L’aéroport de Haïfa, Joseph Kessel et 17 monomoteurs

C’était le 15 mai 1948. Le jour de la déclaration de la création de l’Etat d’Israël, Joseph Kessel se posait avec son avion sur l’aéroport de Haïfa et recevait le premier visa du tout nouvel État et le tampon arborait le chiffre Visa numéro un. L’aviateur et grand reporter venait alors couvrir la création de l’Etat hébreu pour son journal, France-Soir.

65 ans plus tard, ce sont 45 aviateurs français et belges qui se posent sur le même aéroport avec leur 17 monomoteurs. Ce rallye aérien (4 – 12 juin),  baptisé voyage pour la paix, initié par Roby Spiegel, un des leaders de la communauté juive de Belgique et par l’Association Aéro-France, amène en Israël, 45 pilotes, 3 environ par monomoteurs, tous membres d’aéroclubs français, certains hommes d’affaires européens connus. Symboliquement, les avions feront le trajet Haïfa – Massada, lieu emblématique de l’histoire juive. Leur devise est celle des Trois mousquetaires et au fond aussi la devise millénaire du peuple juif: « Un pour tous , tous pour un » et une autre de leur devise aussi très israélienne, « promouvoir, amplifier, rapprocher, renforcer.  Ils ont déjà été un peu partout dans le monde, en Espagne, Italie, Maroc, Sénégal, Pays Baltes, Tunisie, Libye,Grèce, Liban et maintenant donc en Israël.

 

Les cent Juifs les plus influents du monde

Le journal israélien – Makor Rishon – ( tendance religieuse sioniste – orthodoxe libérale) a publié ce weekend, un supplément de quelques 150 pages, en édition de luxe bleu et argent pour présenter les cent Juifs les plus influents du monde et aussi une ”liste de la honte”. “La mode des classements” interpelle de plus en plus le monde juif. Le magazine juif américain The Algemeiner, avait lui aussi publié sa propre liste, il y a quelques semaines.

Dans la liste générale, Mark  Zuckerberg, le fondateur de Facebook est classé par le journal israélien comme la personnalité juive la plus influente au monde. On trouve ensuite Benjamin Netanyou (2), Shimon Pérès (3), Henry Kissinger (9), Steven Spielberg (11), Elie Wiezel (6), Woody Allen (12), l’économiste Stanley Fisher (26), le Rabbin Ovadia Yossef(45), l’écrivain David Grossman(36), les chanteurs Paul Simon (42), Leonard Cohen ( 31), Bob Dylan( 31), Barbara Streisand (46), l’ancien ministre de la défense Ehud Barak (47), l’écrivain Philippe Roth (26) et aussi le Rabbin Adi Steinstalz(49)

Le journal publie aussi cinq listes de chacune dix noms dans les domaines de la Science, avec les Prix Nobel de ces dernières années, du Droit avec  notamment les grands juristes israéliens comme les anciens présidents de la Cour Suprême, Aaron Barak et Dorit Benish, de l’art et de l’écriture, Dustin Hoffman, Amos Oz, de l’altruisme et de la contribution à un monde meilleur. Il s’avère qu’il y a plusieurs Juifs à la tête d’organisations importantes comme l’Unicef, avec son président Anthony Lake ou encore  Robert Bernstein, le fondateur d’Human Right Watch et une dernière liste des Juifs célèbres dans le sport.

Les Juifs Français

Deux noms seulement de personnalités françaises dans ces listes. Dans la liste des 50, Bernard Henry-Levy ( 31) et dans la le domaine de l’art Claude Lanzman.

Et juste rappeler que le “The Algemeiner” avait lui choisit sur sa liste quatre français, le Président sortant du Crif, Richard Prasquier, Philippe Karsenty, qui méne une lutte juridique et politique contre Charles Enderlin dans l’affaire Mohammed al-Durah,[le père Desbois et aussi BHL.

Hors liste

Mis à part la liste, le journal consacre un article aux dirigeants français d’origine juive en expliquant qu’aucun d’entre eux – contrairement aux leaders américains – n’a mis en avant son identité juive, comme Laurent Fabius, Pierre Mendès France, René Joël Simon Mayer et Michel Debré dont le grand père rabbin s’était convertit au christianisme explique le journal.

La liste de la honte

Deux français sur les quatre noms choisis dans la liste de la honte, DSK et l’ancien grand rabbin de France Gilles  Bernheim. Les deux autres noms de cette liste peu sympathique: Bernard Madoff et Anthony Weiner.

Et mon avis

J’ai choisi de vous raconter l’existence de cette liste, car elle existe. Ensuite parce qu’elle  a été réalisée par un grand journal israélien, qui a mobilisé pendant six mois une équipe de près de dix journalistes. Et de plus, le journal annonce son intention de publier régulièrement ce classement.

Et mes réserves. D’abord parce que le regard est subjectif, les auteurs connaissent très bien la scène anglo-saxone, bien moins le monde juif européen et francophone et encore moins le monde juif d’Amérique du Sud ou des pays arabes. Par ailleurs, doit-on ou non classer les Juifs sur une liste? Et autre question. Ce type de classement ne risque-t-il pas d’être exploité d’une manière subversive?

French excellence en bleu et blanc

 

French connection en Israël? Ou plus exactement French excellence en bleu et blanc. Les faits sont là. On trouve de plus en plus d’Israéliens d’origine française dans les rouages de la société israélienne. De la médecine à la pâtisserie, en passant par la communication et la high tech. Voici une liste – non exhaustive – de ces français et de leurs enfants… qui font aussi Israël. Et une réflexion. Les Israéliens d’origine française, sont moins présents, dans la politique et dans l’armée. Là il y a des réseaux que les nouveaux immigrants francophones n’ont pas encore réussi à pénétrer.

Et je commence par les amis anonymes, fonction oblige.

  • Un de nos amis, immigré de France dans les années 80, qui habite le même village que nous au coeur d’Israël est à l’origine du succès des drones d’Israël
  • Un autre ami  est un des ingénieurs à la tête d’un des départements les plus secrets des Industries Aéronautiques Israéliennes
  • Un des principaux ingénieurs de l’équipe qui travaille sur le programme du Dôme de fer habite Ashkelon et a immigré en Israël avec sa famille il y a quelques années à peine.
  • Nimrod Bar-Zvi, le fils de Michaël Bar-Zvi, lui-même professeur de philosophie, immigré en Israël dans les années 70, fait parti de la direction de Teva, fleuron de la pharmacologie israélienne
  • Le professeur Bernard Belhassen dirige le prestigieux département de cardiologie de l’hôpital Ichilov, le Tel-Aviv Sourasky Medical Center
  • Le professeur Henri Atlan, né en Algérie, écrivain, philosophe, médecin, a dirigé pendant plusieurs années le département de biophysique et de médecine nucléaire de l’hôpital Hadassah de Jérusalem.
  • Le Professeur Michel Revel né à Strasbourg, scientifique de renommée mondiale de l’Institut Weizman, a été le lauréat du prix Israël de médecine pour l’année 1999 
  • Son fils, le professeur Ariel Revel, dirige l’unité de fertilité et d ‘obstétrique de l’hôpital Hadassah Ein Kerem de Jérusalem
  • Et d’ailleurs, le centre hospitalier d’Hadassah Ein Kerem est un fief de gros calibres de la médecine israélienne d’origine française. Une trentaine des professeurs et médecins les plus importants de l’hôpital sont français. Quelques exemples, le Professeur Marc Wigoda qui dirige le département de Radiothérapie, le Professeur Roland Chisin en Médecine Nucléaire, le Dr. Carole  Pithortz, spécialiste de la chirurgie de la main. L’ancien directeur général d’Hadassah, le Professeur Jacques Michel  lui aussi est d’origine française.
  • Michaël Golan, né à Paris en 1978 a fondé et dirige Golan Communications, le nouvel opérateur mobile israélien qui a réussi à faire “casser” les prix de la communication mobile
  • Patrick Drahi, principal actionnaire de Numericable en France, contrôle Hot, l’opérateur de télécommunications et du câble et vient de fonder I24 news, une nouvelle chaîne de télévision israélienne en trois langues qui veut  changer l’image d’Israël dans le monde.
  • La chaîne des hôtels Dan compte trois chefs d’origine française
  • Dans la gastronomie israélienne, la pâtisserie française a détrônné les strudels de Pologne
  • Les fromagers venus de France – grâce à des initiatives d’immigrants originaires de France, qui ouvrent des fromageries, les Israéliens découvrent ce qu’est le fromage.
  • La winery Carmel, qui regoupe les grands vignobles de Rishon LeZion et de Zichron Ya’acov emploie des experts d’origine française.
  • Le professeur Jean-Bernard-Yéhouda Moraly, a dirigé le département du théâtre de l’Université de Jérusalem et a joué un rôle central dans le renouveau du théâtre juif.
  • Le Rav Aviner, né à Lyon est un des rabbins les plus populaires auprès des jeunes israéliens religieux et non religieux. Il publie dans les grands médias et répond à des centaines de questions pas SMS chaque semaine, sans oublier son rôle célèbre dans le Mossad.
  • Dan Catarivas est un des hommes-clés du Patronat israélien
  • Nicolas Rozenbaum est le rédacteur en chef du très puissant journal du matin de Reshet Beth, la radio nationale israélienne
  • Claude Klein a été l’ancien doyen de la faculté de Droit à l’Université Hébraïque de  Jérusalem
  • Rivka Kahat, la fille de Myriam et Prosper Abitbol, originaire de Grenoble, directrice marketing de P&G en Israël a été classée par le quotidien The Marker, comme un des vingt jeunes leaders de l’économie israélienne de demain.

 

Le café emblématique de Jérusalem

 

Pour le Jour de Jérusalem fêté cette semaine en Israël, je vous emmène vers un des lieux mythiques et emblématiques de Jérusalem, qui vient de fermer ses portes, le café Ta’amon. A l’âge de 86 ans, Mordechai Kop, a décidé que le temps était venu de prendre sa retraite et vend son café créé dans les années 50, lorsque le coeur de la vie politique israélienne se déroulait, juste en face, au coin des rues Hillel et King Georges. Là en effet siégeait la Knesset.

Célèbre en voici les raisons

  • Le tout Jérusalem s’y pressait pour des discussions passionnées
  • Le café était le lieu de rencontre tant de l’élite ashkénaze que des panthères noires de Charlie Bitton
  • Et de la bohème israélienne des années 60 et 70, Dan Benamoutz en tête
  • On y voyait chaque jour, des écrivains, cinéastes, journalistes, peintres, hommes politiques se cotoyer, se raconter leur vie, échanger des informations, des photos et refaire le monde, comme le facebook version grand-papa
  • Parmi les clients réguliers et célèbres Golda Meir, Moshé Dayan et Yéhuda Amihai
  • Les étudiants de l’école d’art de Betzalel, situait à quelques minutes prenaient là, leur café
  • Le café était petit, bondé, le mobilier rudimentaire et l’atmosphère électrique
  • Le patron portait kippa et ses clients les plus fidèles étaient des gauchistes invétérés
  • Kop raconte qu’une année, c’est dans son café que la commission des finances de la Knesset a entériné le budget de l’Etat
  • La direction du café était peu exigeante, faisait crédit à plaisir, les clients  payaient difficilement et le propriétaire a gardé encore le carnet des dûs de ces clients les plus célèbres.
  • Ta’amon, le lieu incontournable de la Jérusalem des années 60.

 

Tout ce que vous auriez aimé savoir sur Naftali Bennett

 

Que l’on soit à gauche ou à droite de l’échiquier politique israélien, que le nouveau ministre israélien de l’industrie et  numéro un du ”Bait Hayeudi”, le Foyer Juif, suscite l’admiration, l’appréhension ou la colère, chacun s’entend pour qualifier l’arrivée de Bennett sur la scène politique israélienne avec celle de Yair Lapid,  comme un des phénomènes majeurs des législatives 2013. Jouissant d’ancrages profonds dans la société israélienne, incarnant  les aspirations  de beaucoup de jeunes  –  le retour aux sources juives, un judaïsme modéré et conciliant, un dialogue entre religieux et laïcs, une méfiance combattive face aux Palestiniens –  le jeune homme timide de Haïfa, devient un des hommes forts du 33è gouvernement d’Israël.  Voici donc résumé quelques données ” que vous auriez aimé savoir ” sur Bennet.

Naftali Bennett est né le 25 mars 1972 à Haïfa.

Ses parents

Bennet est le cadet d’une famille de trois enfants. Asher, homme d’affaire installé en Grande Bretagne et Dan, expert-comptable dans une grande société israélienne. Ses grands-parents maternels et paternels d’origine polonaise et allemande ont immigré aux Etats Unis avant la deuxième Guerre mondiale, et une partie de la famille restée en Europe a péri dans la Shoah.

Immigré des Etats-Unis, de San Francisco, en 1968, ses parents se sont installés à Haïfa. Après plusieurs misions aux Etats-Unis et au Canada, son père a fait fortune en achetant et revendant des terrains immobiliers. Sa mère était secrétaire de l’association des immigrants d’Amérique du nord.

Ses parents habitent aujourd’hui une villa spacieuse dans l’élégant quartier de la rue Freud de Haïfa

A l’origine laïque, la famille s’est progressivement rapproché de la tradition et les enfants Bennett dans une école religieuse ouverte de Haïfa où garçons et filles étudiaient côte à côte, contrairement à la majorité des écoles religieuses en Israël.

La famille de Bennet a toujours voté à droite, Thria; un ancien parti situé à droit du Likoud, la bourgeoisie immigrée des Etats-Unis, très sioniste et nationaliste, très intellectuelle, avec une bibliothèque immense, qui occupe le centre de la maison familiale. ” Les lettre de Yoni Netanyaou, le célébre livre du frère de Benjamin Netanyaou était son livre de chevet.”

L’adolescence

Bennett était membre très actif dans le mouvement de jeunes religieux, Bné Akiva.

Tsahal

Naftalie Bennet doit une partie non négligeable de son image de marque auprès de la jeunesse à son service dans , une des unités d’élite de l’armée israélienne

L’argent et la high tech

Bennet doit aussi son ancrage au sein de la jeunesse israélienne à son passé de génie de la high tech. Il avait en effet réussi un exit spectaculaire en vendant pour 145 millions de dollars à  à des investisseurs américains, Cyotta, une start up créée avec quatre copains – dans un jardin public de Jérusalem !! – et spécialisée dans la lutte anti-fraude sur le Web . Selon les rumeurs, Bennett aurait personnellement gagné quelques 4 à 5 millions de dollars de cette affaire.

La direction du Conseil de la Judée et Samarie

En janvier 2010, Bennett a été nommé directeur du Conseil de la Judée et Samarie. Selon l’équipe dirigeante du Conseil, des conflits politiques ont très vite éclatés entre Bennett et la direction du Conseil. Bennett parlait marketing, high tech, voulait lancer un modèle de modernisation du concept des implantations et s’opposait aux ”durs”. Ce décalage idéologique d’alors permet de comprendre aujourd’hui les critiques contre Bennet dans les milieux de la droite.

Ses opinions politiques

  • Si l’on en croit ses déclarations à la presse, Bennet veut garder sous le contrôle d’Israël presque 90 % du territoire de la Cisjordanie
  • Après l’assassinat d’Itshak Rabin, il a ôté quelques mois sa kippa
  • Sur l’évacuation d’une implantation, Bennett a déclaré dans un entretien télévisé qu’il ne pourrait pas exécuter un tel ordre, avant de revenir sur ces appels à la désobéissance et de rectifier le tir en déclarant “un soldat doit obéir aux ordres.”
  • Il a toujours parlé de la nécessité de lutter contre les monopoles, contre la cherté de la vie. Aujourd’hui ministre, prouvera t-il sa capacité à réaliser ce programme .

Sarah Netanyaou

Les relations houleuses entre Sarah Netanyaou et Naftali Bennett ne sont un secret pour personne, et ce bien avant le début de la carrière politique de l’ancien collaborateur de Benjamin Netanyaou. Selon les cancans politiques, Bennett aurait été limogé du bureau du Premier ministre en raison de ses accrochages répétés avec Sarah. Bennett qui contrôlait alors l’emploi du temps de Netanyaou n’aurait pas pris en compte les désiratas de son épouse. Vrai ou faux? Compliqué de connaître la vérité. Mais Bennett lui même a prononcé une petite phrase pendant la campagne électorale. ” Moi et Sarah, nous étions ensemble dans un cours de la terreur…” Récemment les relations houleuses se seraient faites amicales, poste ministériel oblige…

Sa femme et ses enfants

  • Bennet a quatre enfants, deux garçons et deux filles. Le dernier a quelques mois, l’ainé,   huit ans
  • Le nom de l’aîné, Yoni lui a été inspiré par Yoni-Yonathan Netanyaou, frère de Benjamin Netanyaou, tué lors de l’opération d’Entebbe.
  • Il a rencontré sa femme Guila, de cinq ans sa cadette de moins  l’armée, alors qu’il effectuait une période de réserve et donnait des conférences devant les soldats.
  • Dans une interview à la deuxième chaine de la  télévision israélienne, Guila  s’est insurgé des potins, cuisine non cacher, et shabbat peu orthodoxe. Originaire d’une famille laïque, elle est progressivement devenue religieuse; “religieuse moderne, light” précise t-elle.
  • Elle aime la cuisine, gourmet, a même créé une usine de glace ”sans lait”, fermée rapidement par manque de rentabilité
  • Mais les desserts, et les mets gourmets sont sa spécialité et reste sa passion
  • En attendant, elle étudie  actuellement dans l’Institut Adler, spécialisée dans l’éducation informelle des parents.

Ses déclarations  célèbres

  • ” Mr Tibi,” s’adressant au chef de file du principal parti arabe israélien, “vous devez comprendre une bonne fois pour toutes, ces terres de la Judée et Samarie là sont à nous. A nous. A nous et à nous seulement.”
  • Un journaliste lui pose une question qu’il n’apprécie pas”Je ne répondrais pas à cette question”. Le journaliste insiste ” Yedidi, mon ami, je ne répondrais pas à cette question”
  • Quel est l’israélien par excellence, la réponse de Bennet ”Yair Lapid”  ( Makor Rishon le 15 mars 2013)
  • Ou aurait il vécu mis à part Israël ” Uniquement en Israël”
  • Que ferait il de 24 heures de liberté ” J’irais face à la mer avec plein de livres”
  • Quel est le moment le plus agréable de la semaine ” Le vendredi après midi, lorsque le stress de la semaine s’éloigne et laisse place à la sérénité du shabbat”.

Et pour bientôt chers amis, si je trouve quelques heures de liberté dans l’emploi du temps pré Pessah…. Tout ce que vous auriez aimé savoir sur Yair Lapid

Yaffa Yarkoni a tiré sa dernière révérence

L’icône de la chanson israélienne n’aimait pas le surnom qui lui avait été donné, “la chanteuse des guerres”. Si c’est pour raconter que j’ai chanté au milieu des champs de bataille, côte à côte avec nos soldats, que je me précipitais sur le téléphone pour transmettre des messages à leurs parents (c’était bien avant le temps des Iphone et des Ipad, c’est moi qui commente évidemment), que je me rendais dans les hôpitaux lorsque l’un d’entre eux avait été blessé, je veux bien que l’on m’appelle ainsi, mais je n’aime pas la guerre, je veux la paix. Quelques années plus tard,  ”la chanteuse des guerres”  créait  le scandale , en critiquant avec virulence, “l’attitude des soldats” lors d’une des grandes opérations de Tsahal. Mais ces prises de positions politiques, avaient été vite oubliées, vite pardonnées. Comment aurait il pu en être autrement, pour celle qui sans peur et avec affront, chantait Babel Oued sous le feu de l’armée égyptienne en 1967, chantait main dans la main avec les soldats de Givati en 1948, et avec les petits enfants de ces soldats eux mêmes devenus soldats dans la Guerre du Liban de 1981.

En m’offrant Babel Oued, avait elle raconté, Haim Gouri, ( qui avait écrit les paroles de ce grand poème sur la porte d’entrée vers Jérusalem, aujourd’hui en hébreu, Shaar Hagay pour raconter la guerre d’Indépendance)  a fait de moi la chanteuse d’Israël.

Yaffa Yarkoni s’est éteinte ce lundi 1 janvier 2012, à l’âge de 86 ans. Depuis quelques trois ans, elle souffrait de la maladie d’Alzheimer. Dans une maison, entourée d’autres malades, la grande dame de la chanson israélienne, ne chantait plus, les mélodies aussi avaient échappé à sa mémoire et seulement parfois, le regard dans le vague elle tapotait de son doigt sur la table, sans que personne ne sache si ce mouvement anodin de la main était le  fil conducteur vers les musiques et la voix somptueuse de la chanteuse adulée 1. Tragédie d’une maladie encore sans espoir de guérison.

J’ai choisi deux moments de cette  grande carrière.  Les débuts et la fin. Deux moments de l’histoire d’Israël pleins de force, de tendresse aussi.

Yaffa Yarkoni dans un de ces premiers concerts en France en 1967

 Yaffa Yarkoni en 2002, dans un moment intimiste, une des ces dernières apparitions publiques enregistrant une nouvelle version d’un de ces grands succès, Kol hayonim 

1 Selon le témoignage de sa fille, raconté il y a quelques mois.

Nimrodi, trafiquant d’armes et magnat de la presse

Si vous vous rendez à Savion, cette petite ville où le m2 est le plus cher d’Israël, la plus belle maison  appartient à Yaacov et Rivka Nimrodi. A quelques minutes de là, une autre bâtisse somptueuse, celle de l’ennemi numéro un de Nimrodi, Noni Moses, le patron du Yedihot, premier groupe de presse du pays et concurrent du Maariv, le journal de Nimrodi.

Selon une indiscrétion d’une amie décoratrice, qui travaille pour les deux magnats de la presse, les Nimrodi et les Moses prennent soin avant de fixer la date d’une soirée mondaine de vérifier que l’autre famille n’a pas arrêté la même date, beaucoup d’invités étant communs, bien que les deux familles ne se parlent à peine.

Non, je ne vais pas seulement vous raconter des potins sur Nimrodi, mais la confidence de mon amie, m’a rappeler qu’il était un des personnages les plus particuliers, les plus attachants d’Israël. 

Agé aujourd’hui de 83,  Yaacov Nimrodi, ans est né en Irak en 1926, dans une famille juive de Badgad. Il a tout juste deux semaines, lorsque ses parents immigrent avec leurs dix enfants en Israël.  Orphelin à l’âge de 14 ans, Nimrodi fait sa première affaire un an plus tard. Avec deux amis – Moshé Sasson et Ytshal Navon, le futur président de l’Etat – il achète au Mufti de Jérusalem,  un entrepôt d’armes qu’il revend ensuite à la Haganah.

Le ton est donné.  Nimrodi, s’engage dans les rangs de la Haganah, puis à Tsahal, après la création de l’Etat. Utilisant sa connaissance parfaite de l’arabe. Nimrodi participe avec succès à des opérations secrétes dans les rangs de l’ennemi et dirige des opérations d’immigration des  communautés juives d’Iran et d’Irak. Ami d’Ariel Sharon et d’autres officiers, qui deviendront dirigeants politiques ou grands patrons, Nimrodi fait donc la guerre en étoffant sérieusement son carnet d’adresse. Au temps du Chah, il est attaché militaire d’Israël à Téhéran et fais ses premiers pas dans le club fermé de l’aristocratie des marchands de canon en décrochant pour les industries israéliennes des contrats de milliards de dollars.

En 1967, Nimrodi  quitte l’armée israélienne et devient en quelques années milliardaire. Il vend des armes, cette fois pour son propre compte.  Il achéte aussi des  systèmes d’irrigation qu’il revend à prix d’or à travers le monde.  Dans les années 80, à la recherche d’une légitimité il investit dans des compagnies d’investissements, d’assurances, de tourisme et de construction.

Le tournant se produit en 1992, avec l’acquisition du deuxième quotidien du pays, le Maariv, qui appartenait alors au magnat de la presse, le britannique Robert Maxwell dont l’empire était en faillite.

Nouvel acteur dans le monde des communications, les accrochages avec les autres groupes se multiplient. A la fin de l’année 90, son fils Ofer Nimrodi est inculpé et condamné à plusieurs mois de prison dans une affaire d’écoutes téléphoniques contre la direction du Yedihot. Aujourd’hui, malgré la crise, la famille Nimrodi reste membre du clan réservé des 100 familles les plus riches d’Israël, avec une fortune personnelle de de 150 – 200 millions d’euros.

Revenons aux potins,  Nimrodi père n’apparait que très peu dans les réceptions de Tel Aviv. Par contre, son fils Ofer, qui dirige aujourd’hui le groupe, fait partie de toutes les fêtes.

 

L’empire de la famille Ofer

 

 ” Une cinquantaine de grandes familles dirigent le pays, c’est bien là notre drame ” m’explique une Pdg issue d’une de ses familles et qui a choisi de rompre l’alliance familiale pour se lancer dans une propre aventure de création d’un journal aujourd’hui leader dans le domaine du loisir et de la télévision.

Beaucoup d’encre a déjà coulé sur l’élitisme de la  société israélienne. Les rouages de l’économie, de l’industrie et de la presse sont contrôlés par quelques grandes familles, la plupart implantées en Palestine britannique, avant la création de l’Etat d’Israël.

couverture du Globes sur la famille Ofer

La famille Ofer est une de ses familles. Sur la promenade des bords de mer d’Herzliya, les bureaux  des  ” Frères Ofer  ” surplombent la plage. Dans les salons , des tableaux  d’art, échantillon de la Collection Ofer, une des plus importantes collections privées en Israël de tableaux d’art moderne  dont la  valeur est estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Les frères Sami ( 80 ans )  et Yuli ( 78 ans ) Ofer ont une fortune personnelle évaluée à près de deux millards de dollars et le groupe contrôle des biens et sociétés à travers le monde évalués à plus de 15 milliards de dollars.

Deuxième famille d’Israël après la famille Arisson, les Ofer doivent leur fortune à Yossef Herzkovitch, le fondateur de la dynastie. Sioniste, immigré de Roumanie en 1924 avec sa femme qui venait d’accoucher de leur troisième fils, Herzkovitch repére les besoins de la Palestine d’alors, du nouveau yishouv juif, de l’intérêt grandissant des grandes puissances et devient un des principaux armateurs de l’Etat d’Israël en marche, représentant des grandes compagnies maritimes internationales, fournisseur du nouveau port de Haifa.

En 1950, la famille achéte son premier bateau de transport, le premier de la  flotte Ofer. Présent principalement sur le marché local jusqu’à la fin des années 60, les frères Ofer exploitent les opportunités économiques des lendemains de la guerre de 67 et se lancent dans des acquisitions en Europe d’abord, aux Etats Unis et en Asie ensuite. L’ empire prend désormais forme.

 

 Cette puissance à l’échelle planétaire, la famille décide de l’investir  en Israël. Armateurs, banquiers et industriels, les  Ofer contrôle près d’une vingtaine de firmes, parmi les plus influentes du pays et notamment,  les Industries de phosphate et de minéraux de la Mer morte et la société de navigation israélienne Zim. L’empire semble depuis quelques mois rencontrer certaines difficultés en raison de la crise. Mais les analystes continuent à miser sur la solidité du groupe, en raison d’un cash flow disponible fortement positif et  d’un chiffre d’affaires supérieur à 15-20 milliards de dollars.

Yuli et Sami  Ofer préparent aussi la passation du pouvoir à la jeune génération. Leurs enfants occupent des postes clés. Eyal, Liora, Doron et  Idan Ofer agés de 40-50 ans sont des noms à retenir pour comprendre l’économie israélienne de demain.