Femmes d’Israël

DOSSIER

 FEMMES D’ISRAEL

Le système de blog WordPress sur lequel j’ai créé ce blog, propose deux manières de présenter des articles, des notes référencées en centre page et des papiers, accessibles sur le coté gauche du site. Pour vous permettre un accés au dossier femmes, par les notes, plus pratiques, mieux référenciées, mieux “tagées”, voici donc les liens avec tous les sujets sur le dossier sur les femmes. Un peu compliqué, non. Seulement cliquez, si un sujet vous interesse.

Les femmes en Israël – Introduction

Chiffres

La femme orthodoxe

Aguna

La femme bédouine

A SUIVRE…

La bédouine féministe

Avril 2009

L’Etat d’Israël a remis en question la légalité de pratiques comme l’excision ou la polygamie, mais ces nouvelles normes, souvent imposées ne se sont  pas encore accompagnées d’un changement dans les mentalités.

Victime des traditions ancestrales, de la puissance du patriarcat, victime de la paupérisation engendrée par la sédentarisation et victime d’elle-même, sans outils pour briser les frontières, la condition de la femme bédouine semble être sans issue.

Dans ce contexte, les femmes bédouines qui réussissent à briser le cercle vicieux de l’avilissement de la femme, sont rares et pathétiques.   Certaines mutations sociales liées au processus de sédentarisation commencent pourtant à influencer la condition de la femme bédouine comme  la famille mononucléaire qui prend la place de la tribu, la formation des femmes et les progrès de la médecine.

Juillet 2009

Autre développement, la matrilocalité, comme disent les anthropologues, a tendance à prendre le pas sur la patrilocalité Certaines femmes dérogent aux traditions et au lieu de vivre dans la famille de leur mari, “dressent leur tente ” près de leurs mères et soeurs” 

Failles quasi imperceptibles dans la société patriarcale mais qui permettent à certaines femmes bédouines de se projeter vers un autre devenir.

Septembre 2009

L’indépendance, quelques centaines de bédouines sont en train de l’acquérir dans les Universités israéliennes. A l’Université de Beersheva, j’ai assisté ce matin à une réunion sur l’intégration d’étudiantes bédouines dans des facultés “de prestige”, médecine, pharmacie, psychologie, management. Un programme unique au monde lançé il y a quelques années, permet de propulser des jeunes femmes qui n’ont en général même pas le Bac dans des études de haut niveau. Une mise à jour de deux ans, un travail en profondeur qui associe les parents et souvent les maris. 

Dans dix ans, les quelques centaines de médecins, d’avocates, de managers  bédouines n’accepteront certainement pas de vivre comme leur grand mère.   

 

Le piège de la modernité

Mars 2009

L’échec du processus de sédentarisation, a des effets dramatiques sur le statut de la femme bédouine. L’intégration de la société bédouine à la société israélienne est marginale. Economiquement, la population bédouine est parmi la plus pauvre d’Israël. Les valeurs, les carcans n’ont pas changé.  

Car la sédentarisation s’est faite sans développement réel. L’accès à la modernité ne s’est pas accompagné de changement au sein de la société bédouine, les structures mentales n’ont pas changé. 

A titre d’exemple, l’accès à la médecine moderne au lieu de permettre un contrôle des naissances a entraîné une hausse vertigineuse du taux de natalité. La femme bédouine met au monde en moyenne dix enfants, un des taux de natalité les plus élevés du monde. La population bédouine double tous les dix ans.

La femme bédouine, face à la polygamie, continue à mettre des enfants jusqu’à  40 et parfois 50 ans, pour ne pas être “détrônée”  par la nouvelle femme de son mari. Au lieu de profiter de la médecine pour prendre le contrôle de son corps, la femme bédouine est restée prisonnière des carcans d’antan.

La femme triste

Février 2009

Quelques chiffres et la philosophie de ces chiffres. La révolution n’en est qu’à ses débuts. Pour les filles, la sédentarisation ne s’est pas accompagnée d’un changement fondamental sur le plan de l’éducation. L’enseignement s’est généralisé mais l’accès des filles à l’école reste encore très lent

  •  Chez la population bédouine, 60 % des filles quittent le système scolaire avant le bac
  • Ce taux est de 10 % au sein de la population juive et de 40 % dans le reste du secteur arabe.
  • Au sein de la population bédouine, il y a deux universitaires  pour mille habitants alors que le taux au niveau national est de 80 pour 1000.
  • Il y a moins de 200 étudiants bédouins en doctorat dans les universités dont huit femmes seulement.

  Et encore une étude que l’on vient de me transmettre

 Les chercheurs ont découvert un taux élevé de phénomène de dépression de la femme, qui s’explique par l’incapacité d’être maître de son destin et l’impression qu’elle ne pourra pas changer l’ordre des choses et la précipite dans un état  dépressif qui aggrave encore ses relations avec le clan comme un cercle vicieux. Les phénomènes dépressifs sont d’autant plus courants chez la femme, objet de sévices physiques. La femme bédouine, avec une considération personnelle très érodée est donc aussi menacée par elle même. 

Femme de nomade

 

 

Janvier 2009.

La plupart des femmes bédouines que j’ai rencontrées m’ont expliqué que leur vie se divise en trois cycles. Jusqu’à son mariage, son statut est marginal. Son rôle est d’aider sa mère, de participer aux tâches ménagères et au gardiennage des troupeaux.

Après son mariage, son statut dépend désormais du nombre d’enfants qu’elle met au monde et surtout s’il s’agit de garçons. Une femme qui ne met au monde que des filles est peu respectée au sein de la société bédouine.

Passée l’âge de l’enfantement, le statut de la femme bédouine dépend du nombre de garçons qu’elle a mis au monde. Des garçons  lui permettent d’asseoir son pouvoir, d’avoir sous son autorité ses belles-filles.

La femme dans ses tentes

Le nomadisme a aussi offert à la femme, au delà du carcan patriarcal, un espace naturel de liberté. Ce mode de vie ancestral qui a été celui de  l’humanité depuis la nuit des temps, était au fond un mode de vie très féministe. ” L’horreur du domicile ” dont parlait Baudelaire, la vision biblique très romantique de la femme dans ses tentes, profitant des espaces, du rythme lent des jours pour vivre son monde à elle, dans son for intérieur, jouissant d’une relative liberté, une vie presque volontaire, espiègle, profitant du masque facial pour se réfugier et vivre son monde est  l’autre face de la vie de la femme bédouine séquestrée, respectant les lois islamiques de la Charia et vivant sous l’autorité sans appel de son père, puis de son mari et de sa belle-mère.

La femme, propriété de l’homme

La société bédouine d’aujourd’hui reste dominée par l’homme. Les  structures et tabous ancestraux persistent. Le statut de la femme bédouine a peu changé. Elle reste la propriété de l’homme, continue à dépendre de son bon vouloir, sans identité propre dépendant entièrement de son père puis de son mari. La femme a perdu l’espace désertique, sans accéder à la liberté.

Les hommes continuent à être les gardiens des femmes, les contraignant à l’obéissance, les empêchant de se marier, de se vêtir, de travailler comme elles le souhaitent. Comme avant 1948, la femme bédouine n’a pas le même statut que l’homme, ostensiblement inférieure à l’homme. Pas plus appréciée que les chameaux, dit un vieux proverbe bédouin, les choses n’ont pas fondamentalement changé.  Si la coutume de tuer les filles à la naissance a évidemment disparu, la naissance d’une fille, est toujours accueillie avec réserve. Le statut de la mère se juge au nombre de garçons qu’elle a mis au monde. Une femme qui a mis au monde des filles ne pourra jamais aspirer à être réellement respectée.

40 % des familles bédouines sont polygames

Dans la majorité des mariages, la volonté de la femme ne compte en aucune manière dans le choix de son futur époux, que choisit  son père ou son frère, le mariage est presque un achat, l’épouse  fait partie du patrimoine aux même titre que les autres biens, et comme dans l’Islam, l’homme peut répudier sa femme comme bon lui semble.  Bien qu’interdite la polygamie et fréquente et concerne plus de 40 % des familles.

La polygamie favorise le taux de natalité

La polygamie et la concurrence entre femmes ont comme conséquence une augmentation du taux de natalité, les femmes rivalisant dans le nombre d’enfants mis au monde, seul moyen d’accéder au respect.  Le nombre d’enfants d’une femme d’une famille polygame est 25 % plus élevé que dans une famille monogame.

La ségrégation des sexes, l’allégeance exclusive au chef mâle du foyer, la  préférence pour les garçons à la naissance,  l’excision(certes en très nette régression), les mariages précoces, l’absence de consentement au mariage,  la polygamie, les lois du divorce, l’importance de la dot,  l’obéissance obligée au père d’abord au mari ensuite, la quasi légalité des crimes d’honneur restent donc des réalités de la quotidienneté de la femme bédouine, malgré le côtoiement quotidien avec la modernité.

La femme bédouine

Dans le cadre des recherches  que je mène  sur les femmes d’Israël, j’ai rencontré plusieurs femmes bédouines. Sous des tentes, dans des cafétérias d’université, des femmes voilées et d’autres en jeans. Voici dans ces pages, un regard sur les moments passés avec ces femmes partagées entre la tentation de la modernité et le respect de la tradition.

 

 200.000 Bédouins vivent  aujourd’hui en Israël, 90.000 femmes et 100.000 hommes. 160.000 dans le Néguev, 40.000 en Galilée, au Nord d’Israël. Venus de la péninsule arabique et d’Afrique du Nord, les bédouins vivent dans le Néguev depuis le Ve siècle. Gardien  des  valeurs arabes ancestrales,  fascinant les générations d’hier et d’aujourd’hui, tour à tour poète, contemplatif, guerrier, éleveur, agriculteur,  le bédouin est avant tout nomade, nomade sur ces terres, nomade dans l’âme.”  écrit un des historiens du monde bédouin.

Un nomadisme qui a profondément marqué les relations entre l’homme et la femme. Dans les étendues désertiques, les chaleurs torrides de l’été, le froid glacial des nuits d’hiver, la lutte pour  la terre, l’obligation de vivre en milieu hostile, la tribu ancestrale est le clan protecteur. La femme vaque aux travaux domestiques,  participe au  gardiennage des troupeaux, l’homme pourvoient aux besoins matériels et les enfants commencent à surveiller les troupeaux dès leur plus jeune âge.

Le clan patriarcal, valeur suprême car garanti de survie doit être préservé, les femmes doivent mettre au monde des enfants, la polygamie est donc une bénédiction  et la fidélité à l’homme, au patriarche, au père, à l’époux,  valeur sacrée auquel la femme doit se soumettre sans compromis, au risque même de sa propre vie si le moindre doute existe sur cette fidélité, philosophie qui permet à certains crimes d’être dénommés d’une manière terrible, crimes d’honneur.

La féminité et la sexualité sont l’affaire du clan et non la propriété personnelle de la femme.  D’où les règles de conduite imposées à la femme. Même lorsque la femme est victime de sévices sexuelles elle est considérée comme coupable d’avoir été l’occasion de déranger l’ordre social. Une jeune fille victime de viol ou d’inceste est bannie du clan. Cette tendance à cacher la réalité, au nom du respect du clan, perpétue la violence sexuelle.

Une femme bédouine sur deux est victime de violence. La violence est plus importante chez les bédouins sédentarisés, sans qu’il soit clair si la violence est plus répandue ou si la médiatisation du sujet, plus accessible aux femmes des villes, joue à la hausse des statistiques.

Une vietnamienne à Tsahal

La majorité des Vietnamiens accueillis par Menahem Begin vivent en autarcie. En majorité bouddhistes, en minorité catholiques les Vietnamiens accueillis en Israël à la fin des années 70 restent attachés au culte religieux mais sans fanatisme. Les rites sont respectés mais les lieux de prières rarement fréquentés. Cette petite communauté n’a jamais été organisée. Les réfugiés vietnamiens  n’ont jamais voulu agir comme groupe de pression se suffisant d’une vie en famille pour défendre au sein du cercle familial leur patrimoine culturel.

 

Lydia a fait un autre choix. Mariée à un israélien et mère de trois enfants aux yeux bridés de leur mère et aux cheveux bouclés et clairs de leur père elle estime que son  cheminement a en fait été le meilleur moyen d’intégration.

” Le service militaire et la conversion au judaïsme sont un passage obligé de l’intégration. Nous sommes plusieurs dizaines de familles issues de ces mariages mixtes.  L’alternative, c’est vivre en autarcie. Je n’ai pas voulu vivre dans un ghetto vietnamien en Israël. J’ai du pour cela confronter des conflits familiaux dans cette société vietnamienne traditionnelle où le respect du père reste une valeur suprême.  Mes parents m’ont menacé  de rupture lorsque après trois ans d’armée je leur ai annoncé mon  intention de me marier avec un israélien juif. Lorsque le premier petit enfant est né, ils m’ont de nouveau accepté.

 Lydia explique tout de même que son pays natal restera à jamais le Vietnam. ” Mes enfants ne parlent que l’hébreu, mais lorsqu’ils grandiront je  les amènerais voir le pays de leurs aïeuls.”