Les beignets de Hanoucca

 

En Israël, Hanoucca commence par des parfums.

Au début du mois de décembre, à l’approche de la fête de la Lumière, des effluves d’huile sucrée, de pâte levée, de chocolat fondant et de confiture rouge brûlante envahissent les rues de Jérusalem. Ces parfums vous happent et vous conduisent vers l’une des pâtisseries de la ville. Là, dans d’immenses marmites d’huile bouillante placées à même la rue, baignent des soufganiyot, ces gros beignets ronds de Hanoucca fourrés de confiture, de chocolat ou de sirop d’érable que le marchand saupoudre généreusement de sucre glace avant de vous tendre ces quelques centaines de calories dans un papier blanc.

Depuis quelques années, les beignets se sont fait oeuvres d’art. Véritables sculptures gastronomiques miniatures, beignets spectaculaires, jeux de texture, les beignets se métamorphosent en structure gourmande et ultra design, dans un chavirement de couleurs et d’arabesques, où rivalise le plaisir des yeux et des papilles.

Ce nouvel art culinaire de Hanoucca est même à l’origine de workshop où il faut s’inscrire dès l’été, pour découvrir l’art de créer un beignet art design.

Confiture rouge ou oeuvre d’art, cette gourmandise qui se cuit dans beaucoup, beaucoup, d’huile rappelle le miracle de la petite fiole d’huile qui alluma pendant huit jours les lumières du chandelier du Temple de Jérusalem. Lumière du candélabre, lumière de la résistance des Maccabées.

Pendant une semaine, Hanoucca, les lumières, les toupies, les parfums, les beignets ronds, les beignets colorés disent la fête des sens en Israël.

(Photo PR Roladin)

Le bar à jus de fruits

Stocksnap 6 Daria Nepriakhina

 

A Jérusalem,  en haut de la rue Ben-Yéhouda, deux marchands de jus de fruits, téméraires rivaux, pressent leurs fruits fantastiques et philosophent à qui de mieux pour attirer le client. “Doux pour l’âme et onctueux pour le palais” lance le premier. “Votre verre anti-stress” réplique le second. “La boisson au goût intense du bonheur”…Concurrence oblige, les étals des deux marchands ressemblent à un fantastique verger des fruits du monde ou encore aux pages d’une encyclopédie savante sur l’histoire des fruits. A qui des deux, amènera les espèces les plus exotiques. Virtuoses, les deux marchands connaissent les noms, les saveurs et les propriétés de chaque fruit, leurs vitamines et leurs calories. Pommes, oranges fraises, mandarines, figues rhubarbes, litchi, framboises mûres et aussi des  caramboles, des abacaxis,  des cajus. Il y a aussi, des étranges boulettes jaunâtres, des tuyaux verts et épineux, des minuscules billes rouges. Des girembelles, des corossols et des acérolas tranche le marchand, en regardant du coin de l’œil son rival. Des fruits de toutes les couleurs du monde pour fabriquer des jus juteux, parfumés, délicatement acidulés, sucrés et rafraîchissants. Deux bars à jus de fruits ou le jardin des délices sur quelques mètres carrés.

 

En Israël, on trouve un bar à jus de fruits presque à chaque coin de rue. Bien avant l’invention américaine du smoothie, le jus de fruit était la boisson des premiers immigrants juifs dans la Palestine de l’Empire ottoman. Avec l’arrivée du Coca-Cola, après la guerre des Six jours de 1967, les Israéliens, fiers de faire partie du monde civilisé  délaissèrent les boissons naturelles. Pourtant, les jus à base de produits locaux reviennent à la mode. Les frappés aux fruits mixés, pressés à la demande, très visuels et séduisants, font désormais partie de l’ « errance gustative » qui caractérise les rues d’Israël. On les déguste debout devant le kiosque, mélangés à de la glace pilée, du yaourt, du lait ou du jus d’orange. Chacun peut décider du dosage. Les connaisseurs préfèrent les formules qui font la réputation de l’établissement : les classiques, mangue-passion  ou fraise-banane, la vitaminée à outrance 100 % jus de grenade, ou la revigorante orange-poire-gingembre. À Haïfa, sur les hauteurs du Carmel, un bar propose des jus insolites à base de tofou. À Tel-Aviv, dans les bars branchés, on peut se laisser surprendre par des jus à base de courgettes mixées, de menthe et de cardamome. Sur le campus de l’université de Beer-Chéva, les jus sont servis dans des verres en carton recyclable. Près des zones high-tech, les formules se veulent plus sophistiquées encore — goyave-litchi-myrtille  et graines de quinoa ou pastèque-basilic parsemées de noix et de céréales grillées.

 

Le marchand de jus de fruits du marché de Tibériade dispose en tout et pour tout d’un seul presse-fruits. « Depuis 1910 », annonce fièrement son panonceau. « Les jus fantaisistes, ce n’est pas sérieux ! Ici on ne presse que des oranges: 100 % de vitamines et 100 % d’histoire. Mon arrière-grand-père servait ses jus aux aghas ottomans; mon grand-père, aux officiers britanniques ; mon père, aux hommes du Palmach; et moi, je presse mes oranges pour nos soldats en priant pour la paix.”

 

Photo Stocksnap
Ce texte a été publié dans mon livre “En direct d’Israël, une journaliste raconte”.

Vive Bamba

bmaba

 

Le New England Journal Of Medicine publie cette semaine les résultats d’une étude très attendue sur l’allergie aux arachides.

Israël connait le taux le plus bas d’allergie  aux arachides. Les chercheurs britanniques sont catégoriques. La raison, le célèbre Bamba. Cette confiserie aux cacahuètes, que chaque bébé israélien déguste dès l’âge de quelques mois. Bamba c’est d’ailleurs aussi le premier mot prononcé, souvient bien avant Aba et Ima, Papa et Maman.

Les nourrissons qui ont goûté aux cacahuètes dès leur plus jeune âge ont 81 % de risques en moins de ne pas les tolérer en grandissant écrit le Dr Gideon Lack du King’s College à Londres. Depuis longtemps, les nutritionistes israéliens affirmaient le bienfait du bamba. Aujourd’hui, une enquête officielle le montre. Et c’est toute l’ approche de prévention des allergies alimentaires qui pourrait être révolutionner.

En résumé pour lutter contre l’allergie aux arachides, il faut consommer de l’arachide

 Vive Bamba

Les hallot des lendemains de Pessah: les clés du pays d’Israël

 

 

Pour le premier shabbat au lendemain de Pessahce shabbat ci donc, les femmes des communautés hassidiques tressent leurs pains du shabbat, les hallot, en forme de clés.  L’origine de cette tradition remonterait à la nuit des temps.

« Et le lendemain de la Pâque, ce même jour, ils mangèrent du blé du pays, en pains azymes et en grains torréfiés. La manne cessa de tomber le lendemain, parce qu’ils avaient à manger du blé du pays, et les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, mais ils se nourrirent, dès cette année, des produits du pays de Canaan. » (Josué 5,11‑12)

Après quarante ans dans le désert, les Hébreux entrèrent en terre d’Israël et la manne divine cessa de tomber. Alors, Josué pria Dieu de lui confier les clés du pays d’Israël et de donner à son peuple du blé et du pain.

Pour se rappeler la prière de Josué, les hallot du shabbat prennent un contour symbolique.

Finement parfumées, tressées, entrelacées, briochées, saupoudrées de sésame et de graines de pavot, ces miches en forme de clés, annoncent de leur parfum enivrant l’arrivée du shabbat dans les rues de Jérusalem. Elles racontent aussi les aspirations des hébreux d’hier et des Israéliens d’aujourd’hui: trouver les clés de la bénédiction et de la prospérité.

 

Flocons d’avoine, sésame et fromage de chèvre

 

Lorsque les Israéliens cherchent une recette de cuisine, ils ouvrent Ochel verak ochel. En traduction libre, Des mets et encore des mets.  Vous aurez compris l’esprit du site: la gastronomie israélienne sous toutes ses coutures. Ce célèbre site israélien qui appartient au groupe internet Nana, publie tout ce qu’un cordon bleu (en bleu et blanc…) doit savoir.  Seul problème pour mes amis lecteurs du Blog qui ne lisent pas l’hébreu, le site n’est qu’en hébreu. Mais qu’importe, voici quelques liens qui vous permettront de naviguer à plaisir dans ce site très sympathique.

 

Israël Aharoni cuisine Les recettes filmées du plus célèbre des chefs israéliens

Photoshop sur Instagramm cette page réunit les “œuvres culinaires” des internautes revues et corrigées sur Instagramm

La page du chocolat tous les gâteaux au chocolat et les bonnes adresses ”chocolat” en Israël

Et ma recette préférée de cette semaine. J’ai essayé: des biscuits aux flocons d’avoine, sésame et fromage de chèvre. Savoureux et irrésistible!!!

  • 200 gr de fromage de chèvre coupé en cube
  • 30 gr de parmesan finement râpé
  • 75 gr de beurre coupé en cube
  • 70 gr de farine compléte
  • 50 gr de flocons d’avoine
  • Une demi cuillère à café de paprika
  • Une pincée de sel
  • Un demi verre de graines de sésame grillées
  • Former avec tous les ingrédients sauf le sésame, deux beaux rouleaux
  • Les rouler dans le sésame et recouvrir de papier film
  • Mettre au congélateur pendant une heure
  • Couper des tranches d’un demi-cm
  • Les placer côte à côte sur le plateau
  • Au four 15 – 20 minutes à 180 degrés
  • Se régaler avec olives, olivettes et granité de citron

Israël et le légume start up

 

Le comble du génie c’est de prendre un domaine aussi ancestral que le légume est d’en faire un produit high tech qui rapporte des millions.

J’étais cette semaine au parc des expositions de Tel-Aviv, à AgroMachov, le rendez vous annuel des agronomes israéliens et de la R&D dans le domaine de l’agriculture.   Le clou de l’exposition, des légumes de forme bizarre, de couleur chamarré. Dans les serres-laboratoires du Néguev, de l’Arava ou de la plaine du Sharon, les ingénieurs agronomes inventent des nouveaux fruits et légumes pour vendre ensuite l’idée et les graines à prix d’or. Comme la nouvelle mini-pastèque toupie, photographiée dans le panier. Les entreprises chinoises envoient leurs délégués. Un “espionnage industriel” qui n’émeut guère les inventeurs israéliens. ” Ils peuvent photographier mais ne découvriront pas avec leurs clichés le secret du goût sucré, oncteux, unique de nos fruits et légumes.” explique un ingénieur. Et pour revenir au coté start-up, selon le ”The Marker”, les nouveaux fruits et légumes représentent à l’exportation un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions de dollars.

Waze n’a pas l’exclusivité du génie israélien…

 

 

Le café emblématique de Jérusalem

 

Pour le Jour de Jérusalem fêté cette semaine en Israël, je vous emmène vers un des lieux mythiques et emblématiques de Jérusalem, qui vient de fermer ses portes, le café Ta’amon. A l’âge de 86 ans, Mordechai Kop, a décidé que le temps était venu de prendre sa retraite et vend son café créé dans les années 50, lorsque le coeur de la vie politique israélienne se déroulait, juste en face, au coin des rues Hillel et King Georges. Là en effet siégeait la Knesset.

Célèbre en voici les raisons

  • Le tout Jérusalem s’y pressait pour des discussions passionnées
  • Le café était le lieu de rencontre tant de l’élite ashkénaze que des panthères noires de Charlie Bitton
  • Et de la bohème israélienne des années 60 et 70, Dan Benamoutz en tête
  • On y voyait chaque jour, des écrivains, cinéastes, journalistes, peintres, hommes politiques se cotoyer, se raconter leur vie, échanger des informations, des photos et refaire le monde, comme le facebook version grand-papa
  • Parmi les clients réguliers et célèbres Golda Meir, Moshé Dayan et Yéhuda Amihai
  • Les étudiants de l’école d’art de Betzalel, situait à quelques minutes prenaient là, leur café
  • Le café était petit, bondé, le mobilier rudimentaire et l’atmosphère électrique
  • Le patron portait kippa et ses clients les plus fidèles étaient des gauchistes invétérés
  • Kop raconte qu’une année, c’est dans son café que la commission des finances de la Knesset a entériné le budget de l’Etat
  • La direction du café était peu exigeante, faisait crédit à plaisir, les clients  payaient difficilement et le propriétaire a gardé encore le carnet des dûs de ces clients les plus célèbres.
  • Ta’amon, le lieu incontournable de la Jérusalem des années 60.

 

L’oreille d’Aman

 

 A quelques jours de Pourim, Koby Hakak, le Pdg de Roladin, la plus grande chaîne de pâtisseries en Israël a réunit une conférence de presse  – salle comble évidemment – pour présenter sa  collection 2010.   

Les Oreilles d’Aman, ces gâteaux  traditionnels de Pourim font peau neuve.                  Le pavot out, la crème pâtissière  in. Pendant des années, les oreilles d’Aman étaient des biscuits à la patte un peu grossière fourrées de pavot mélangé à du sucre. Les oreilles d’Aman 2010 sont des biscuits délicats, finement sablés fourrés de crème pâtissière, de confiture de marron, de chocolat à l’orange amer ou encore de mousse de café.

Hakak a donné des chiffres. Les Israéliens achèteront  pendant cette semaine de Pourim, 25 millions d’Oreilles d’Aman et fabriqueront à la maison, quelques 30 millions de ces biscuits. En moyenne chaque biscuit représente 150 à 300 calories. 30 % sont fourrés de pavot. 70 % de crème, confiture, de plus en plus sophistiquées chaque année.

Et un mot d’histoire. Ces  gâteaux, le pavot, leur forme triangulaire sont apparemment originaires des communautés ashkénazes  et notamment d’Allemagne. Le jour de Pourim, les Juifs voulaient  en croquant ces  gâteaux  en forme de papillotes, dire qu’Aman,  l’ennemi du peuple juif était vaincu. 

Selon certains chercheurs ces  gâteaux  apparaissent au 15è siécle dans le monde sépharade. Ben Yehuda dans son dictionnaire  affirme qu’Abarbanel, ce commentateur biblique  du 15è siècle ( Espagne – Portugal) faisait déjà référence à ces biscuits en décrivant les traditions de la journée de Pourim.

Dès les années 30, le jour de Pourim, les premières pâtisseries du yishouv juif vendaient les hamantaschen ( oreilles d’Aman en allemand), les Mohntaschles ( poches de pavot en allemand) ou encore les hamantash (poches – papillotes d’Aman en yiddish).  Depuis l’Oreille d’Aman est devenu le biscuit de Pourim.