

Finement parfumées, tressées, entrelacées, briochées, saupoudrées de sésame et de graines de pavot, ces miches en forme de clés, annoncent de leur parfum enivrant l’arrivée du shabbat dans les rues de Jérusalem. Elles racontent aussi les aspirations des hébreux d’hier et des Israéliens d’aujourd’hui: trouver les clés de la bénédiction et de la prospérité.

 

Sept images de Pessah, avril 2014

esther bleu jaune

 

L’agitation perpétuelle de la société israélienne donne déjà le vertige. A la veille de Pâques, le bouillonnement devient  explosif. Le stress est la marque de fabrique de la fête. Comme si chacun, son balluchon sur l’épaule, allait, bel et bien quitter l’Egypte, fuir l’esclavage, traverser la Mer Rouge et entamer sur les pas de Moshé, un voyage de quarante dans le désert, pour arriver en terre promise. Mais vous y êtes, en terre promise! Israël, le pays où coulent le lait et le miel, où Prada et Porche ont pignon sur rue, où la liberté n’a parfois aucune limite. Non et non! Les Israéliens se croient sur une scène de théâtre. Pendant quelques jours, ils deviennent acteurs de leur histoire millénaire

Voici donc sept images de Pessah en Israël

  • Enquête de l’Université de Bar Ilan: 90 % des foyers juifs en Israël marquent le seder de Pessah
  • Les carnets de rendez vous se figent. Rien! Ne me demandez rien! Mais justement c’est pour Pâques que… !Rien! Après Pâques! Personne ne vous accordera ici un rendez vous, ni le peintre, ni le médecin, ni votre client.
  • Dans les magasins bondés, il faut pousser des coudes, pour dénicher une belle jupe au prix maxi.
  • Jusqu’à l’aube, les chariots des supermarchés crissent entre les allées et les voitures klaxonnent au quart de seconde en se demandant pourquoi le rouge n’a pas encore virer au vert.
  • Même la charité se fait bouillonnante. Comme si les pauvres ne mangeaient qu’à Pâques. Les organisations caritatives ramassent de quoi nourrir une nation pendant des mois.
  • Dans tout Israël, les balcons et les jardins fleurissent à plaisir
  • Tsahal se laisse aussi tenter à ces remous. Adieu Iran,  Hamass et Hizboulah. La grande opération logistique est de rendre les cuisines des bases militaires « casher pour Pâques » explique très sérieusement le chef d’Etat major.

Hag Sameah à tous les abonnés de mon Blog

Le dessin qui illustre ce papier est de mon amie Esther Derai Galam